L’arrestation, jeudi 16 mai, de l’ancien Premier ministre tchadien et président du parti Les Transformateurs, Dr Succès Masra, continue de susciter indignation et interrogations. Dans un communiqué publié ce week-end, son parti dénonce un “enlèvement politique” et accuse les autorités de fabriquer des accusations à partir d’un “montage grossier”.
Selon Les Transformateurs, l’interpellation de leur leader repose sur une bande sonore « mastérisée » à l’aide de l’intelligence artificielle, vieille d’au moins deux ans. Cette preuve sonore aurait été utilisée pour établir un lien entre M. Masra et les violences survenues récemment à Mandakaou, ce que le parti qualifie d’“invraisemblance judiciaire”.
“Le Procureur tente de justifier une inculpation en se basant sur un enregistrement qui n’a rien à voir avec les événements actuels”, s’insurge le communiqué. Le parti dénonce une “collaboration incestueuse” entre le ministère public et le gouvernement, accusé de vouloir faire taire “le véritable vainqueur” de la présidentielle de 2024.
Les Transformateurs rappellent que les propos de leur chef, prononcés en français et en langues locales, “n’étaient ni cachés, ni haineux”, et avaient été couverts par l’accord politique de Kinshasa et la loi d’amnistie de 2022. Ils y voient donc une tentative de criminaliser rétroactivement une prise de parole publique, déjà connue des autorités.
En toile de fond, le parti évoque la peur d’un régime “hanté par le hold-up électoral” et prêt à “anéantir toute opposition par tous les moyens”. Des accusations également portées contre certains membres du gouvernement, comme le ministre Abderamane Koulamallah, pointé du doigt pour ses propos “clivants”.
Les Transformateurs appellent à la libération immédiate de Dr Masra, au respect des principes républicains et à un dialogue politique sincère. Le parti dit prendre “à témoin l’opinion nationale et internationale” sur les dérives d’un État qui, selon lui, “cherche à faire taire toute voix dissidente”.
Pour l’heure, les autorités tchadiennes n’ont pas officiellement répondu à ces accusations. Le pays, encore marqué par les tensions postélectorales, s’enfonce un peu plus dans la crise politique.