jeudi, mars 6, 2025
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Affaire de la patiente expulsée à Boké: le directeur de l’hôpital brise le silence

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Une scène troublante a secoué l’hôpital régional de Boké, réveillant une onde d’indignation bien au-delà des murs de l’établissement. Une patiente, tout juste opérée, s’est effondrée dans la rue après avoir été contrainte de quitter l’hôpital. Tandis que les témoignages dénoncent une expulsion inhumaine, le directeur de l’hôpital, Sékou Naba Camara, s’inscrit en faux contre cette version des faits.

Une sortie médicale qui vire au drame

« Il n’y a pas eu d’expulsion », martèle-t-il d’entrée de jeu. Selon lui, la patiente avait subi une intervention chirurgicale pour une hernie et, conformément aux pratiques de l’établissement, le chirurgien ayant réalisé l’opération avait jugé son état suffisamment stable pour lui permettre de rentrer chez elle 24 heures après l’intervention.

Mais à peine sortie de l’enceinte hospitalière, le sort s’est acharné sur cette femme vulnérable. Un malaise, une hypoglycémie, un vertige… puis la chute. La scène, brutale et publique, a aussitôt suscité une vague d’émoi.

Une ambulance prise à partie

Alerté de la situation, le directeur assure avoir immédiatement dépêché une ambulance pour secourir la patiente. Mais l’émotion, déjà à son paroxysme, a viré à la colère.

« Des personnes ont tenté de barrer la route et même de lapider l’ambulance », raconte-t-il, soulignant un climat d’exaspération généralisée. Finalement, la patiente a pu être prise en charge et ramenée à l’hôpital, où elle aurait reçu tous les soins nécessaires.

« Ce matin, elle se porte bien, affirme Sékou Naba Camara, précisant qu’elle est toujours sous surveillance médicale. »

Un problème de fond : l’insuffisance de places

Mais au-delà du tumulte de l’instant, une question plus profonde se pose : pourquoi une patiente encore convalescente a-t-elle été contrainte de quitter l’hôpital ?

Le directeur invoque un problème structurel

« Nous travaillons avec une capacité d’accueil dépassée. L’unité de chirurgie que nous utilisons aujourd’hui a été construite à l’époque de l’indépendance, pour une population bien inférieure à celle d’aujourd’hui. »

Face à la pénurie de lits, le personnel médical est souvent contraint de libérer rapidement les patients jugés en état de partir, pour accueillir de nouveaux malades en attente de soins.

Médecine ou pragmatisme ?

L’affaire soulève un malaise bien plus grand que le simple incident de Boké. Si les contraintes hospitalières sont une réalité, peut-on accepter qu’un patient encore fragile soit renvoyé chez lui au risque de s’effondrer à la première faiblesse ?

L’épisode, qui aurait pu virer au drame, laisse un goût amer. Il interroge sur la précarité du système de santé, sur l’éthique médicale et sur la place de l’humanité dans la gestion des hôpitaux publics.

L’histoire de cette femme, tombée sous le poids du manque de moyens, résonne aujourd’hui comme une métaphore d’une situation plus large. Reste à savoir si cette indignation collective portera un écho au-delà du tumulte de l’instant.

IAC, pour Laguinee.info

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