samedi, mai 18, 2024
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Sénégal : Macky Sall s’en va, mais les rideaux restent ouverts sur les problèmes

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Ce mardi 2 avril 2024, Macky Sall, quatrième président sénégalais, ferme portes et fenêtres de son gouvernail. Il quitte officiellement le bateau que va désormais conduire Bassirou Diomaye Faye, président de la rupture.

La passation de pouvoir annoncée, après douze années de gouvernance sous le régime de Macky Sall, témoigne d’un moment pivot dans l’histoire de la nation sénégalaise. Cette transition, de prime abord empreinte de solennité, suscite une réflexion profonde quant à l’héritage laissé par l’administration sortante.

Durant ces douze années, le Sénégal a connu des hauts et des bas sous la direction de Macky Sall. Si certains progrès ont été réalisés dans certains domaines, tels que les infrastructures ou le développement économique, il est indéniable que de nombreux défis persistent et ont même parfois été exacerbés.

Cette transition marque donc un moment de bilan crucial pour le pays. Il est temps d’évaluer de manière critique les réalisations et les échecs du gouvernement sortant, ainsi que les conséquences de ses politiques sur la vie des citoyens. C’est également l’occasion de réfléchir aux leçons à tirer de cette période et aux changements nécessaires pour orienter le pays vers un avenir meilleur.

Les attentes du peuple sénégalais sont grandes et légitimes. Ils aspirent à une gouvernance transparente, responsable et orientée vers le bien-être de tous les citoyens. Ils veulent voir leurs dirigeants s’attaquer aux problèmes urgents tels que la pauvreté, le chômage, l’accès aux services de base et la justice sociale.

Cette transition ne devrait pas seulement être un changement de personne à la tête du gouvernement, mais aussi une opportunité de renouvellement et de progrès pour le Sénégal dans son ensemble. Il est temps de tourner la page et de travailler ensemble pour construire un avenir meilleur pour tous les Sénégalais.

Macky Sall, ayant exercé le pouvoir avec une détermination inébranlable, n’a ménagé aucun effort pour prolonger son mandat, usant de diverses stratégies afin de perpétuer son emprise sur la gouvernance du pays. Malgré ses tentatives, la résistance du peuple sénégalais s’est avérée indomptable, érigeant un rempart contre toute atteinte à l’intégrité démocratique.

Le coût de la vie et l’inflation en compétition!

Toutefois, derrière le vernis de la passation de pouvoir, se dessine un tableau sombre de la réalité socio-économique dans laquelle sont plongés les citoyens sénégalais. La cherté de la vie, exacerbée par une inflation galopante et l’inaccessibilité au logement, témoigne d’une détresse palpable qui étreint les plus vulnérables de notre société. « Le coût de la vie au Sénégal reste élevé. Selon les dernières données de Numbeo publiées en février, le pays de la Téranga se classe même comme le deuxième pays où le coût de la vie est le plus élevé en Afrique en ce début d’année 2024, juste derrière la Côte d’Ivoire et devant l’Éthiopie », rapporte  senenews.

En effet, pour de nombreux Sénégalais, la simple satisfaction des besoins fondamentaux devient un véritable défi au quotidien. Les prix des denrées alimentaires, des produits de première nécessité et des services essentiels ont atteint des niveaux prohibitifs, épuisant les maigres ressources des ménages les plus démunis. L’inflation galopante aggrave cette situation précaire, sapant le pouvoir d’achat des citoyens et creusant les inégalités économiques déjà criantes. « L’inflation reste élevée malgré une modération à 6.1 % en 2023, après un pic inflationniste en 2022 de l’ordre de 9.7 %, à la suite de la baisse des prix internationaux des matières premières et le retour à la normale des chaînes d’approvisionnement », confirme la Banque mondiale.

Parallèlement, l’inaccessibilité au logement constitue un autre fléau qui aggrave la détresse des plus vulnérables. Les loyers exorbitants dans les zones urbaines rendent le logement hors de portée pour de nombreux ménages à faible revenu, les contraignant à vivre dans des conditions insalubres ou à être expulsés de chez eux faute de pouvoir payer le loyer. « Le logement reste la principale préoccupation des habitants à Dakar. Les coûts des loyers reviennent excessivement chers et, visiblement, la situation n’est pas près de changer, malgré les dispositions prises par les autorités sénégalaises », rapporte bbc.com.

Cette réalité socio-économique ne se limite pas à une simple question de statistiques ou de chiffres. Elle a un impact profond sur la vie quotidienne des Sénégalais, les plongeant dans un cycle de précarité et de désespoir. Les familles luttent pour joindre les deux bouts, jonglant avec des choix impossibles entre nourriture, logement, éducation et soins de santé.

Face à cette détresse palpable, il est impératif que les nouveaux dirigeants du pays prennent des mesures concrètes et immédiates pour répondre aux besoins urgents de la population. Il ne suffit pas de faire des discours vides de sens ou de promettre des changements futurs ; des actions concrètes sont nécessaires pour alléger le fardeau des plus démunis et ouvrir la voie à un avenir plus juste et plus prospère pour tous les Sénégalais.

Les événements tumultueux qui ont émaillé le règne de Macky Sall ont laissé des cicatrices béantes dans le tissu social du pays. Des tragédies demeurent impunies, des injustices persistent dans les couloirs du système judiciaire, et des familles endeuillées demeurent sans réparation ni réconfort.

En effet, au fil des années, le Sénégal a été le théâtre de divers événements tragiques qui ont ébranlé la confiance du peuple envers ses dirigeants et envers le système judiciaire. Des manifestations réprimées dans la violence, des cas de violence policière, des arrestations arbitraires et des atteintes aux droits de l’homme ont semé la discorde et la méfiance au sein de la société. « Répression des manifestations, coupures d’Internet et menaces visant les médias se multiplient au Sénégal depuis mars 2021. Amnesty International estime qu’au moins 60 personnes sont mortes en marge des manifestations. À ce jour, personne ne fait l’objet de poursuite pour ces faits », mentionne Amnesty International dans son rapport de février 2024.

Malheureusement, trop souvent, ces tragédies restent impunies, les responsables échappant à toute forme de justice. Les victimes et leurs familles sont laissées dans un état de désarroi et de désespoir, privées de réparation et de réconfort. Le système judiciaire, censé garantir l’équité et la protection des droits de tous les citoyens, semble souvent incapable de rendre justice de manière équitable et transparente. Il est vivement critiqué les populations.

Cette impunité généralisée alimente un sentiment d’injustice et d’impuissance au sein de la population. Les citoyens perdent confiance dans les institutions chargées de protéger leurs droits et se sentent abandonnés par ceux qui sont censés les représenter. Le tissu social du pays en est profondément affecté, et la cohésion sociale en souffre grandement

Face à cette réalité sombre et déchirante, il est impératif que les nouvelles autorités s’engagent à restaurer la confiance du peuple dans le système judiciaire et à garantir que toutes les victimes de violations des droits de l’homme obtiennent justice. Des réformes significatives doivent être entreprises pour renforcer l’indépendance et l’intégrité du système judiciaire, et des mesures concrètes doivent être prises pour garantir que les responsables de crimes et d’injustices soient tenus responsables de leurs actes.

Le départ de Macky Sall du pouvoir ne se fait pas sans soulever de vives préoccupations quant à l’état financier du Sénégal. En effet, selon un rapport de la Cour des comptes sénégalaise publié en décembre 2022, des sommes considérables ont été dépensées sans lien direct avec la pandémie, jetant ainsi une lumière crue sur la gestion des finances publiques sous son règne.

Le fait qu’aucune poursuite pénale n’ait été engagée à ce jour contre les personnes impliquées dans ces dépenses suspectes renforce les critiques des opposants de Macky Sall, qui voient en cela un exemple flagrant de l’impunité qui a caractérisé son régime.

Malgré les éloges auto-proclamés du chef de l’État et de ses proches, ce bilan est loin de faire l’unanimité. Ses détracteurs lui reprochent vivement d’avoir endetté le pays au-delà des limites du raisonnable. En effet, entre 2019 et 2022, l’endettement public du Sénégal a connu une hausse considérable, passant de 64% à 75% du PIB, dépassant ainsi le seuil fixé par l’UEMOA, qui est de 70%.

Cette situation a attiré l’attention du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, qui ont souligné un risque modéré de surendettement, tant au niveau externe que global. Toutefois, cette analyse met en lumière une marge de manœuvre extrêmement restreinte pour absorber d’éventuels chocs à court terme, mettant ainsi en péril la stabilité financière du pays.

Le chômage, l’un des héritages du pouvoir Sall !

Le fléau du chômage, frappant de plein fouet la jeunesse sénégalaise, se dresse tel un obstacle infranchissable sur le chemin de l’épanouissement et de la prospérité. Cette crise économique, doublée d’une gestion corrompue et partiale au sein de l’appareil administratif, plonge le pays dans une tourmente pernicieuse.

Effectivement, le taux de chômage élevé, particulièrement parmi les jeunes, constitue l’un des défis majeurs auxquels le Sénégal est confronté. Avec une population jeune et dynamique, le pays devrait être en mesure de capitaliser sur cette ressource humaine pour stimuler la croissance économique et favoriser le développement. Cependant, la réalité est tout autre. Les jeunes diplômés se retrouvent souvent sans emploi, confrontés à un marché du travail saturé et à des opportunités limitées. Selon l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie : « Le taux de chômage (élargi) est passé de 22,9% au troisième trimestre de 2022 à 19,5% sur la même période en 2023, soit une baisse de 3,4 points de pourcentage. Au sens strict du BIT, il est ressorti à 5,8% au trimestre sous revu. »

Cette situation de chômage massif engendre une multitude de problèmes sociaux et économiques. Non seulement elle prive les jeunes de perspectives d’avenir et de moyens de subsistance, mais elle alimente également un sentiment de frustration et de désespoir au sein de la population. De nombreux jeunes, désespérés de trouver un emploi décent, sont contraints de s’engager dans l’économie informelle, souvent précaire et instable.

 »Corruption massive »

Parallèlement, la gestion corrompue et partiale au sein de l’appareil administratif aggrave encore davantage la crise du chômage. Les pratiques de favoritisme et de népotisme entravent l’accès équitable à l’emploi et favorisent l’enrichissement personnel de quelques privilégiés au détriment de la majorité. Cette corruption endémique mine la confiance du public dans les institutions gouvernementales et compromet l’intégrité du processus de recrutement. « L’échelle va de 0 à 100, et plus le score est élevé, plus la corruption est massive. Le Sénégal occupe ainsi la 73e place. Le résultat est donc légèrement inférieur à la moyenne à la moyenne par rapport à d’autres pays. Par rapport à l’année précédente, aucun changement n’a été observé dans la corruption en 2023. Sur le long terme, elle a baissé modérément ces dernières années », dira donneesmondiales.com

« D’après un rapport de la Cour des comptes publié mi-décembre, plus de 740 milliards de francs CFA (plus de 1,1 milliard d’euros), financés par l’Etat sénégalais et des bailleurs internationaux, ont été officiellement dépensés pour faire face à la pandémie. Mais des « fautes de gestion et des infractions pénales » ont été constatées, souligne l’institution qui fait état de « surfacturations, absences de justificatifs, conflits d’intérêts » mais aussi de dépenses sans rapport avec le Covid-19 estimées à environ 20 milliards de francs CFA (quelque 30 millions d’euros). », rapporte lemonde.fr.

Face à cette situation désastreuse, il est impératif que les autorités s’engagent à mettre en œuvre des politiques et des programmes efficaces visant à stimuler la création d’emplois et à promouvoir l’inclusion économique des jeunes. Selon la Banque mondiale, les jeunes représentent 60 % de l’ensemble des chômeurs africains. Le Sénégal fait partie des pays du continent dont le taux de chômage des jeunes dépasse les 25 %. 200.000 jeunes sénégalais arrivent chaque année sur le marché de l’emploi.

Cela nécessite une approche holistique qui intègre l’éducation, la formation professionnelle, l’entrepreneuriat et le développement économique local. En janvier 2024, Transparency international a publié son nouveau rapport sur la corruption. « Dans ce classement le Sénégal occupe la 43e place au niveau mondial. Classé 43e de cette édition 2023, le Sénégal et en ex -aequo avec le Bénin, et le Ghana. En Afrique, la Somalie et le Sud Soudan occupent respectivement la onzième et treizième place sur les 180 pays et premier et deuxième en Afrique. »

De plus, il est essentiel de lutter activement contre la corruption et le favoritisme au sein de l’appareil administratif, en renforçant les mécanismes de surveillance et de responsabilisation et en promouvant la transparence et l’intégrité dans la gestion des affaires publiques.

La question brûlante du FCFA!

Quant à la question brûlante de la monnaie FCFA, son maintien continue d’alimenter les débats et les dissensions au sein de la société sénégalaise. « Cette monnaie ne colle pas avec nos impératifs de développement », répète régulièrement l’opposant Ousmane Sonko. Les mécanismes économiques liés à cette monnaie coloniale entravent le développement et la souveraineté financière du pays, réclamant une remise en question urgente et une voie vers une autonomie monétaire.

La question de la monnaie FCFA est depuis longtemps un sujet de préoccupation majeur pour de nombreux Sénégalais. Cette monnaie, héritée de l’histoire coloniale, est perçue par beaucoup comme un symbole de dépendance économique et de domination étrangère. Les mécanismes économiques qui régissent le FCFA, notamment le maintien d’une parité fixe avec l’euro et la centralisation des réserves de change au sein du Trésor français, limitent la capacité du Sénégal à mener une politique monétaire indépendante et à répondre efficacement aux besoins de son économie.

En effet, cette situation entrave le développement économique du pays en restreignant sa capacité à ajuster sa politique monétaire en fonction des fluctuations économiques et des besoins internes. De plus, la dépendance vis-à-vis du FCFA limite la souveraineté financière du Sénégal et nuit à sa capacité à prendre des décisions stratégiques en matière de politique économique et de développement.

Face à ces défis, de nombreuses voix s’élèvent au sein de la société sénégalaise pour réclamer une remise en question du système monétaire actuel et une transition vers une monnaie nationale ou une monnaie régionale africaine plus autonome. Cette demande reflète un désir croissant de prendre en main son propre destin économique et de se libérer des chaînes de la dépendance coloniale.

Une telle transition ne serait pas sans défis ni obstacles, mais elle représente une étape cruciale vers la construction d’une économie plus dynamique et résiliente, capable de répondre aux besoins et aux aspirations du peuple sénégalais. Il est temps pour le Sénégal de prendre son destin en main et de tracer sa propre voie vers une véritable autonomie monétaire et économique.

Ainsi, la passation de pouvoir ne saurait être perçue comme une simple formalité administrative, mais comme une occasion de réflexion profonde sur les défis et les aspirations qui façonnent l’avenir du Sénégal. Il appartient désormais à la nouvelle administration de relever ces défis avec courage et détermination, guidée par la volonté de servir l’intérêt supérieur de la nation et de répondre aux attentes légitimes du peuple sénégalais.

La Rédaction de Laguinee.info
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