Depuis un certain moment. Plus précisément, depuis la dernière sortie des porte-paroles de la présidence et du gouvernement, les opposants au pouvoir du CNRD multiplient les appels à la mobilisation dans leurs QG respectifs.
Ce sont désormais, de toute vraisemblance, les seuls endroits qui restent encore à ces escouades, l’air, irréductibles, tantinet courageux, de se faire l’écho de la grande déception de leurs chefs, qui ont pourtant été des grands soutiens du régime militaire.
La réplique est menaçante dans le ton. Ça dégaine ! On ressasse les engagements non tenus par les dirigeants. On débite sur les procédures judiciaires aux allures de mise sous cloche des voix dissonantes.
On finit par tout caricaturer dans le but de sonner la révolte des militants, théoriquement plus nombreux. Mais pour le moment, c’est sans effet dissuasif pour les militaires.
Certainement que la cible est devenue autiste à cause des discours politiciens qui deviennent moins audibles.
Pour cela, le CNRD continue de dédaigner la classe politique, les acteurs clés de la transition. Il fait mine d’insouciance en pariant sur d’éventuelles frictions qu’il peut y avoir.
Euh bien, ces frictions tant redoutées par une certaine opinion, étaient perceptibles dans les discours à la sensation d’allégeance à la junte, qui ont émergé le week-end dernier, à l’occasion des assemblées générales politiques.
Ils ont résonné notamment au siège du RPG arc-en-ciel.
Curieusement, on y a ramé à contre-courant de la position toujours défendue par le quatuor composé de partis politiques et d’organisations de la société civile. Cette position, c’est celle relative au rejet par ces entités du calendrier de la transition entériné par la CEDEAO.
A lire entre les lignes, l’ancien parti au pouvoir ne serait plus contre le compromis dynamique convenu avec l’institution sous-régionale.
Un des responsables du navire jaune, en l’occurrence Dr Djalikatou Diallo, au QG du parti, le samedi 28 janvier, a jugé le délai des 24mois, raisonnable.
Cette nouvelle et curieuse posture de l’ex parti au pouvoir, en dépit de l’embastillement de ses cadres, pour la plupart en prison, amène-t-il à s’interroger ?
Peut-être une position dictée par la réalité du terrain.
Les déclarations des sages de la haute Guinée, fief incontesté du RPG-AEC, à l’occasion de la récente tournée du ministre de la justice, à l’intérieur du pays, en sont une illustration.
A Kankan, très précisément, le porte-parole du sotikèmo, la plus haute autorité de la préfecture, s’est fendu d’une déclaration pour le moins surprenante.
« Aujourd’hui, ce que nous sommes en train de voir avec le CNRD au pouvoir, c’est du jamais vu. Objectivement, il y a des chiffres qui parlent », s’est confessé Elhadj Mohamed Lamine Kaba.
Le ton est donné. La démarcation est presque faite !
Par conséquent, les autres entités membres du quatuor devront compter sur leur propre force, car le RPG semble avoir d’autres priorités. C’est d’adoucir sa position afin de bénéficier de la clémence pour ses cadres en prison, puis procéder à la restructuration interne, en vue d’être au rendez-vous des échéances électorales prochaines.
Tout naturellement, il va poser aux opposants le défi de la mobilisation face à l’insubmersible CNRD, qui continue de disposer de ses adversaires, à son aise et à sa guise.
In DjomaMedia