mardi, mars 18, 2025
spot_img
spot_img

Troisième mandat d’Alpha Condé : la CEDEAO sanctionne lourdement l’État guinéen

À LIRE AUSSI

L’État guinéen vient de subir un revers judiciaire d’envergure. La Cour de justice de la CEDEAO a rendu un arrêt retentissant en reconnaissant la République de Guinée coupable de violations des droits de l’Homme dans le cadre des répressions contre les manifestations anti-troisième mandat entre 2019 et 2020. Une décision qui vient rouvrir une page sombre de l’histoire politique récente du pays.

Selon ce verdict, la Guinée devra verser une indemnisation à plusieurs figures du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), mouvement qui s’était vigoureusement opposé à la révision constitutionnelle permettant à Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Parmi les bénéficiaires de cette réparation judiciaire figurent Abdourahamane Sanoh (ancien coordinateur du FNDC), Sékou Koundouno (responsable des opérations), Ibrahima Diallo (chargé à la mobilisation), Abdoulaye Oumou Sow (responsable à la communication), Oumar Sylla alias Foniké Menguè (actuel coordinateur du FNDC mais victime de disparition forcée), ainsi qu’Ibrahima Kalil Keita, Cheick Badra Koné, Bailo Destin En Main et Alpha Soumah, plus connu sous le pseudonyme Bill de Sam, qui a brièvement été ministre sous la transition dirigée par le CNRD.

D’après Maître Pépé Antoine Lamah, avocat des plaignants, cité par Africaguinee.com, chacun de ces militants percevra la somme de cinq millions de francs CFA à titre d’indemnisation.

Retour sur une répression aux allures d’avertissement

Ce jugement trouve son origine dans les événements du 12 octobre 2019, date à laquelle le FNDC avait appelé à une grande mobilisation contre le projet de troisième mandat. La réponse des autorités ne s’était pas fait attendre : arrestations, détentions et condamnations expéditives avaient marqué la réplique de l’appareil sécuritaire guinéen.

À l’époque, Abdourahamane Sanoh avait écopé d’un an de prison, tandis que Sékou Koundouno, Ibrahima Diallo, Élie Kamano, Badara Koné et Mamadou Baïllo Barry avaient été condamnés à six mois d’emprisonnement par le Tribunal de première instance de Dixinn. Une séquence qui, au-delà des peines, avait mis en lumière la radicalisation du pouvoir face à la contestation.

Un signal fort… mais aux conséquences incertaines

La condamnation de la Guinée par la CEDEAO pose plusieurs questions. Au-delà de l’indemnisation des victimes, quelles seront les implications concrètes de cette décision sur l’État guinéen et ses dirigeants de l’époque ? L’actuel gouvernement prendra-t-il acte de cette condamnation en engageant des réformes pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent ?

Cette affaire remet aussi en cause l’impunité qui entoure souvent les violations des droits de l’Homme en Guinée. Si la justice sous-régionale a tranché, reste à voir comment l’État guinéen réagira à cette décision et si elle sera exécutée dans les délais impartis.

Dans un pays où la rue a souvent dicté l’agenda politique, cette affaire pourrait bien raviver les tensions et relancer le débat sur la responsabilité des anciens régimes dans la répression des mouvements citoyens.

Laguinee.info

- Advertisement -
spot_img
spot_img

ECHO DE NOS RÉGIONS