La garde à vue du journaliste Thierno Amadou M’Bonet Camara, administrateur général du site d’information Guinée114.com, ravive les inquiétudes autour de la liberté de la presse en Guinée. Il a été interpellé ce mardi 17 juin par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) à Kaloum, à la suite d’une plainte pour « diffamation et injure » déposée par Thierno Mamadou Bah, conseiller personnel du président de la Transition, le Général Mamadi Doumbouya.
Selon les informations recueillies auprès de sources proches du dossier, Thierno Amadou M’Bonet Camara s’est présenté de lui-même dans la matinée à la DCPJ, conformément à une convocation reçue la veille. Après plusieurs heures d’audition dans les locaux de la direction policière, il a été retenu en garde à vue, sans qu’une décision judiciaire officielle n’ait encore été annoncée concernant sa libération ou sa possible présentation devant un procureur.
Joint dans la soirée par des confrères, le journaliste a confirmé être poursuivi pour diffamation et injure, précisant que les faits reprochés font suite à une plainte déposée personnellement par le haut responsable de la présidence.
Dans un message publié le lundi 16 juin sur ses canaux numériques, Thierno Amadou M’Bonet Camara avait déjà informé son public d’une convocation imminente par la DPJ, en lien avec une plainte dont il venait d’être informé.
Moins de 24 heures plus tard, la procédure a pris une tournure plus préoccupante, avec son maintien en détention.
Des voix s’élèvent pour dénoncer un climat d’intimidation
Cette affaire suscite une forte mobilisation au sein de la corporation journalistique et des organisations de défense de la liberté de la presse. Si les faits de diffamation et d’injure peuvent, en effet, faire l’objet de poursuites judiciaires, le recours à la privation de liberté d’un journaliste dans le cadre de ce type de contentieux interroge, notamment sur le respect des engagements internationaux pris par la Guinée en matière de droits humains.
Plusieurs acteurs de la société civile dénoncent une judiciarisation excessive de la parole critique, surtout lorsqu’elle émane des médias indépendants. Ils pointent du doigt une utilisation potentiellement abusive de la procédure pénale pour faire taire des voix perçues comme dérangeantes pour les cercles du pouvoir.
Dans un pays où les journalistes jouent souvent un rôle de contre-pouvoir, cette nouvelle affaire rappelle celle d’autres confrères inquiétés par la justice ces dernières années, dans un contexte où la liberté de la presse reste fragile.
Laguinee.info