L’affichage massif de l’effigie du Président Mamadi Doumbouya, y compris dans des zones historiquement contestataires, est une approche politiquement inopportune et inefficace.
L’histoire des grandes démocraties nous enseigne qu’il existe des espaces sanctuarisés où l’expression politique doit être mesurée et adaptée au contexte local.
Voir l’effigie du Président de la République déchiquetée et jetée au sol est une atteinte à l’institution qu’il incarne. Une telle situation, loin de renforcer l’autorité de l’État, contribue à sa fragilisation en exposant son image à la contestation et au rejet.
Plutôt que d’imposer des représentations du pouvoir dans des bastions d’opposition, une stratégie plus avisée consisterait à instaurer un dialogue et à favoriser un contrôle intelligent, plutôt que de chercher à dompter des espaces où la résistance est enracinée.
L’exemple du régime du feu Général Lansana Conté illustre parfaitement cette réalité. À son apogée, le Parti de l’Unité et du Progrès (PUP), malgré sa suprématie politique, a toujours respecté les fiefs du RPG, notamment à Sig Madina, la Casse et dans la préfecture de Siguiri.
À l’époque, il était impensable d’afficher l’effigie du Général Lansana Conté dans ces localités sans risquer de graves tensions. Le PUP avait compris qu’un équilibre tacite était nécessaire pour préserver la stabilité sociale et éviter des confrontations inutiles.
Aujourd’hui encore, cette leçon reste d’actualité. La volonté d’imposer des symboles du pouvoir dans des zones sensibles peut être perçue comme une provocation, alimentant frustrations et tensions au lieu de renforcer l’unité nationale.
Il est impératif d’accepter une certaine diversité d’expression pour maintenir la paix et garantir le vivre-ensemble.
La stabilité d’un pays ne repose pas sur l’omniprésence d’un visage, mais sur la capacité à rassembler, à écouter et à fédérer autour d’un projet commun.
Il est temps de mettre un terme à cette approche symbolique excessive et de se concentrer sur une stratégie plus efficace, fondée sur l’inclusion, le respect des sensibilités locales et le dialogue.
Ismaël Condé