dimanche, janvier 19, 2025
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Guinée : le développement au prix du sacrifice

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Le développement, ce mot souvent scandé dans les discours officiels et repris dans les rues de Conakry, est plus qu’un simple idéal. Il est une urgence. Pourtant, en Guinée, comme dans d’autres pays d’Afrique, ce rêve de progrès se heurte à une réalité implacable : rien de grand ne se construit sans sacrifice. Analysons trois dimensions essentielles de ces efforts à consentir : financiers, comportementaux et structurels.

1. Les sacrifices financiers : le nerf de la guerre

Le développement de la Guinée nécessite des investissements colossaux. Routes pour désenclaver les régions, hôpitaux pour soigner les populations, écoles pour former les générations futures, et infrastructures énergétiques pour alimenter l’économie. Mais, où trouver les fonds nécessaires ?

La fiscalité en Guinée est faible, et l’évasion fiscale reste un sport national. Le citoyen guinéen, bien qu’exigeant en termes de services publics, rechigne à payer des impôts, souvent par peur que cet argent alimente des poches privées plutôt que des projets publics. Une méfiance alimentée par des décennies de scandales de corruption.

Et les élites dirigeantes dans tout ça ? Elles peinent à montrer l’exemple. Comment demander au peuple de serrer la ceinture quand certains dépensent des millions dans des fêtes somptueuses ou des voyages inutiles ? L’exemplarité est la clé pour instaurer la confiance et inciter à des efforts collectifs.

2. Les sacrifices comportementaux : changer pour avancer

Au-delà de l’argent, le développement repose sur un changement de mentalité. Or, la Guinée est confrontée à une véritable crise de valeurs.

La corruption, ce cancer économique, gangrène tous les secteurs. On la dénonce dans les discours, mais elle se pratique au quotidien : pots-de-vin pour accélérer une procédure administrative, favoritisme dans l’attribution de marchés, etc. Ce comportement, justifié par le fameux « tout le monde le fait », freine les réformes et étouffe l’innovation.

De plus, une partie de la jeunesse, séduite par l’appât du gain rapide, tourne le dos aux carrières techniques et industrielles pourtant essentielles pour le développement. L’entrepreneuriat, bien qu’en progression, reste trop souvent limité par un manque de formation et de financements.

3. Les sacrifices structurels : réformer pour bâtir un avenir durable

Le système guinéen est encore marqué par des lacunes structurelles qui freinent tout élan de développement. La réforme des institutions est indispensable, mais elle se heurte à des résistances féroces.

Par exemple, le système éducatif doit être repensé pour former des compétences adaptées aux besoins du marché. Pourtant, les enseignants restent sous-payés, les infrastructures scolaires vétustes, et les programmes obsolètes. Comment espérer rivaliser avec d’autres pays si nos jeunes ne disposent pas des outils nécessaires pour innover ?

De même, la lutte contre la corruption ne peut être qu’un slogan. Elle doit s’accompagner de mécanismes de contrôle transparents, de sanctions strictes et d’un leadership exemplaire. Les réformes judiciaires et administratives sont cruciales, même si elles dérangent des intérêts bien établis.

Le courage collectif, clé du progrès guinéen

Le développement de la Guinée ne se fera ni par des discours enflammés, ni par des plans d’action sans suivi. Il repose sur un choix collectif : accepter de sacrifier un peu de confort immédiat pour bâtir un avenir meilleur.

Cela nécessite des dirigeants visionnaires et intègres, un peuple engagé et prêt à faire des efforts, et des institutions solides. Le défi est immense, mais pas insurmontable.

Comme le dit un proverbe mandingue : « Pour traverser une rivière, il faut mouiller ses pieds. » La Guinée a tout pour réussir, mais elle doit oser mouiller ses pieds. Le véritable progrès commence là où s’arrête l’égoïsme.

 

Un citoyen épris du développement 

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