Depuis le discours du président de la transition à la télévision nationale le 31 décembre dernier, les réactions se multiplient suite à l’annonce de la mise en place des délégations spéciales pour diriger les communes urbaines de la Guinée au cours du premier trimestre de l’année 2024. Cette décision énoncée par le colonel Mamadi Doumbouya, a suscité divers avis, notamment à Kindia, où de nombreux acteurs sociopolitiques ont exprimé leurs points de vue, a rapporté le correspondant régional de Laguinee.info.
« Si on arrive à penser remplacer de nouvelle personne ou de nouvelle tête avec la nouvelle conscience pour pouvoir développer le pays, sincèrement ça serait une bonne chose et nous prions le tout-puissant que ce temps-là arrive et que le peuple arrive à comprendre pour pouvoir changer ces mairies en les remplaçants par les délégations spéciales. Avant, avec la Révolution populaire, tout le monde connaissait celui qui peut être élu comme maire parce que c’est visible, quand vous voyez un citoyen qui a la qualité d’avoir le souci de la population, c’est très facile que ces délégations spéciales viennent », a expliqué Elhadj Django Cissé, Secrétaire fédéral du PDG-RDA de Kindia.
Pour le coordinateur de la Plateforme des Jeunes Leaders de Guinée pour la Démocratie et le Développement, les autorités doivent mettre l’accent sur la compétence: «La mise en place ou l’installation des délégations spéciales, la loi l’autorise à faire sauf qu’il ne faut pas que ça soit comme l’affaire du CNT c’est à dire on pense à l’ethnie, on pense au régionalisme, on pense également à la position politique des uns ou des autres. Qu’on trouve des gens qui sont capables et qui connaissent un peu c’est quoi la gouvernance locale. Si c’est un bon vieux qui peut faire vraiment l’affaire de la commune urbaine de Kindia, il faut aller avec lui mais si c’est un jeune qui est capable aussi de le faire, il faut aller avec ce jeune. Moi c’est pas un problème d’âge qui m’intéresse mais quelqu’un qui connait vraiment la gouvernance locale, quelqu’un qui connait c’est quoi réellement le développement d’une commune », a précisé Salifou Sylla.
La première vice-maire de la commune urbaine de Kindia a affirmé que le remplacement des conseils communaux par des délégations spéciales est une procédure normale. Elle a souligné que leur mandat actuel arrive à son terme. « Si le mandat est fini, il est normal qu’on remplace conseillers car les communes, le mandat c’est pour 5ans et si les 5ans sont terminés, on devrait même organiser les élections locales avant même la fin des 5ans, mais si on a attendu que les 5ans finissent et les autorités demandent la mise en place des délégations spéciales, c’est tout à fait normal. Le commandement n’est pas éternel, le commandement s’est pour un temps et si le temps arrive, il faut céder et puis le temps donnera raison au temps », Madame Aminata Oularé.
Diouldé Barry, acteur de la société civile pense qu’habituellement, à la fin de chaque année, le président fait un discours pour faire le point sur l’état d’avancement des activités nationales. Cependant, dit-il, après avoir écouté ce discours, il manque quelque chose d’important. Selon cet acteur de la société civile, avant l’arrivée au pouvoir de cette transition dirigée par la junte, le pays traversait des crises. Ces crises persistent et certains aspects cruciaux n’ont pas été abordés, notamment le retour à l’ordre constitutionnel. Le pays étant en transition, cette période est considérée comme fragile aux yeux des Occidentaux et des Guinéens. Il estime que le président aurait dû mentionner les efforts entrepris pour rétablir l’ordre constitutionnel : « Nous ne sommes pas dans un pouvoir normal, donc, je crois bien une transition c’est quelque chose qui est fragile dans les yeux des Occidentaux, dans les yeux des Guinéens. Le président de la République devrait quand même signaler sur quoi ils sont en train de travailler pour le retour à l’ordre constitutionnel. Donc, c’est ça que le Guinéen attendait de plus. C’est quelque chose qui mérite d’être revu par les Guinéens tout le monde doit quand même se poser la même question », a-t-il déclaré.
Il pense que malgré des actions en cours, la transition en question ne progresse pas suffisamment. Il a souligné qu’il reste un an sur un chronogramme de deux ans, validé par la junte, et il est, dit-il, essentiel de situer l’évolution vers le retour à l’ordre constitutionnel. De plus, M. Barry critique le fait que les responsables politiques ont tendance à toujours présenter une image positive de l’économie, même si la réalité est différente, afin de maintenir l’espoir au sein de la population:
« Quelles que soient [les situations, ndlr], on ne peut pas dire que la transition ne fait absolument rien. Il est en train de faire quelque chose on le sait mais nous voulons de plus. Ce plus c’est de nous situer sur le chronogramme qui a été pris, parce qu’un chronogramme de deux ans avait été validés par cette même junte donc on doit nous situer car il ne reste plus qu’un an. Donc on doit nous situer de quoi nous évoluons pour le retour à l’ordre constitutionnel. Et surtout quand il disait dans le même discours que l’économie va bien je crois bien c’est le rôle d’un responsable. il dira pas que ça ne va pas il doit toujours nourrir sa population d’espoir même si ça ne vas pas »
Depuis Kindia, Joël Francis Kolié 33.10, pour Laguinee.info