Dans un ton incisif et sans équivoque, Lamarana Petty Diallo, président du Mouvement des Réformateurs de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), a secoué la scène politique ce vendredi en accusant Cellou Dalein Diallo, leader historique du parti, de dérive autoritaire et de culte de la personnalité.
Face à la presse, celui qui se revendique comme une figure de l’ancienne génération militante mais toujours active, a dépeint un fonctionnement interne de l’UFDG gangrené par une loyauté aveugle à l’égard de son président. « On l’a élevé en roi. Il y en a qui croient que c’est un khalife ou un messie. Ça n’existe pas. Les messies, c’est fini. Nous sommes tous pareils », a-t-il fustigé, avant de dénoncer une forme de paralysie intellectuelle au sein du parti dès qu’il s’agit de remettre en question l’autorité de Dalein.
Pour Lamarana Petty Diallo, cette personnalisation du leadership est une pathologie récurrente des partis africains. Il plaide pour une refonte du mode de gouvernance politique, basée sur l’action concrète plutôt que la popularité de façade : « La popularité ne se mesure pas à l’applaudimètre. C’est à l’action. »
L’ancien enseignant de l’Université de Conakry n’a pas manqué de dresser un parallèle avec le pouvoir actuel. Saluant, à contre-courant de nombreux opposants, les efforts du président de la transition, Mamadi Doumbouya, Lamarana Petty Diallo affirme sans détour : « Le seul élan de décollage économique qu’a connu la Guinée, c’est sous Doumbouya. Soyons réalistes. »
Égrenant ses souvenirs politiques de Sékou Touré à Alpha Condé, en passant par Lansana Conté, Dadis Camara et Sekouba Konaté, il se revendique comme témoin direct de toutes les phases de l’histoire contemporaine du pays : « Moi, j’ai porté des chaussures en bois en 73. J’ai vécu la grève des femmes, j’ai tout vu. »
Avec une formule aussi provocatrice qu’assumée, il a appelé la vieille garde politique à se retirer : « Ils ne feront pas de la Guinée ce que les jeunes veulent faire. S’ils sont sages, qu’ils rejoignent Doumbouya, qu’ils observent, qu’ils se taisent, qu’ils appuient. Mais qu’ils passent la main. »
Fidèle à sa rhétorique de rupture, Lamarana Petty Diallo adresse enfin un message ferme à la nouvelle génération : rester vigilante et ne plus céder le pouvoir à « n’importe qui ». Il exhorte par ailleurs le CNRD à redoubler d’écoute et d’efficacité : « Disons tout simplement à Doumbouya et à son CNRD d’être plus à l’écoute et beaucoup plus en action. »
Laguinee.info