Ce jeudi, les Burundais sont appelés aux urnes pour élire leurs députés à l’Assemblée nationale et leurs conseillers communaux. Il s’agit du premier scrutin législatif depuis 2020, date marquant l’entrée en fonction du président Évariste Ndayishimiye. Une étape électorale d’envergure, perçue comme un test décisif pour la légitimité de son leadership, dans un contexte national profondément marqué par une crise économique persistante.
Selon la Banque mondiale, 76 % de la population burundaise vit sous le seuil de pauvreté. La flambée du coût de la vie et les pénuries de carburant alimentent un climat de frustration généralisée, dans lequel l’enjeu des élections dépasse la simple composition du Parlement : il s’agit aussi, pour beaucoup, d’exprimer leur ras-le-bol ou leur résignation face à des conditions de vie de plus en plus difficiles.
Un scrutin sous tension
L’Assemblée nationale, composée de 123 sièges, verra 100 députés élus au suffrage direct. Les 23 sièges restants seront attribués par cooptation, conformément à un système électoral à la fois complexe et contraignant. Ce dispositif repose sur une représentation proportionnelle à liste fermée : les électeurs votent pour des listes de partis, et non pour des candidats individuels. Les sièges sont ensuite répartis proportionnellement aux voix obtenues par chaque formation.
Par ailleurs, le cadre électoral prévoit des quotas visant à garantir l’équilibre ethnique et la parité hommes-femmes, ajoutant à la complexité de l’architecture institutionnelle burundaise.
L’opposition fragilisée
Mais cette élection est entachée par l’exclusion de figures majeures de l’opposition, à commencer par Agathon Rwasa. La disqualification de sa candidature, ainsi que celle de plusieurs de ses proches, a provoqué une onde de choc dans une partie de l’électorat. L’espoir de voir émerger une alternative politique crédible semble s’être estompé pour nombre de citoyens, désabusés par un processus électoral qu’ils jugent inéquitable.
Entre attentes et désillusion
Dans ce contexte, le scrutin de ce jeudi apparaît comme un révélateur des forces en présence, mais surtout du niveau de confiance ou de défiance que les Burundais accordent à leurs dirigeants. Si certains y voient une occasion de faire entendre leur voix, d’autres s’interrogent sur l’impact réel de leur vote face à un paysage politique de plus en plus verrouillé.
Pour le président Ndayishimiye, les résultats de ces élections constitueront bien plus qu’un baromètre politique : ils seront l’expression d’un pays en quête de stabilité, de justice sociale et de perspectives économiques concrètes. Reste à savoir si les urnes livreront un message de soutien, de protestation… ou de résignation.