Les Guinéens ont besoin d’autre chose aujourd’hui, que de ces polémiques à n’en pas finir qu’ils subissent dans des débats d’égos et de conflits d’intérêt.
Ils aspirent à mieux que les faux espoirs dont beaucoup voudraient les nourrir encore, pour les détourner du monde réel et de la vraie vie qui appellent à de nombreux sacrifices, et exigent de tous du courage et un sens élevé de la responsabilité.
La Guinée est dans une mutation profonde qui, aux yeux de certains, n’a qu’une finalité politique, alors que les Guinéens, dans leur majorité, aspirent à vivre dans un pays meilleur où les intelligences et les compétences ne s’aliènent pas dans de fausses passions, et ne brillent pas par leur démarcation de toutes les valeurs.
Au nom de la politique et pour les politiques !
Quand la politique s’invite dans tout, chez tout le monde, les citoyens se retrouvent comme piégés, partagés entre ce qui est vrai et qu’ils savent parfois, et ce que l’on voudrait leur faire croire pour les consoler des épreuves cruelles de la réalité implacable que peu de citoyens semblent disposés à affronter et accepter.
La Guinée n’est pas un pays à part, les Guinéens ne vivent pas coupés des autres. Aussi, est-il facile de comparer ce qui se passe ici à ce qu’il y a ailleurs, avant de se risquer à prendre position dans la béatitude de fausses certitudes en comptant sur l’immunité, voire l’impunité des clameurs populaires.
Peut-être, faudrait-il préjuger de la bonne foi des uns, de l’innocence des autres, pour s’expliquer sur un sujet qui semble l’espoir pour beaucoup de revenir dans le débat et de compter à nouveau, en défendant une cause qui est certes commune, mais semble aussi être l’affaire de certains en particulier.
- Personne ne peut contester que le prix du baril a augmenté sur le marché international. Peut-on acheter au même prix un produit quand sa valeur n’est plus la même ?
- Même les pays, producteurs de pétrole, en raison des frais d’exploitation, réajustent leurs prix au gré des fluctuations du marché. Paradoxalement aussi, ils connaissent des pénuries. Ce qui est valable ailleurs, ne le serait-il pas chez nous ?
- La Guinée emboîte le pas à tous les autres, après avoir attendu longtemps de le faire, tout en espérant ne pas le faire grâce à une éventuelle baisse des prix sur le marché.
A ce propos, le réajustement des prix à la hausse ou à la baisse, n’est pas considéré comme une décision politique ou un sondage d’opinion, mais une nécessité économique. Beaucoup de citoyens dans le monde s’en rendent compte en allant dans les stations-service. Le professeur Alpha Condé, lui, souhaite que tout soit expliqué aux populations, que même l’impossible soit fait pour les contenter. - En maintenant des prix qui seront alors nettement en deçà de ceux des autres, la Guinée, malgré elle, va approvisionner les pays limitrophes, et donc importera plus qu’elle n’en a besoin. Conséquemment, sa facture en devises sera plus salée aux dépens de sa balance de paiement.
- L’État veille à ce que le prix soit le même partout en Guinée, alors que dans certains pays, en fonction des coûts liés notamment au transport pour l’acheminent du carburant vers l’arrière-pays, les prix augmentent.
- Le budget est voté par les députés. C’est une loi donc. Il y a des recettes prévues au titre de la taxe spéciale sur les revenus pétroliers. Si elle baisse, l’Etat perd des revenus. En plus de la loi qui est violée avec les prévisions de recettes qui n’auront pas été atteintes, on déséquilibre le budget. Parce que si les recettes n’augmentent pas, les dépenses, elles, ne cessent de croître face aux besoins grandissants du pays. Où ira-t-on chercher le manque à gagner?
- L’Etat guinéen est le seul qui fait du social tous azimuts, sans en avoir forcément les moyens : près de 350 millions d’euros par an pour subventionner l’électricité, parce qu’elle coûte beaucoup moins cher en Guinée qu’ailleurs, alors que la plupart des clients ne payent pas leurs factures. Maintenant que l’électricité est plus abondante et régulière, les coûts sont plus élevés, et c’est l’Etat qui supporte l’essentiel des charges. La même situation pour l’eau.
Malgré tout cela, seul l’Etat guinéen, quand les autres ont différé le payement, a supporté pendant une longue période les factures d’électricité des ménages à faible revenu.
En réalité, la mesure a concerné tout le monde. Les chiffres en font foi et malgré ce qu’on entend parfois, il y a eu bel et bien gratuité de l’électricité et de l’eau, ainsi que du transport public dans un temps déterminé, avec un coût précis acquitté en grande partie à ce jour auprès des sociétés d’eau, d’électricité et de transport.
À propos, on peut lancer le défi à quiconque de citer l’exemple d’un État qui a donné gratuitement de l’électricité et de l’eau à ses populations, pendant la crise sanitaire mondiale que nous vivons actuellement.
Les denrées de première nécessité comme le riz et d’autres, bénéficient d’un régime douanier spécial pour ne pas que le prix de vente soit affecté, qu’il soit surtout accessible au plus grand nombre.
L’ Etat, dans sa politique sociale pour protéger le pouvoir d’achat des Guinéens et ne pas les exposer à une grande vulnérabilité, connaît une importante saignée financière.
Les 146 milliards de pertes mensuelles dues au maintien des prix à la pompe des produits pétroliers, n’étant que la partie visible de l’iceberg.
Certes, c’est le prix de la paix sociale, dira-t-on. Mais, c’est au prix aussi de la dégradation des finances publiques et au détriment d’autres besoins dont la satisfaction profitera à tous les Guinéens. Les ressources qui vont aux subventions de toute nature, pourraient servir à construire des routes, des écoles, des hôpitaux, des industries, à développer l’agriculture, l’entreprenariat jeunes et celui des femmes, bref, à l’amélioration de l’indice humain de développement de notre pays, à booster notre progrès économique et social.
Tous les Etats vivent de taxes et d’impôts pour avoir les moyens de leur politique. Si le peu que nous recueillons, parce que de ce point de vue aussi c’est le seuil minimal (par exemple, ni taxe foncière, ni système de péage pour entretenir les routes et en faire de nouvelles), est aussi compromis, que fera l’Etat ?
Payer un impôt ou prélever une taxe est-il pire que de n’avoir pas d’hôpitaux, ou de s’y rendre sans espoir de bénéficier de soins adéquats, faute de médicaments et d’équipements ? Ou de n’avoir pas de bonnes écoles et de bonnes routes dans le pays ?
Partout dans le monde, on dit que l’Etat vit sur le dos des citoyens ; en Guinée, ce sont les citoyens qui vivent sur le dos de L’Etat. Et cela depuis longtemps.
Voilà la vérité que les Guinéens dans leur majorité ne savent pas, que certaines élites veulent continuer à leur cacher.
A des fins de politique politicienne, en faisant courir à leur pays, à notre pays le risque d’être ingouvernable.