La nomination de Fodé Bangoura au poste de secrétaire permanent du cadre permanent du dialogue politique et social par le chef de l’Etat, continue à être diversement appréciée. Le président de l’Alliance Démocratique pour le Renouveau (ADR) fait partie de ceux qui ne s’attendent pas à grand-chose de la part de cet ancien dignitaire du régime de Lansana Conté. Il estime que, dans la situation actuelle du pays, un leader politique est mal placé pour rétablir le dialogue entre l’opposition et le pouvoir d’un côté et de l’autre, entre ce même pouvoir et la classe sociale. C’est ce qui ressort d’un entretien qu’il a accordé à un journaliste de Laguinee.info ce lundi, 24 mai 2021.

Pour Alpha Oumar Taran Diallo, leader de l’ADR, il y a des préalables plus urgents que la nomination de Fodé Bangoura. Il cite entre autres le cas des détenus politiques et le refus de l’Etat à rouvrir les frontières du pays avec le Sénégal et la Guinée Bissau.

« Au-delà de la personnalité choisie, la volonté politique, à notre avis, n’est pas réelle. Parce que s’il y avait une volonté politique d’aller vers un dialogue sincère et inclusif capable de sortir le pays de cette situation de crise permanente, il y aurait eu des préalables. Pour nous, la population guinéenne a une préoccupation essentielle. La première des choses,  c’est la libération des détenus politiques et sociaux. Puisque comme vous le savez, il y a des journalistes, il y a des acteurs sociaux. Le deuxième problème c’est l’ouverture des frontières. Nous avons décidé de manière unilatérale de fermer nos frontières. Cela a causé un préjudice énorme au niveau de nos producteurs locaux mais aussi au niveau de nos acteurs économiques. Nous sommes dans un pays qui vit une situation de crise politique, économique, sociale, sanitaire. Et d’ailleurs la crise sanitaire au niveau mondial, emmerde tous les pays de sorte que les fonds se rarifient. Donc nous devrions faire en sorte que nos acteurs locaux, du point de vue économique, ne tombent pas. On devait faire en sorte que l’économie locale tourne pour qu’on puisse au moins avoir des moyens à mettre à la disposition de l’Etat à travers les différents impôts pour faire fonctionner notre pays. Au lieu de cela, ils ont fermé les frontières », a dit Alpha Oumar Taran Diallo, président de l’ADR.

Un dialogue constructif, ajoute le jeune politicien, passe « dans un premier temps par ces gestes d’apaisement, de détente que je viens d’indiquer mais les respect des textes de loi qui régissent le fonctionnement de notre pays. Nous d’ailleurs au niveau de l’ADR c’est pas un petit dialogue que nous demandons. Depuis 2019 pratiquement nous n’avons cessé de lancer un appel pour qu’il ait des assises nationales qui vont dessiner les contours de la Guinée que nous voulons léguer à nos enfants ».

Sans le dire directement, Alpha Oumar Taran Diallo n’est pas pour la nomination de Fodé Bangoura comme secrétaire permanent du dialogue politique et social. Il voulait plutôt une personne consensuelle à ce poste.

« Quand tu veux mettre en place un dispositif de ce genre, tu veux qu’il fonctionne, il faut de personnalité consensuelle. Mais si tu mets déjà quelqu’un qui est à la tête d’un parti politique, toute suite, ça pose problème (…). Les dialogues qui ont précédé, n’ont jamais été appliqués », se justifie-t-il.

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