Ce mardi mardi 21 janvier 2025, un décret présidentiel a fait de Larry Gbevlo-Lartey l’« Envoyé spécial » auprès de l’Alliance des États du Sahel (AES). Si son nom n’évoque pas immédiatement l’image d’un diplomate, c’est peut-être parce qu’il a passé une grande partie de sa vie à diriger des régiments et à résoudre des crises de sécurité. Mais voilà qu’après avoir quitté l’uniforme, l’ex-coordonnateur de la sécurité nationale du Ghana et ancien commandant du 64e régiment d’infanterie se retrouve propulsé au cœur de la diplomatie régionale. Une transformation aussi surprenante qu’un général devenant une star du red carpet.
Un homme de terrain, mais pas que…
Larry Gbevlo-Lartey n’est pas du genre à prendre des raccourcis. Juriste de formation, il a accumulé une expertise militaire impressionnante avec des stages dans des écoles prestigieuses en Inde, au Royaume-Uni, aux États-Unis, et même à Cuba. C’est donc un homme formé à tout… sauf à la diplomatie du café et des sourires. Mais, comme dirait un vieux proverbe militaire, “On ne choisit pas toujours ses armes.” Et aujourd’hui, il est bien armé pour faire face à l’une des crises les plus complexes du continent : celle du Sahel.
En tant que « Envoyé spécial », Larry a pour mission de naviguer entre les États membres de l’AES pour résoudre les problèmes d’insécurité. Une mission ambitieuse, tant la région semble rongée par des conflits et des tensions qui ne respectent ni les frontières ni les règles de la diplomatie traditionnelle.
La diplomatie ghanaénne : tout un art
Son nom, Larry Gbevlo-Lartey, a été validé par un président ghanéen bien décidé à prendre son rôle au sérieux sur la scène régionale. Lors de son élection en décembre 2024, John Dramani Mahama avait déjà évoqué sa volonté de renforcer les liens avec l’AES pour lutter contre les menaces qui pèsent sur le Mali et ses voisins. Un message clair et simple : “Si la maison de votre voisin est en feu, vous devez l’aider à l’éteindre”. Facile à dire, moins facile à faire, surtout quand les voisins sont déjà en train de se jeter des seaux d’huile en pleine crise régionale.
La nomination de Larry Gbevlo-Lartey, à ce titre, n’est pas seulement une belle promotion : elle répond à une urgence. Il faut une personne de caractère pour gérer les réalités du terrain et des négociations internationales dans cette zone en proie à des menaces terroristes. D’autant plus que le dernier “médecin” du Sahel, en matière de paix, semble avoir eu une prescription trop optimiste pour être efficace.
Les défis d’un nouveau rôle
Larry devra jongler avec plusieurs chapeaux : celui de l’expert en sécurité, celui de l’ancien militaire, et bien sûr, celui du diplomate à la recherche d’un consensus fragile. Sa dernière mission de terrain en tant que directeur d’état-major du Collège de commandement et d’état-major des forces armées ghanéennes a été de gérer les conflits internes. Cette fois, il devra résoudre des conflits externes, entre des États qui peinent à s’entendre malgré un ennemi commun. Son charisme et son expérience pourraient être des atouts précieux pour l’AES, mais la question reste : comment le militaire le plus décoré du Ghana va-t-il réussir à bâtir des ponts là où les divisions semblent presque insurmontables ?
Le président ghanéen John Dramani Mahama a déjà exprimé son soutien sans faille à son nouveau envoyé spécial, promettant de travailler main dans la main avec les autres chefs d’État pour assurer la paix et la sécurité dans la région. Mais comme dans toute histoire de guerre, les déclarations de bonnes intentions sont souvent mises à l’épreuve du feu.
Un pari risqué, mais peut-être le bon
Ce qui est certain, c’est que Larry Gbevlo-Lartey n’a pas choisi un rôle facile. Entre la diplomatie des accords et la réalité du terrain, son parcours pourrait bien se transformer en un modèle de réussite, ou se heurter aux obstacles imprévisibles d’un Sahel toujours aussi ingouvernable. En tout cas, si quelqu’un peut faire entendre raison à des leaders habitués à l’affrontement, c’est bien lui. Mais la question reste : pourra-t-il calmer les tensions aussi facilement qu’il commandait ses troupes ?
Affaire à suivre.
Laguinee.info