En cette Journée internationale des droits des femmes, Dr Faya Millimouno, président du Bloc Libéral, a saisi l’occasion pour adresser un message aux femmes guinéennes. Mais loin des discours convenus et des hommages traditionnels, son intervention a pris une tournure plus incisive, dénonçant les violences, les injustices et l’insécurité qui, selon lui, continuent de frapper durement les femmes sous la transition militaire. Dans une déclaration sans concession, il a pointé la responsabilité des autorités actuelles et a appelé les femmes à se mobiliser pour défendre leurs droits.
Une transition qui trahit ses engagements
Dès les premières lignes de son discours, Dr Faya Millimouno a tenu à rappeler le contexte dans lequel se tient ce 8 mars. Il a évoqué la promesse faite par la junte au lendemain du coup d’État : celle d’une transition exemplaire, fondée sur la justice et la rupture avec les pratiques du passé. Mais à ses yeux, le bilan est accablant.
« Les autorités en place nous avaient promis une transition exemplaire, une gouvernance juste, sans violence ni violations des droits fondamentaux. Elles avaient juré de ne pas réitérer les erreurs du passé. » Une promesse, selon lui, trahie par les faits.
Dr Millimouno a dénoncé la persistance des violences d’État et les drames humains qui en découlent. Il s’est attardé sur la situation des veuves, qui ont perdu leurs époux dans des circonstances troubles. « Pourquoi tant de femmes guinéennes sont-elles devenues veuves durant cette transition ? » s’est-il interrogé, avant d’évoquer ces familles endeuillées, confrontées au silence des institutions.
Au-delà des veuves, il a pointé du doigt la peur qui s’est installée dans de nombreux foyers guinéens. « Chaque jour, des épouses et des mères se demandent : “Où sont mon mari, mon fils ?” Certaines sont restées sans nouvelles de leurs proches pendant des mois, et leur souffrance est immense, ignorée par la société. » Une souffrance d’autant plus vive qu’elle se heurte à l’indifférence des autorités, selon lui.
L’insécurité persistante des femmes guinéennes
Autre point d’alerte du leader du Bloc Libéral : l’augmentation des violences faites aux femmes et aux jeunes filles. Il a dénoncé la montée des agressions sexuelles, des viols et de l’insécurité quotidienne à laquelle les Guinéennes font face.
« Les viols se multiplient, les violences augmentent, et aucune réponse efficace n’est apportée. Une société qui laisse ses filles et ses mères en danger a perdu son humanité. »
Il pointe ainsi la responsabilité des autorités qui, selon lui, ne prennent pas la mesure du problème. « Les discours officiels sur la protection des femmes ne suffisent pas. Où sont les actions concrètes ? Où sont les mécanismes de justice qui garantissent aux victimes que leurs agresseurs seront poursuivis ? »
À travers ce constat, Dr Millimouno met en lumière une réalité troublante : malgré les engagements affichés, les conditions de vie des femmes guinéennes ne semblent pas s’améliorer sous cette transition.
Un appel à la mobilisation féminine
Face à cette situation, Dr Faya Millimouno refuse la résignation et appelle les femmes à l’action. « Femmes de Guinée, l’heure est à la solidarité ! » lance-t-il, insistant sur la nécessité d’un engagement collectif pour exiger justice et protection.
Il exhorte les Guinéennes à soutenir les veuves en quête de vérité, à se battre pour les familles qui cherchent désespérément des réponses sur la disparition de leurs proches et à réclamer une justice ferme contre les violences faites aux femmes.
Pour lui, la situation politique actuelle ne doit pas être un prétexte pour reléguer les revendications féminines au second plan. Il rappelle que dans chaque période d’instabilité, ce sont les femmes qui paient le prix le plus fort.
« À chaque fois qu’un pays est mal gouverné, ce sont les femmes qui en souffrent le plus. Dans les moments de peur et d’instabilité, ce sont les femmes qui pleurent leurs maris, qui élèvent seules leurs enfants dans la détresse et qui subissent les injustices dans le silence. »
Mais cette fatalité n’est pas une fatalité, affirme-t-il. « Nous avons la capacité d’agir pour un véritable changement. Nous pouvons refuser cette fatalité. »
Une critique politique déguisée en plaidoyer ?
Si le discours de Dr Faya Millimouno se veut un plaidoyer en faveur des droits des femmes, il n’en reste pas moins une critique directe du pouvoir en place. À travers ses dénonciations, il dresse un réquisitoire contre la gestion actuelle du pays et met en avant l’inaction des autorités face aux violences et aux injustices.
En appelant les femmes à rejoindre son parti, il tente aussi de transformer cette cause en levier politique. « Rejoignez les femmes du Bloc Libéral. Ensemble, nous pouvons mettre fin à cette situation. Ensemble, nous pouvons construire une Guinée où les femmes n’ont plus à pleurer, à craindre, ou à subir. »
Une stratégie qui n’a rien d’anodin. En s’adressant directement aux femmes, il cherche à élargir son audience et à se poser en défenseur des opprimés. Dans un contexte où la transition militaire fait face à des critiques croissantes, cette prise de parole vise aussi à renforcer l’opposition politique en mobilisant une frange de la population souvent reléguée au second plan dans les luttes politiques.
Un 8 mars sous haute tension
Ce discours s’inscrit dans un climat politique tendu. Alors que la junte cherche à maintenir son autorité et à contenir les contestations, les critiques fusent de toutes parts.
Laguinee.info