dimanche, novembre 24, 2024
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Un citoyen de l’AES écrit à l’artiste Tiken Jah Fakoly après sa musique controversée

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Lettre ouverte à Tiken Jah FAKOLY.

Monsieur Tiken Jah FAKOLy, en ma qualité de citoyen libre de l’Alliance des États du Sahel, je me permets et je me donne le devoir de vous envoyer cette lettre ouverte par la magie des réseaux sociaux. Le vendredi 09 août 2024, j’ai écouté attentivement votre chanson dans laquelle vous étiez en featuring avec un autre artiste musicien que je ne connais vraiment pas. Ce matin du 10 août 2024, je suis rentré dans votre répertoire musical pour écouter encore attentivement certaines de vos chansons qui ont bercé ma jeunesse depuis la ville de Bobo-Dioulasso. Alors que je suis en train de vous écrire, j’écoute votre album intitulé Cours d’histoire. Et je crois bien qu’il date de 1999. Cela fait déjà vingt-cinq ans. Le temps passe vite. Moi, j’avais à peine dix-huit ans en 1999. Et c’est avec cet album Cours d’histoire que j’ai connu le grand artiste TIKEN JAH FAKOLY que j’ai d’abord aimé, ensuite admiré et enfin adulé. C’est pour dire que je suis l’un de vos grands fans comme l’on le dit dans le jargon musical. Après Cours d’histoire en 1999, vous avez fait paraitre d’autres albums.

Bien avant Cours d’histoire en 1999, il y a eu l’album Mangercratie en 1996. Je peux aussi citer Françafrique paru en 2002, L’Africain paru en 2007, Africain Revolution paru en 2010. C’est pour vous dire que toute ma jeunesse a été bercée par la musique du grand artiste TIHEN JAH FAKOLY. Et pour moi, vous êtes le défenseur de l’Afrique et des causes des Africains. Pour moi, vous êtes un panafricaniste dans l’âme. Et quand vous dites : ”Quand nous serons unis, ça va faire mal”, je vois toute une philosophie panafricaniste doublée d’une conviction inébranlable aux potentialités de l’Afrique. L’Afrique est capable de se développer si ses fils et ses filles choisissent pour l’union, la solidarité et la fraternité au détriment des conflits fratricides, divisionnistes et égoïstes. En 25 années de mariage musical et d’amour sincère entre TIKEN JAH FAKOLY et moi, je n’ai jamais douté de votre fidélité aux idéaux révolutionnaires qui, seuls, pourraient faire basculer l’Afrique de la servitude à la liberté, de la domination à la souveraineté, de la misère à la dignité. Mais, le monde reste le monde et les hommes restent les hommes. Rien ne semble vraiment figé dans l’univers. Nous naisons, nous vieillissons et nous mourons.

Ainsi, les hommes changent de voie, certains abdiquent à leurs croyances et ils tombent dans l’apostasie, d’autres renoncent à leur idéologie. Ondoyants, multicolores et divers sont nos choix dans le long fleuve tumultueux de la vie. Et c’est cette réalité qui fait que nos parents aimaient prononcer cette bénédiction : ” Dieu te donne une bonne fin”. Ils avaient parfaitement raison. La finitude de l’homme n’est pas fixée. Elle n’est pas gagnée. Elle n’est point acquise. L’homme balance quotidiennement entre le bonheur et le malheur, entre la grandeur et la petitesse, entre l’honneur et le déshonneur. Il n’y a pratiquement aucune frontière tangible et infranchissable entre le bien et le mal.

Monsieur Tiken JAH FAKOLY, le vendredi 09 août 2024, j’ai écouté votre dernière chanson en featuring avec cet artiste togolais que je ne connais vraiment pas. Et j’ai été surpris par votre attitude désinvolte et votre oubli de votre propre passé. La mémoire de l’homme est-elle aussi si fragile qu’elle peut effacer en un quart de tour tout ce qu’elle a enregistré pendant plus de deux décennies ? Que c’est incroyable !! Dans votre chanson, vous avez parlé du Togo, du Tchad, de la Côte d’Ivoire et du Cameroun. Et c’étaient vos voies de contournement pour arriver à votre destination, car vous avez mesuré et calculé à la virgule près le risque que vous prenez en vous attaquant à l’Alliance des États du Sahel. En décembre 2023, vous étiez à Ouagadougou et vous aviez rendu une visite de courtoisie au Président Capitaine Ibrahim TRAORE du Burkina Faso. Lorsque vous étiez traqué par les autorités ivoiriennes pour vos prises de position contre le régime de Laurent GBAGBO, c’est au Mali que vous aviez trouvé refuge pendant plusieurs années. Vous savez certainement ce que les pays de l’AES ont fait pour que vous soyez le grand artiste musicien internationalement reconnu que vous êtes.

Monsieur Tiken JAH FAKOLY, après avoir soutenu les autorités de l’Alliance des États du Sahel dans leur démarche pour la rupture politique et la souveraineté de leurs États, vous avez décidé d’une rupture, certainement au prix d’une autre conquête qui a finalement abouti. Dans une guerre, on ne change pas de camp pour les beaux yeux de quelqu’un. On change de camp soit dans l’espoir de remporter la victoire, soit parce qu’on a perdu sa conviction, sinon son engagement, soit parce qu’on a accepté de payer le prix d’une négociation. Dans votre dernière chanson, vous dites : ” Ne gâtez pas l’AES. La liberté d’expression mangée par la révolution.” Voilà ce qui choque des millions d’Africains et qui montre que vous avez abandonné votre combat de plus de deux décennies pour entamer un autre qui serait celui de la servitude, de la soumission et du déshonneur. En 1999, dans l’album Cours d’histoire, vous dites : ” Le sorcier oublie toujours, mais les parents de la victime n’oublient jamais.” Quand on sait bien que c’est un cours d’histoire, on peut légitimement vous demander : Qui est le sorcier dans l’histoire et qui est la victime ? Depuis 1999, en écoutant l’album Cours d’histoire, j’ai conclu logiquement que les sorciers sont les colonisateurs et les victimes sont les africains, et ce sont les Africains qui ne sauraient oublier la violence et toutes les formes de barbarie dont ils ont été victimes.

Aujourd’hui, l’Alliance des États du Sahel se présente comme l’alliance des victimes de l’histoire dont vous avez parlé en 1999. Les victimes qui sont doublement victimes- les attaques terroristes sont une forme d’impérialisme- ont décidé de s’unir pour refuser la loi du sorcier et pour contrer son pouvoir mythique et mystique. Et vous, TIKEN JAH FAKOLY, vous revenez pour dire aux victimes que ce qui est important, ce n’est pas cette prise de conscience, ce qui est important, ce n’est pas le refus de l’arbitraire et de la violence des sorciers, ce qui est important c’est la liberté d’expression. Hier, vous nous faites croire qu’il y a des priorités dans la vie. En 2004, dans votre album Coup de gueule que j’ai beaucoup aimé, vous dites : ” Quand nous serons unis, ça va faire mal. On pourra s’opposer à ce qu’ils veulent imposer. On pourra lutter contre la pauvreté.” Il y a vingt années de cela, la priorité des Africains pour vous était l’union. Vous étiez convaincu que sans l’union, les Africains ne pourraient pas relever les défis du développement. Pourquoi n’aviez-vous pas dit : “Quand nous aurons la liberté d’expression, ça va faire mal ?” Sur le plateau de l’émission Légendes urbaines animée par Juliette à la télévision France 24 et Radio France Internationale, vous dites : ” Je suis un artiste et je n’ai pas le droit de décevoir.” Et pourtant, vous avez déçu des millions d’Africains en décidant de changer votre fusil d’épaule. Vous avez dit que c’est l’union qui ferait la force des Africains.

Aujourd’hui, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont créé l’Alliance des États du Sahel comme pour répondre à vos attentes. L’AES est une véritable union, c’est l’union des peuples qui marque un autre tournant dans l’histoire de l’Afrique. L’AES est une réécriture de l’histoire selon la sociologie des peuples de l’Afrique. Et voilà, comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, vous dites que la révolution a mangé la liberté d’expression. C’est quoi d’abord la liberté d’expression ? Pour moi qui suis philosophe de formation, la liberté est le mot le plus métaphysique qui soit. C’est quoi la liberté d’expression que la révolution a mangée dans les États de l’AES ? Je voudrais le savoir. La liberté d’expression est donc devenue plus prioritaire pour le grand artiste TIKEN JAH FAKOLY que la confédération de l’Alliance des États du Sahel. Comment comprendre votre revirement au moment où l’histoire s’écrit selon la volonté des masses et dans l’affirmation de la liberté et de la souveraineté des peuples. Vous avez bouleversé votre échelle de valeurs pour défendre la liberté d’expression qui n’a jamais construit une nation forte et prospère, par contre, l’union et la solidarité ont toujours été les fondements des grandes nations.

Dans votre chanson, vous allez plus loin en disant : ” Quand tu critiques un peu dans l’AES, on t’envoie au front ou en prison”. Voilà un manque d’objectivité et de sincérité de votre part que vous brandissez urbi et orbi. Vous êtes dans le déni pur et simple des dures réalités que vivent les États de l’AES. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont en guerre contre les groupes armés terroristes. Et la guerre est un moment exceptionnel. La France a coupé tous les médias russes dans le seul but de soutenir l’Ukraine en guerre contre la Russie. Ce qui se passe dans les États de l’AES n’est rien par rapport à ce qui se passe en France et dans certains États européens qui ont connu des guerres. Les autorités de l’AES sont engagées pour libérer leurs pays et protéger les vies de leurs populations. Et c’est cela qui est prioritaire au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Il se trouve des Burkinabè, des Maliens et des Nigériens qui se moquent de la reconquête des territoires de l’AES comme de l’an quarante, et pire, qui sont en complicité avec des ennemis pour critiquer négativement tous les efforts qui sont faits et jeter l’anathème sur les soldats et les VDP qui se battent au prix de leur vie pour reconquérir les États du Sahel. Que voulez-vous qu’on fasse ? Qu’on encourage ces tristes sires dans leur insouciance, leur l’inconscience et leur inconséquence dans le but de faire d’eux de supers citoyens et de protéger la liberté d’expression ? C’est dans quel État que la guerre n’impose pas des restrictions de liberté quand on sait que la guerre elle-même restreint la liberté des citoyens ?

Par cette chanson hasardeuse et mal réfléchie, le grand artiste que vous êtes se jette lui-même dans la poubelle de l’histoire en trahissant son engagement, en défendant le mal face au bien, en célébrant les hommes médiocres, en s’accouplant avec les traitres de l’histoire. Et c’est le Tribunal de l’histoire qui scellera votre dernier jugement en vous livrant un verdict de déshonneur et d’humiliation de façon péremptoire. Si j’étais le Président de ce Tribunal de l’histoire, je vous aurais décerné un mandat de dépôt dans la maison du déshonneur et de l’ingratitude en attendant le jour du jugement pour vous condamner à la perpétuité de l’ignominie. Vous avez choisi la mauvaise voie au moment où l’histoire attendait votre glorieuse sortie pour vous célébrer. Vous avez emprunté la route de la déchéance au moment où les peuples de l’Afrique vous attendaient sur la route de la gloire. C’est peut-être votre fatal et inéluctable destin. Choir, déchoir et décevoir après tant d’années de gloire et de gloriole. La vie a plus que des vicissitudes et le temps est souvent notre pire ennemi. C’est pourquoi avoir une longue vie n’est pas toujours un honneur encore moins une infinie gratitude de Dieu. Je reste sur ma voie et je vous abandonne sur la vôtre. Il y a des priorités dans les États de l’AES et la liberté d’expression n’en fait point partie. C’est triste que notre divorce arrive après vingt-cinq années de folles amours. Mais, c’est la vie et le destin qui nous tiennent et nous dictent souvent leurs lois. Le monde est ainsi fait.

Ouagadougou le 10 août 2024

Adama Amade SIGUIRE

Écrivain Professionnel
Consultant en leadership et management des cellules sociales
Enseignant de philosophie
Citoyen de l’AES.

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