La République démocratique du Congo (RDC) a décidé de passer à l’offensive. Ce mardi, elle a déposé une plainte contre Apple France et Apple Belgique, accusant les filiales européennes du géant américain de recel de crimes graves, dont des crimes de guerre, du blanchiment, et même de tromperie. En cause : l’utilisation présumée de minerais de sang – étain, tungstène, tantale et or – dans les appareils de la marque, selon africanews.com.
Une plainte qui s’inscrit dans un bras de fer historique
Ce dépôt marque un nouveau chapitre dans un long affrontement entre la RDC et Apple. En avril dernier, Kinshasa avait déjà mis en demeure la multinationale, exigeant des explications sur l’origine des minerais utilisés. Si Apple a systématiquement nié tout recours à des minerais issus de l’exploitation illégale, la RDC n’est pas convaincue. Le communiqué des avocats de l’État congolais précise que cette action vise à « confronter les acteurs impliqués dans la chaîne d’extraction, d’approvisionnement et de commercialisation des ressources naturelles pillées en RDC ».
Rwanda, Apple : des dénégations en série
Selon notre source, outre Apple, Kinshasa pointe également du doigt le Rwanda, accusé d’être une plaque tournante pour la contrebande des minerais congolais. Une accusation rejetée en bloc par Kigali, qui semble se draper dans une vertu bien commode. Pendant ce temps, Apple, de son côté, continue d’affirmer sa « politique stricte » en matière d’approvisionnement responsable. Mais la firme pourra-t-elle convaincre la justice que ses smartphones et ordinateurs ne sont pas tachés de sang ?
Une démarche symbolique et politique
Cette plainte est plus qu’un acte juridique : elle symbolise la volonté d’un pays pillé depuis des décennies de réclamer justice. Si la RDC parvient à faire plier un mastodonte comme Apple, cela pourrait bouleverser les rapports de force entre les multinationales et les États riches en ressources naturelles. Mais pour cela, encore faut-il que Kinshasa transforme cette initiative en victoire juridique, là où tant d’autres tentatives se sont heurtées au mur du lobbying et des intérêts économiques.
La fin d’un cycle d’hypocrisie ?
L’affaire révèle une réalité dérangeante : derrière nos gadgets high-tech se cachent souvent des chaînes d’approvisionnement entachées par des crimes abominables. Le monde a longtemps détourné les yeux de cette hypocrisie. La RDC, en ciblant directement Apple, espère peut-être briser ce cycle. Reste à savoir si cette offensive fera trembler Cupertino, ou si elle finira par s’effacer sous le poids des intérêts des puissants.
Laguinee.info