lundi, mai 20, 2024
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Massacres du 28 septembre : Dr Chérif, Psychologue, décrit le calvaire des femmes victimes de viol

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Un nouveau triste anniversaire pointe à l’horizon pour les victimes des événements du 28 septembre 2009. Dans moins de 24 heures, ça fera exactement 12 ans, jour après jour, depuis que plus de 150 personnes ont été tuées et plusieurs femmes violées dans le stade du 28 septembre situé à Dixinn, un quartier de Conakry. A cet effet, le président fondateur de l’Association Guinéenne des Psychologues, cliniciens a accordé une interview à notre rédaction. Il s’agit du Docteur Alhassane Cherif. Il est de ceux qui s’occupent psychologiquement de certaines des femmes violées. Avec lui, il a été principalement question des conséquences sociales et psychologiques qu’elles ont subies, a appris Laguinee.info à travers un de ses journalistes.

Pour Dr Alhassane Chérif, c’est avec regret qu’il s’apprête à vivre un nouveau triste anniversaire des massacres du 28 septembre 2009. Ensuite, il est revenu sur l’état psychologique dans lequel se trouvaient les victimes de viol dont il s’était chargé du traitement.

 

Dr Alhassane Chérif, président fondateur de l’Association Guinéenne des Psychologues, cliniciens

« Beaucoup de regrets quand même parce que vous savez, nous, nous avons commencé à prendre ces femmes en charge de 2016 à 2018. Deux ans de physiothérapie. La demande m’avait été faite par l’AVIPA (Association des Victimes, Parents et Amis)  par l’intermédiaire de Madame Asmaou Diallo. Ces femmes, pour ainsi dire, quand nous les avons rencontrées, c’était le traumatisme complet. Là, c’était même pire parce que dans certaines formes de viol, la victime peut ne pas cohabiter avec des…. Mais là c’était un carnage. Tout le monde sait comment s’est passé le stade du 28 septembre 2009. Ces femmes-là, j’ai eu à m’occuper de certaines. Dans ce que nous avons pu faire, même AVIPA, nous avons une trentaine de femmes. Certaines avaient fui le pays, d’autres étaient tombées malades, il y en avait qui étaient mortes. D’autres même ne voulaient pas se déclarer. Venir dire que je suis victime d’un viol, c’est honteux pour la personne », a-t-il relaté.

Pour ce qui est de conséquences de ce viol à ciel ouvert subi par plusieurs femmes le 28 septembre 2009 dans le stade du même nom, le médecin a laissé entendre qu’elles ont été à la fois sociales et psychologiques.

 

Docteur Alhassane Chérif, président fondateur de l’Association Guinéenne des Psychologues, cliniciens

« Il y a des femmes qui ont par exemple perdu leur travail. Elles ne pouvaient plus travailler. Il a fallu rééduquer tout ça. Il y en a qui avaient perdu leurs foyers parce que le mari se disant « moi, je t’avais conseillée de ne pas y aller, tu es allée. C’est tant pis pour toi et on t’a voilée ». Certaines, leurs maris c’est comme si ces femmes là étaient souillées. Ça c’est une grave conséquence. Non seulement tu as été victime mais tu es aussi repoussée par ta famille. Certaines femmes n’ont jamais pu déclarer ce qu’elles ont subi aux membres de leurs familles parce qu’elles avaient peur d’être rejetées. Les conséquences psychologiques sont énormes. C’est-à-dire le traumatisme. Quand ça dure, stresse post-traumatique. C’est un mot barbare, mais ça veut dire que la peur du traumatisme a créé une certaine anxiété. On a peut à chaque fois que ça se répète. Il y a même eu des cas de décompensation paranoïaque. C’est-à-dire elles tournaient vers la petite folie », a-t-il expliqué.

Pour finir, le Docteur Alhassane Cherif a demandé « justice » pour toutes les victimes des faits du 28 septembre 2009.

Laguinee.info

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