La tension monte d’un cran au sein de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), après la violente sortie d’Alpha Issagha Diallo qui avait fustigé, avec des mots crus et des métaphores animales, les réformes internes du parti et attaqué frontalement Joachim Baba Millimouno. Ce dernier, membre du Bureau Exécutif de l’UFDG, a tenu à répliquer avec une tribune qu’il qualifie lui-même de réponse respectueuse et constructive.
Un appel au dialogue face à ce qu’il considère comme des “affirmations biaisées”
Joachim Baba Millimouno entame sa réplique en posant le ton d’un débat d’idées, bien que la fermeté de ses mots laisse apparaître une profonde divergence idéologique.
« Permets-moi d’abord de t’adresser cette réponse avec toute la courtoisie et le respect que mérite une discussion constructive. Mon intention n’est pas de te blesser, mais de favoriser un dialogue sincère et respectueux, car seule une confrontation d’idées éclairées permet de progresser ensemble. »
Mais très vite, le politologue dénonce ce qu’il considère comme une lecture erronée et méprisante des événements récents et des figures clés du parti, notamment Ousmane Gaoual Diallo :
« Tu as évoqué Ousmane Gaoual de façon péjorative, avec dédain pour l’homme et mépris de son combat et de sa vision politique… Il incarne une approche dynamique et pragmatique. Le surnom ‘Gorkô Soussaï’, parlons-en…! »
Sur la justice et le congrès du 6 juillet : une mise en garde contre “l’anarchie”
Joachim n’élude pas la question brûlante du prochain congrès du parti, prévu pour le 6 juillet 2025, et qui suscite des tensions internes.
« Quant à ton affirmation sur le congrès du 6 juillet, prétendant qu’il se tiendra malgré une décision de justice ordonnant la réintégration de Gaoual, elle révèle une méconnaissance flagrante de l’état de droit… Ignorer une décision judiciaire revient à bâtir sur un sol instable : tôt ou tard, tout s’effondre. »
Il insiste sur la nécessité d’une justice respectée, au-dessus des décisions partisanes.
Sur les excuses demandées à Gaoual : un faux débat selon lui
Réagissant à la condition posée par Alpha Issagha Diallo pour la réintégration d’Ousmane Gaoual, Joachim estime que le problème ne réside pas là :
« Il n’a aucun problème avec cette démarche. Mais l’enjeu dépasse une simple demande d’excuses : il s’agit avant tout de respecter les règles, les textes et la morale politique. »
Un plaidoyer contre “l’intolérance et le ressentiment”
L’un des passages les plus appuyés de son texte porte sur la vision de la politique que véhicule, selon lui, Alpha Issagha Diallo :
« Tu t’appuies sur Darwin pour justifier une vision politique fondée sur l’adaptation, assimilant ceux qui évoluent à des parasites. Or, la politique n’est pas une lutte brutale pour la survie : c’est l’art du débat, du compromis et du respect. »
Joachim déplore une “rigidité” qu’il oppose à la souplesse nécessaire au renouveau d’un parti.
Une critique du ton utilisé par Alpha Issagha Diallo : “mépris et ironie”
Loin d’éviter les flèches verbales de son opposant, Joachim les retourne en un plaidoyer pour une politique d’idées et non d’insultes :
« Ton discours, imprégné d’ironie et de mépris, freine la construction d’une institution politique sérieuse… Ta posture semble refuser toute remise en question, toute écoute, toute véritable discussion. »
Et de rappeler que la violence verbale, selon lui, n’a pas sa place dans une démocratie mature.
L’humilité en politique, ou le “nettoyage de l’environnement”
Dans une fin de tribune empreinte d’ironie, mais teintée d’un effort de pédagogie, Joachim répond à la métaphore du cafard utilisée par Alpha :
« Malgré leur réputation peu flatteuse, [les cafards] jouent un rôle essentiel dans l’écosystème : en décomposant les déchets, ils contribuent à l’équilibre naturel. Peut-être est-ce là une métaphore pertinente… Si nous sommes, selon toi, des cafards, alors nous avons pour mission de ‘nettoyer notre environnement politique de ses impuretés’. »
Avant de conclure sur une invitation à plus de hauteur : « La politique n’est pas une guerre sans fin mais un outil de progrès… La Guinée a besoin de leaders capables de dépasser leur ego pour servir l’intérêt général. C’est ce que le MR-UFDG a compris, et c’est peut-être cela qui te dérange… »
Une réplique ferme, mais résolument politique
En répondant point par point aux attaques d’Alpha Issagha Diallo, Joachim Baba Millimouno tente de reprendre l’initiative dans un débat interne qui divise profondément les militants de l’UFDG. À travers une posture se voulant courtoise mais résolument offensive, il cherche à redéfinir les contours d’un leadership plus “moderne”, plus “réformateur” — à l’opposé, donc, des gardiens d’une orthodoxie partisane à ses yeux dépassée.
Reste à savoir si ce dialogue de sourds aboutira à une synthèse constructive, ou s’il annonce une rupture irréversible au sein du principal parti d’opposition guinéen.
Laguinee.info