dimanche, novembre 24, 2024
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Massacres du 28 septembre : Hadja Halimatou Dalein raconte sa douloureuse mésaventure 

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Comme Cellou Dalein Diallo, Hadja Halimatou Dalein Diallo était au stade du 28 septembre en 2009, jour des massacres perpétrés par les forces de défense et de sécurité guinéennes. Des crimes contre l’humanité qui ont coûté la vie à plus de 150 personnes, plusieurs blessés graves, des disparus et des femmes violées. Dans une interview qu’elle a accordée à la rédaction de Laguinee.info ce mercredi 29 septembre 2021, Hadja Halimatou Dalein Diallo a accepté de revenir sur sa mésaventure, notamment sur comment elle a été sauvée ce jour.

Selon l’épouse de Cellou Dalein Diallo, elle eu la vie sauve grâce à la bravoure pour un premier temps de deux jeunes militants de l’UFDG qui l’ont retiré de la foule pour l’amener dans une fosse septique dans l’enceinte du stade, qui leur ont servi d’abri jusqu’à l’arrivée d’un de ses voisins.

« Ma sœur aînée et moi nous étions à la loge officielle avec les leaders. Ma petite sœur et mon frère étaient sur la pelouse. Ce que je retiens de ce jour, c’est de la tristesse, de la violence, du sang, de la barbarie. C’est par miracle que j’ai pu quitter le stade. Il y a deux jeunes militants de l’UFDG qui m’ont reconnu, ils m’ont dit Hadja, venez. Ils m’ont obligé à les suivre, je les ai suivis. En ce moment, c’est la bousculade, la débandade totale et puis tout le monde courait. C’est en ce temps que je me suis séparée de ma sœur. A un moment donné, nous sommes venus vers le Palais des sports, il y avait une fosse septique là. Il y avait un peu d’herbe sèche. Arrivée, le jeune a regardé dans le trou, il m’a tiré dans la fosse. Il y avait une fille qui était là aussi à côté qui nous regardait, je l’ai dit viens, on s’est retrouvé quatre dans la fosse septique. Quand nous sommes tombés dans le trou, il a pris toutes les herbes qui étaient à côté, il les a mises sur nous. On est restés là. En ce moment, les gens couraient et criaient partout, pendant que nous, on était dans le trou. Heureusement pour nous, je n’avais pas perdu mon téléphone. Un voisin m’a appelé, j’ai pris le téléphone; mais, il y avait des agents des forces de l’ordre qui étaient à côté, j’ai répondu doucement à l’appel. Il m’a dit Hadja vous êtes où ? J’ai dit que je suis à l’intérieur du stade, il m’a dit je viens, je vais tenter. Il avait un véhicule « EP ». Bien qu’il y avait des militaires à la porte, il est entré, personne ne l’a arrêté. Il m’a appelé, je lui ai indiqué l’endroit où j’étais, il est venu. C’était vers 18 heures. On est restés un peu, parce qu’il y avait des groupuscules dans tous les côtés. Quelques minutes après, on est sorti de la fosse pour entrer dans le véhicule. Entre-temps, ma belle sœur m’appelle, elle me dit comment va mon frère ? J’ai dit je ne sais pas s’il n’est pas mort, parce que la façon dont je l’ai vu partir, je ne sais pas s’il n’a pas été tué. Après, j’ai dit au monsieur d’aller chez ma petite sœur, parce qu’elle habite juste à côté du stade. Elle aussi n’était pas chez elle. On l’appelle, son téléphone ne passe pas», raconte-t-elle.

Malgré qu’elle était toujours traumatisée, Hadja Halimatou Dalein Diallo a encore emprunté la route qui était occupée par des militaires à la recherche de son époux. Pendant ce temps, Elhadj Cellou Dalein Diallo et plusieurs autres leaders étaient admis pour un premier temps au Camp Samory pour leurs soins avant d’être transférés à la Clinique Pasteur.

« Entre-temps, il y a un médecin qui m’appelle pour me dire qu’il est avec Elhadj, qu’ils sont au Camp Samory. J’ai dit au monsieur: allons voir si on peut passer. Quelques temps après, les voisins m’appellent pour me dire qu’ils sont venus à la maison pour saccager. Imaginez tous ces problèmes en même temps. J’ai dit qu’ils n’ont qu’à saccager, ce qui m’intéresse, c’est la vie de mon mari. Lorsqu’on était prêt à sortir, ma sœur aînée aussi est arrivée ensanglantée, avec du sang partout sur son corps. On a pris ensemble la route pour le Camp. En ce moment, il y avait plein de militaires au niveau du pont 8 novembre. Dès qu’on est arrivés au Camp, le médecin m’a dit allez à la clinique Pasteur, ils ont été transférés là-bas. C’est dans cette clinique que je l’ai trouvé;mais, il était dans le coma. Il était gravement blessé, il avait trois côtes cassées. Il était admis dans cette clinique avec Sidya Touré, Jean-Marie Doré et plusieurs autres leaders », a-t-elle fait savoir.

Le 28 septembre dernier, les victimes de ces événements douloureux ont commémoré le douzième triste anniversaire de ces massacres sans justice, ni réparation. Hadja Halimatou Dalein Diallo invite les nouvelles autorités du pays à organiser très rapidement un procès juste et équitable pour rendre la justice à ces victimes.

Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo et Abdourahmane Diallo pour Laguinee.info

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