Comme annoncé dans les précédents articles de Laguinee.info, le procès de Foniké Menguè et compagnie a débuté ce jeudi 8 juin 2023 au tribunal de première instance de Dixinn délocalisé à la cour d’appel de Conakry.
Au sortir de cette journée marathon au cours de laquelle Ibrahima Diallo et Oumar Sylla alias Foniké Menguè ont fait leurs dépositions, les avocats ont livré leurs sentiments qui varient d’un côté à un autre, rapporte un journaliste de Laguinee.info qui était sur place.
« Nous attendions ce procès, nous voudrions que ces personnes soient jugées et fixées sur leur sort dans un délai, bien-sûr, raisonnable. Mais si vous avez compris à l’entame, quand je suis arrivé dans cette salle, je n’avais pas été personnellement informé de la tenue de ce procès. C’est par voie médiatique que j’ai pu être informé de la tenue et j’ai aussitôt accouru. C’est pourquoi j’ai sollicité un renvoi mais qui ne m’a pas été accordé. Vous avez suivi le débat, vous avez constaté que j’ai pu poser des questions à Oumar Sylla qui était le deuxième intervenant pour que je puisse être situé sur un certain nombre de niveaux, pour aussi éclairer le tribunal par rapport à la décision qu’il doit prendre de façon sereine. Vous avez tous suivi les raisons pour lesquelles on a procédé à ce renvoi. Donc, si j’avais été compris, on aurait dû renvoyer cette affaire même à demain pour que toutes les parties puissent être à mesure de répondre devant le tribunal et poser leurs problèmes en ce qui concerne les parties civiles et ceux qui sont poursuivis puissent présenter leurs défenses pour que justice soit rendue », a fait savoir Me Christophe Labilé Koné, avocat de la partie civile.
À son tour, Me Halimatou Camara du pool d’avocats de Foniké Menguè et compagnie soutient que ses clients ont été arbitrairement arrêtés et détenus avant de laisser entendre que ceux-ci méritent la liberté comme tout autre citoyen.
« On peut retenir que l’audience a finalement été ouverte après près de 10 mois d’incarcération pour nos clients, hors de toute procédure légale. Aujourd’hui, l’audience vient d’être renvoyée pour cause de non-comparution d’une partie civile. Donc, on se rend compte que plus de 10 mois, il a fallu que l’audience s’ouvre pendant que nos clients ne sont même plus en détention. Aujourd’hui, on se pose la question de savoir est-ce que la procédure a été respectée dans cette affaire ? Bien évidemment que nous avocats de la défense, on se dit que la procédure n’a pas été respectée et que cette affaire est en train d’être utilisée comme une espèce de chantage pour empêcher la liberté de circulation de nos clients », a-t-elle dit avant de d’ajouter que leurs clients ont le droit de connaître leur sort.
« Nous voulions qu’il prenne ses réquisitions et que nous plaidions ce dossier valablement aujourd’hui. Parce que, tout simplement, rien n’empêche cela aujourd’hui. Nous avons des personnes qui ont perdu 9 mois de leur vie en détention sur la base de raisons fallacieuses parce que tout simplement, ils ont des opinions politiques qui ne passent pas, qui ne plaisent pas aux autorités actuelles. Aujourd’hui, de vouloir demander des renvois, c’est quelque chose qui passent difficilement parce tout simplement, il y a un principe connu de toutes les juridictions qui respectent les standards internationaux, c’est le droit à un procès juste et équitable, mais aussi le droit d’être jugé dans un délai raisonnable. Donc, nos clients ont le droit de savoir, ils ont le droit de connaître leur sort. On n’a plus à utiliser cette affaire comme une espèce d’épée de Damoclès au-dessus de leur tête alors qu’ils sont censés être des citoyens libres comme tout le monde » a-t-elle fait savoir.
À rappeler que le procès est renvoyé au 9 juin 2023 pour la comparution d’une autre des parties civiles.
Aliou Maci Diallo pour Laguinee.info