mercredi, mars 12, 2025
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« Fallacieuse et ridicule » : les avocats de Kassory Fofana démontent la sentence de la CRIEF

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Le collectif des avocats de l’ancien Premier ministre guinéen, Ibrahima Kassory Fofana, a vivement dénoncé la condamnation de leur client par la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Lors d’un point de presse tenu ce vendredi 7 mars 2025, Me Dinah Sampil, l’un des conseils de la défense, a fustigé la décision de la chambre de jugement, la qualifiant d’ »erronée » et « injustifiée ».

Le 20 février dernier, la CRIEF a reconnu Kassory Fofana coupable de détournement de deniers publics et l’a condamné à cinq ans de prison assortis d’une amende de deux milliards de francs guinéens. Une sentence que son avocat juge inacceptable. « La condamnation prononcée par la CRIEF est fallacieuse et ridicule, elle ne se justifie par rien du tout », a martelé Me Sampil.

Un juge accusé de partialité

Au cœur de la contestation du collectif de défense, un point juridique majeur : l’impartialité du magistrat ayant rendu la décision. Selon Me Sampil, le juge Soumah, qui a condamné Kassory Fofana, aurait déjà siégé lors d’une audience précédente liée à cette même affaire, en date du 13 décembre dernier. Une situation qui, selon l’avocat, viole un principe fondamental du droit, interdisant à un magistrat de juger une affaire à plusieurs reprises.

« Dans tous les pays du monde, il est reconnu et admis qu’un même magistrat ne peut pas statuer deux fois sur la même question. Or, le juge Soumah, qui avait autorisé l’évacuation de M. Fofana pour raisons médicales, est revenu plus tard pour le condamner », a dénoncé Me Sampil.

Un prévenu incapable de comparaître ?

L’autre point de friction entre la défense et la justice concerne l’absence de Kassory Fofana lors des audiences. La CRIEF justifie sa condamnation en avançant que l’ancien Premier ministre a refusé de se présenter à la barre pour répondre aux accusations liées à l’utilisation présumée frauduleuse de 15 milliards de francs guinéens issus du budget de la MAMRI (Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes).

Une affirmation balayée d’un revers de main par Me Sampil, qui insiste sur l’état de santé préoccupant de son client. « Chacun sait que M. Fofana n’est pas allé à la clinique Pasteur de lui-même. Il y a été évacué après une crise survenue à la maison centrale de Conakry« , a-t-il rappelé. Huit rapports médicaux auraient d’ailleurs confirmé que l’ex-chef du gouvernement souffre d’un mal nécessitant un traitement indisponible en Guinée, le rendant incapable de se tenir debout ou même de s’asseoir.

« Là où la décision devient encore plus légère, c’est que même les juges qui se sont déplacés jusqu’à l’hôpital ont constaté que M. Fofana ne pouvait pas comparaître. Et pourtant, ils sont quand même entrés en condamnation« , a déploré l’avocat.

Une condamnation politique ?

Si la défense de Kassory Fofana crie à l’injustice, cette affaire n’en demeure pas moins un symbole fort dans la lutte contre la corruption en Guinée. La CRIEF, créée après l’arrivée au pouvoir du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), s’est donnée pour mission de sanctionner les détournements de fonds publics.

Mais cette condamnation soulève une question plus large : s’agit-il d’une véritable opération mains propres ou d’un procès à connotation politique ? Les avocats de l’ancien Premier ministre, en tout cas, semblent convaincus que la balance de la justice penche du mauvais côté.

Avec cette nouvelle sortie médiatique du collectif de défense, le débat autour de l’indépendance et de l’impartialité de la justice guinéenne est relancé. Reste à voir si cette contestation pourra infléchir le cours de cette affaire qui, à coup sûr, continuera de faire couler beaucoup d’encre.

Laguinee.info

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