En visite officielle de 48 heures en Guinée, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a été interpellé par des organisations sénégalaises de défense des droits humains sur la situation des libertés civiles et politiques dans le pays. Avant même son arrivée à Conakry, ces organisations avaient publié un communiqué l’invitant à évoquer avec les autorités guinéennes les cas signalés de disparitions forcées et de répression à l’encontre des opposants.
C’est au cours d’une conférence de presse conjointe, tenue ce lundi au palais de la Colombe avec son homologue guinéen Amadou Oury Bah, que Sonko a brièvement répondu à cette sollicitation. Fidèle à sa ligne de prudence diplomatique, le chef du gouvernement sénégalais a exprimé sa position avec fermeté mais retenue.
« Les États, quel que soit le niveau de fraternité et d’amitié qu’il y a, ont une réalité interne qu’il faut respecter », a-t-il déclaré.
« Aujourd’hui, il y a des gens qui sont arrêtés au Sénégal pour différents délits que certains qualifient de politiques. Et ce n’est pas aux autorités guinéennes de venir au Sénégal nous dire ce qu’il faut faire. Je m’abstiendrai, par respect, de venir en Guinée pour avoir à dicter au Guinéen ce qu’il y a à faire. »
Face aux appels de la société civile à prendre position, Ousmane Sonko a préféré mettre en avant la stabilité régionale et les échanges discrets entre dirigeants. « Si mes relations amicales et fraternelles me le permettent, et si je devais en parler, ce serait en douce, amicalement, mais je ne viendrai pas ici dans une conférence de presse pour vous dire que j’ai dit ceci ou que j’ai fait cela », a-t-il insisté.
Cette déclaration, bien que nuancée, marque une volonté claire d’éviter toute ingérence publique dans les affaires internes de la Guinée, tout en laissant entendre que des discussions confidentielles pourraient avoir lieu en marge de sa visite.
Déjà la veille, Ousmane Sonko avait affirmé : « Je n’ai jamais cru sérieusement aux frontières artificielles qui nous ont été imposées », soulignant ainsi son attachement à une solidarité africaine au-delà des divisions nationales. Mais cette solidarité, selon lui, ne doit pas se traduire par des injonctions publiques, surtout sur des sujets aussi sensibles que les droits humains.
Sa visite à Conakry, axée sur le renforcement de la coopération bilatérale, intervient dans un contexte régional marqué par des tensions politiques et des inquiétudes croissantes sur le respect des libertés fondamentales.
Alors que les organisations sénégalaises attendaient une prise de parole forte sur la situation guinéenne, Ousmane Sonko a choisi de conjuguer amitié diplomatique et réserve stratégique. Reste à savoir si cette posture sera suffisante pour répondre aux attentes de la société civile africaine, de plus en plus exigeante sur les questions de gouvernance et de droits humains.
Laguinee.info