Alors que l’Afrique du Sud est une nouvelle fois frappée de plein fouet par une catastrophe climatique, la réponse des autorités suscite colère et incompréhension. Les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours sur la province du Cap-Oriental ont provoqué de violentes inondations, particulièrement à Mthatha, où les secours continuent de fouiller les décombres à la recherche de survivants.
Le dernier bilan fait état d’au moins 78 morts, mais les autorités redoutent que ce chiffre n’augmente dans les heures à venir. Les victimes vivaient pour la plupart dans des zones informelles construites à proximité des cours d’eau, des quartiers précaires où la vulnérabilité est permanente.
Face à l’émotion nationale, le président Cyril Ramaphosa s’est rendu sur les lieux du drame pour tenter de reprendre la main. Il a reconnu l’ampleur de la tragédie :
« C’est une catastrophe qui, à mon avis, n’aurait jamais pu être prévue […] Le débordement de la rivière témoigne de la gravité du changement climatique», rapporte africanews.com.
Des propos qui n’ont guère calmé les critiques. Car si la météo ne peut être contrôlée, les alertes avaient bel et bien été émises, et les populations exposées étaient connues. Pour beaucoup, cette catastrophe n’est pas tant une surprise qu’un nouvel épisode d’une série d’échecs institutionnels.
Un gouvernement pris de court, encore une fois
Ce drame ravive en effet le souvenir cuisant des inondations de Durban en 2022, qui avaient coûté la vie à plus de 400 personnes. À l’époque déjà, la lenteur de la réaction gouvernementale et le manque de coordination des secours avaient suscité l’indignation. Trois ans plus tard, l’histoire semble se répéter.
Les politiques d’urbanisation désordonnée, l’absence d’un plan d’évacuation efficace, la précarité des habitats et le manque d’infrastructures renforcent le sentiment d’abandon parmi les populations les plus pauvres.
« Les logements informels dans les plaines inondables sont particulièrement vulnérables », ont concédé des responsables locaux, qui peinent néanmoins à expliquer l’absence de mesures concrètes malgré les précédents.
Une double peine pour les plus pauvres
Au-delà du drame humain, cette nouvelle catastrophe met en lumière un déséquilibre systémique. Dans un pays où les inégalités sociales restent criantes, le changement climatique agit comme un révélateur cruel : ce sont toujours les plus démunis qui paient le prix fort. Manque de logements décents, infrastructures absentes ou défaillantes, secours trop lents… L’État apparaît une fois encore débordé, sinon démissionnaire.
À Mthatha, pendant que les familles endeuillées pleurent leurs morts, les Sud-Africains réclament des réponses. Et surtout, des actes. Car les catastrophes naturelles ne cessent de se multiplier, et avec elles, l’exaspération d’un peuple qui refuse de se résigner.
Laguinee.info