lundi, mai 20, 2024
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Sambaïlo : les gendarmes, la carte de vaccination, les 20 000 GNF et l’arnaque

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De Conakry à Dakar et inversement, la circulation ne tarit pas de personnes. Chaque jour, les véhicules remplis de personnes ou de marchandises vont et viennent. Certains véhicules avec des carrosseries d’un âge aussi font ce long trajet à la recherche d’un quotidien. 

C’est sur ce trajet que Laguinee.info à travers un de ses journalistes entame des un voyage plein d’obstacles, le 16 novembre 2023. A 21 heures, un minibus blanc, bien entretenu et conduit par un jeune Sénégalais, a ouvert son ventre pour nous recevoir sur ses sièges. Après avoir rangé et attaché les bagages, l’apprenti, si l’on peut l’appeler ainsi, nous ensardine dans ce véhicule qui dégage une fumée semblable à celle que dégage une usine.  Nous quittons Dakar tard la nuit (à 23h environs) pour Manda où nous devons emprunter un véhicule pour Conakry. Après un parcours parsemé d’escales, nous arrivons à 10h à Manda, une petite agglomération où stationnent où nous devons emprunter un autre moyen de déplacement pour Conakry. Dès notre arrivée, les signes précurseurs d’un calvaire se sont fait sentir. Nos bagages débarqués, notre convoyeur, un certain Bannah, a disparu pendant un long moment avant de réapparaître. Dans un ordre indescriptible et sous la colère des passagers qui étaient prêts à le bastonner, il a trouvé (après plusieurs tractations) une voiture bleue, peu rassurante pour nous transporter. 

Les arguments fallacieux 

De Manda à la frontière entre le Sénégal et la Guinée, les paysagers ont payé 2000 ou 5 000 FCFA (30 000 ou 75 000 GNF) à chaque barrage. Lorsque quelques curieux cherchaient à savoir pourquoi payer cet argent, l’argument fallacieux qui sortait, est : « Vous n’avez pas de carte d’identité nationale sénégalaise !»  Le paradoxe, même ceux qui détenaient ces cartes, étaient obligés de payer. La question qui se pose : comment quelqu’un part pour un court séjour à Dakar peut-il se procurer une carte d’identité nationale sénégalaise ? 

A 15h, nous quittons Manda pour arriver à Bhoundou Fourdou à 18h où nous avons passé la nuit parce que, la douane avait cessé le service. Le lendemain, après le contrôle des marchandises par la douane, la voiture a continué son chemin pour arriver à Sambaïlo. Samabaïlo, une sous-préfecture où cohabitent la douane, la gendarmerie et la police au détriment des voyageurs.

 

Sambaïlo ou la ville de l’arnaque

Pour traverser le barrage, les passagers sont contraints de passer à la gendarmerie. La pratique qui est devenue une coutume pour les gendarmes et les policiers sur ce trajet, ressemble à une arnaque. On en parlait dans la voiture lors du voyage mais, mais il était difficile de croire. Après avoir longtemps attendu notre chauffeur qui démarchait pour dédouaner les marchandises, j’ai eu la curiosité de me rendre à la gendarmerie pour expliquer une situation dans laquelle notre conducteur nous avait mis. Quelques minutes après, arrivent quatre personnes : trois jeunes hommes et une dame. Les gendarmes qui étaient en service ce jour, leur ont immédiatement demandé des cartes vaccination contre la Covid-19. N’en possédant pas, ils les ont obligés à payer 20 000GNF chacun pour passer. Une dame, grande de taille et au teint, mine froissée, a dit : « Je n’ai que 10 000 GNF monsieur. »  D’un ton violent, le gendarme, assis sur une chaise qui tient difficilement, le visage fatigué par l’âge et les vicissitudes de la vie, a lancé : « Il n’en est pas question madame ! C’est 20 000 GNF ! ». N’ayant pas le choix, elle a tiré le deuxième billet de 10 000 GNF, un billet fatigué à force de le plier au bout du pagne qu’elle portait.

Après avoir payé cet argent les cœurs froissés, aucun reçu ni de carte de vaccination ne leur a été donné. Ils sont partis murmurant de colère. A Sambaïlo, c’est la « loi » imposée par la gendarmerie qui est là. Tout le monde se demande : où avec tout cet argent pris aux pauvres citoyens à Sambaïlo ? On ne sait pas et on ne le saura peut-être  jamais. 

M’étant éloigné de là, d’autres jeunes hommes sont arrivés. Les mêmes cartes de vaccination leur ont été demandées. La majorité des passagers n’en ayant pas, ont payé chacun 20 000GNF. Quand ce fut le tour d’un jeune, il a présenté une ancienne carte de vaccination. Il venait ainsi de se créer des problèmes. Pour avoir présenté une ancienne carte, ces gendarmes lui ont demandé une somme de 300 000 GNF.  A peine, il avait 50 000 dans sa poche. Lorsqu’il leur a proposé ces 50 000 GNF, ils ont refusé.  Les compagnons du jeune, vu la « gravité » de la situation », se sont retirés, le laissant seul dans les mains impitoyables de ces gendarmes. A côté de la voiture qui les transportait, on entendait dire : « Ce qu’on va faire, que personne ne s’approche du jeune. Quand ils verront que ne viendra payer cet argent, ils vont le libérer parce qu’ils n’ont pas où le garder ». Il était 18h ce 17 novembre 2023, lorsque notre véhicule a quitté Sambaïlo pour Conakry.

 A Sambaïlo comme sur beaucoup d’autres routes de la Guinée, il se passe des choses incroyables. Les citoyens sont victimes d’arnaque de la part des gens recrutés, formés et payés par l’argent du contribuable, sans que les responsables au haut niveau ne prennent des dispositions.

Boundèbègouno, pour Laguinee.info

 

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