Depuis l’indépendance des pays africains, les nations occidentales se présentent comme des bienfaiteurs en offrant des aides dites pour le « développement ». Cependant, une analyse pointue révèle que ces aides ne sont pas en réalité destinées à véritablement développer les pays africains, mais servent souvent des intérêts géopolitiques et économiques dissimulés derrière un voile de philanthropie. Derrière ces aides, se cachent plusieurs éléments qui enfoncent davantage les pays africains dans un carcan de sous-développement indescriptible.
La nature conditionnelle de l’aide
La nature conditionnelle de l’aide occidentale est l’un des aspects les plus controversés des programmes d’assistance internationale en Afrique. Ces conditions imposées aux pays bénéficiaires sont souvent dictées par les politiques économiques et les intérêts des donateurs, plutôt que par les besoins réels des populations locales.
Par exemple, de nombreux bailleurs de fonds occidentaux exigent que les gouvernements africains mettent en œuvre des réformes structurelles favorables au marché, telles que la libéralisation économique, la privatisation des entreprises d’État et la réduction des dépenses publiques. Ces politiques, inspirées par le néolibéralisme, visent à créer un environnement économique favorable aux investissements étrangers et à favoriser la croissance économique. Cependant, elles entraînent également des conséquences néfastes pour les populations locales.
« En outre, des effets pervers de l’aide ont été largement reconnus : incitation à la corruption, aux relations de clientélisme, éviction de l’épargne nationale, encouragement de dépenses inutiles, mise sous dépendance des gouvernements…Les préoccupations quant à l’efficacité de l’aide en matière de croissance et de réduction de la pauvreté se sont accrues du fait de son échec dans les pays les plus aidés, particulièrement ceux d’Afrique subsaharienne», dira Gérard Azoulay dans son ouvrage ‘’ Les nouvelles formes de l’aide publique au développement et l’éventuel « retour de l’État » dans les pays d’Afrique subsaharienne’’
Aussi, la privatisation des industries publiques conduit à la perte d’emplois pour les travailleurs locaux, à la hausse des prix des biens et services essentiels, et à la concentration de la richesse entre les mains d’une élite économique. De même, la libéralisation économique favorisent l’exploitation des ressources naturelles sans réglementation adéquate, entraînant des dommages environnementaux et sociaux.
De plus, ces conditions imposées compromettent la souveraineté des États africains en limitant leur capacité à élaborer des politiques économiques adaptées à leurs besoins et à leurs priorités nationales. Les gouvernements sont souvent contraints de suivre les directives des bailleurs de fonds occidentaux pour accéder aux financements, ce qui affaiblit leur autonomie politique et économique.
Le maintien de la dépendance
Le maintien de la dépendance des pays africains vis-à-vis des pays donateurs est un problème majeur associé aux aides étrangères. Plutôt que de favoriser l’autonomie économique et le développement durable, ces aides contribuent souvent à perpétuer un état de subordination économique qui limite les perspectives de croissance et d’épanouissement des nations africaines.
Un exemple flagrant de ce phénomène est la dynamique des cycles d’aide et de dette. Les pays africains reçoivent régulièrement des aides financières et des prêts de la part des pays occidentaux et des institutions financières internationales pour financer leurs projets de développement. Cependant, ces prêts souvent assortis de conditions strictes et d’intérêts élevés, accroissent le fardeau de la dette pour de nombreux pays africains.
Prenons l’exemple des programmes d’ajustement structurel imposés par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale dans les années 1980 et 1990. Ces programmes exigeaient souvent la privatisation des industries publiques, la réduction des dépenses sociales et la libéralisation des marchés, ce qui a souvent entraîné une détérioration des conditions de vie pour de nombreuses populations africaines.
De plus, les pays africains qui sont fortement endettés se retrouvent souvent dans un cycle vicieux où une grande partie de leurs revenus est consacrée au remboursement de la dette, limitant ainsi leur capacité à investir dans des secteurs essentiels tels que l’éducation, la santé et les infrastructures. Cette dépendance accrue à l’égard des prêts étrangers maintient les pays africains dans une situation de subordination économique et entrave leur capacité à prospérer de manière autonome.
En conséquence, plutôt que de favoriser le développement durable, les aides étrangères peuvent parfois aggraver les inégalités économiques et maintenir les pays africains dans un état de dépendance perpétuelle. Pour briser ce cercle vicieux, il est essentiel de repenser les modèles d’aide et de dette afin de promouvoir une véritable autonomie économique et un développement inclusif en Afrique. Cela nécessite une approche plus équilibrée et transparente dans la gestion des ressources financières et une plus grande responsabilité des pays donateurs vis-à-vis de leurs engagements envers les nations africaines.
La concurrence géopolitique
La concurrence géopolitique constitue un aspect significatif des programmes d’aide occidentale en Afrique. Bien que ces programmes soient souvent présentés comme des initiatives de développement altruistes, ils sont également motivés par des intérêts stratégiques et géopolitiques des pays donateurs.
Prenons l’exemple de la Chine, qui a considérablement accru ses investissements et son influence en Afrique au cours des dernières décennies. En réponse à cette montée en puissance chinoise sur le continent, les pays occidentaux ont intensifié leurs propres efforts d’aide en Afrique, cherchant à contrer l’influence croissante de la Chine et à maintenir leur prédominance économique et politique dans la région.
Les pays occidentaux utilisent souvent l’aide comme un levier pour consolider leurs relations diplomatiques avec les gouvernements africains et pour renforcer leur influence dans la région. En offrant une assistance financière et technique, les pays donateurs cherchent à cultiver des alliances stratégiques et à garantir des partenariats économiques favorables à leurs propres intérêts.
De plus, la concurrence géopolitique entre les grandes puissances occidentales et d’autres acteurs émergents, tels que la Russie, la Turquie et les pays du Golfe, se manifeste également à travers leurs programmes d’aide en Afrique. Ces pays cherchent à étendre leur influence politique, économique et militaire sur le continent, ce qui crée une dynamique complexe de rivalités et d’alliances.
Par exemple, les États-Unis et l’Union européenne ont lancé des initiatives d’aide importantes en Afrique, telles que le Partenariat pour un Gouvernement Ouvert (PGO) et le Fonds Européen de Développement (FED), afin de consolider leur présence et leur influence dans la région. Ces initiatives sont souvent perçues comme des réponses directes aux efforts de la Chine pour renforcer ses liens avec les pays africains.
Les intérêts économiques
Les intérêts économiques jouent un rôle crucial dans les programmes d’aide occidentale en Afrique. Bien que ces programmes soient souvent présentés comme des initiatives visant à promouvoir le développement et à réduire la pauvreté, ils servent également les intérêts commerciaux et économiques des pays donateurs.
En effet, les entreprises occidentales cherchent souvent à profiter des opportunités commerciales découlant des programmes d’aide en Afrique. Les contrats attribués pour la mise en œuvre de projets d’infrastructure, de développement économique et social, ainsi que d’autres initiatives financées par l’aide, représentent des occasions lucratives pour ces entreprises d’étendre leur présence sur le marché africain.
Par exemple, les entreprises occidentales remportent des contrats pour la construction d’infrastructures telles que des routes, des ponts, des ports et des installations énergétiques, qui sont souvent financées par des fonds d’aide. Ces contrats leur permettent non seulement de réaliser des bénéfices importants, mais aussi de renforcer leur emprise sur les secteurs clés de l’économie africaine.
L’institut des Recherche économiques et fiscale soutient que : « Malgré des milliards d’aides publiques et privées, l’équivalent de plusieurs plans Marshall depuis 50 ans, l’Afrique reste le continent le moins développé au monde. Plus de 40 % de l’aide envoyée par les pays riches sont utilisés à l’achat d’armement et au maintien au pouvoir des dictateurs. Ce qu’il faut à l’Afrique c’est plus de libre-échange, moins de protectionnisme et de vrais droits de propriété ».
De plus, les programmes d’aide sont utilisés comme un moyen de garantir l’accès aux ressources naturelles stratégiques en Afrique. Les pays donateurs peuvent conditionner leur aide à des accords commerciaux permettant l’exploitation et l’exportation de ressources telles que le pétrole, le gaz, les minéraux et les terres arables. Cela permet aux entreprises occidentales de sécuriser l’approvisionnement en matières premières essentielles pour leurs économies.
Notre source ajoute que : Depuis le sommet du G8 à Gleneagles en Ecosse, l’aide à l’Afrique a doublé et va atteindre 50 Mds de dollars par an en 2010 (il ne s’agit que de l’aide publique). Son impact auprès des populations africaines n’est pas vraiment positif comme les chiffres l’indiquent. Plus encore, certaines études de la Banque Mondiale montrent qu’environ 40 % de cette aide sont utilisés pour des dépenses militaires et qu’un pourcentage élevé encourage l’apparition d’une forte bureaucratie qui vit de l’aide mondiale. Les contrôles pour vérifier si cette aide arrive bien aux populations sont difficiles car, au nom de la souveraineté nationale, ce sont les Etats receveurs qui la distribuent. Il n’y a pas de véritable incitation aux réformes en échange de l’aide reçue et encore moins de soutien à la démocratisation du pays. En dépit de ces milliards distribués, la dette des pays africains n’a cessé d’augmenter : de quelques milliards en 1950 elle atteint 150 Mds de dollars en 2007 ».
L’impact sur la souveraineté
L’impact sur la souveraineté est un aspect crucial des programmes d’aide étrangère en Afrique. Bien que l’aide soit souvent présentée comme un moyen d’apporter un soutien aux pays en développement, elle peut parfois compromettre la capacité des États africains à exercer pleinement leur souveraineté et leur autonomie politique et économique.
Les conditions attachées à l’aide étrangère sont l’un des principaux mécanismes par lesquels la souveraineté des États africains peut être affectée. Les bailleurs de fonds imposent souvent des conditions strictes aux pays bénéficiaires, telles que des réformes structurelles, des politiques d’ajustement économique et des mesures d’austérité. Ces conditions limitent la marge de manœuvre des gouvernements africains et les contraignent à adopter des politiques qui ne correspondent pas nécessairement à leurs besoins ou à leurs priorités nationales.
Par exemple, les réformes imposées par les bailleurs de fonds peuvent inclure la libéralisation des marchés, la privatisation des entreprises publiques et la réduction des dépenses sociales. Bien que ces politiques puissent être présentées comme des mesures visant à promouvoir la croissance économique et le développement, elles peuvent souvent avoir des effets néfastes sur les populations les plus vulnérables et compromettre la capacité des gouvernements à assurer le bien-être de leurs citoyens.
De plus, les conditions attachées à l’aide étrangère influencent les décisions politiques des gouvernements africains et limitent leur capacité à poursuivre des politiques de développement adaptées à leurs contextes locaux. En effet, les gouvernements se retrouvent sous pression pour mettre en œuvre des réformes impopulaires ou controversées afin de garantir le financement étranger, ce qui compromet leur légitimité et leur capacité à répondre aux besoins de leur population.
L’aide étrangère peut avoir un impact significatif sur la souveraineté des États africains en restreignant leur capacité à prendre des décisions politiques et économiques indépendantes. Il est crucial de revoir les conditions attachées à l’aide et de promouvoir des approches plus inclusives et respectueuses de la souveraineté nationale des pays africains dans le processus de développement.
La question qu’il faille se poser est : comment renoncer à ces aides « empoisonnées » et amorcer un véritable développement dans les pays africains ?
La Rédaction de Laguinee.info