Si l’activité qui consiste à fabriquer des chaussures en cuir a du mal à prospérer, c’est parce qu’elle manque d’accompagnement de la part des autorités du pays. C’est ce que laissent entendre de nombreux pratiquants de ladite activité, rencontrés ce samedi, 29 mai 2021 par un de nos reporters. Pour eux, les commerçants sont à la base de la dévalorisation de leur production. Ils en veulent à ceux-ci pour leur préférence des chaussures en cuir fabriquées au Sénégal.
Ousmane Kindi Diallo fabrique des chaussures en cuir depuis 30 ans. En plus de la rareté des clients, il est confronté à un autre casse-tête.
« Je ne traite pas la peau. J’achète les peaux bien traitées pour fabriquer des chaussures, des ceintures et des portefeuilles. Cela fait 30 ans que j’ai commencé à exercer cette activité. Par jour, je peux fabriquer 10 portefeuilles. S’il s’agit des ceintures, je peux faire 8 par jour mais les chaussures, c’est à 7 paires par jour car il y a plusieurs qualités de chaussures. En ce qui concerne les clients, certains viennent acheter en gros chez nous pour partir revendre. Mais le plus souvent, c’est à l’approche des fêtes que nous constatons l’engouement des clients. Les matériels sont difficiles à gagner parce que j’achète la peau sèche bien grattée à 25000 francs guinéens, que ce soit celle de la chèvre ou du mouton. La boîte de colle qui était revendue à 20000 francs guinéens est vendue actuellement à 40 000, et d’ailleurs, d’autres commerçants en revendent à 45000 francs guinéens », indique-t-il.
Elhadji Oumar Doumbouya exerce aussi la même activité. Mais quant à lui, il achète la peau animale à l’état brut. Le séchage et le grattage, c’est lui qui s’en occupe. Ce qui lui permet de dépenser peu pour cette peau qui est la matière première dans la fabrication des chaussures en cuir.
« Moi, j’achète les peaux à l’état brute à 3000 francs guinéens pour sécher et bien gratter afin de fabriquer des chaussures et d’autres objets dont je ne peux pas te cité tous. Les chaussures, nous les revendons à 30000 francs guinéens par paire. Le prix en gros, les portefeuilles à 10000 francs guinéens et les ceintures à 15000 francs guinéens », dit-il.
Comme plusieurs autres activités artisanales, la fabrication des chaussures en cuir manque d’accompagnement de la part de l’Etat guinéen. Une situation que dénoncent les pratiquants.
« Si au moins les autorités interdisent l’importation de ce genre de chaussures, ce serait mieux. Mais même cela n’est fait. C’est pourquoi les produits fabriqués en Guinée n’ont aucune valeur aux yeux de la population. Comme vous le constatez, quand les fêtes passent, j’emballe presque toutes les chaussures dans les plastiques pour ne pas qu’elles se salissent et deviennent invendables, car ça nous arrivait souvent. En plus, avant 2010, les étrangers venaient acheter pour envoyer dans leurs pays mais malheureusement on les sent plus en Guinée », dénonce un autre fabricant des chaussures en cuir.
Mamadou Aliou 2 Sow pour Laguinee.info