spot_img
spot_imgspot_imgspot_imgspot_img
spot_img

Dédicace à Conakry : Lydie Tonguino retrace son parcours dans “L’univers de Lossi”

À LIRE AUSSI

Ce samedi 17 mai 2025, l’amphithéâtre de l’Université française Keyce Academy de Conakry a résonné d’émotion, de rires et de silences touchants. L’auteure guinéenne Lydie Tonguino y a présenté et dédicacé son tout premier roman, L’univers de Lossi, publié chez Innov Éditions Guinée.

Devant une centaine d’invités: parents, amis, collègues, lecteurs et personnalités engagées. Cette figure montante de l’activisme féminin a offert bien plus qu’un simple livre : un cri du cœur, un hommage familial et une déclaration de guerre aux violences faites aux filles et femmes.

Une voix pour les oubliées, un hommage aux mères silencieuses

Dès les premières minutes de la cérémonie, l’ambiance a été donnée. Lydie Tonguino, en toute simplicité mais pleine d’assurance, est montée sur scène, livre en main. Elle commence par une confidence, qui en dit long sur le moteur de son engagement :

« Lossi, c’est le nom de jeune fille de ma grand-mère. Cette femme à qui je dois mon éducation, ma croissance professionnelle, tout ce que je suis aujourd’hui. »

Avec tendresse et émotion, elle brosse le portrait de cette femme discrète mais déterminée qui, dans l’ombre, a fait d’elle une battante. Le livre, précise-t-elle, est autobiographique sans être nombriliste. Il est le reflet d’un parcours semé d’embûches, de luttes silencieuses et de victoires intimes.

Écrire pour guérir, écrire pour inspirer

L’idée d’écrire ce livre ne date pas d’hier. Lydie confie qu’elle porte en elle cette envie depuis l’enfance. Mais il lui fallait du temps, de la maturité, et une cause qui dépasse l’égo.

« J’ai toujours aimé écrire. J’ai voulu utiliser ma plume et mon histoire pour inspirer les jeunes filles à faire preuve de résilience et de détermination. »

Et le mot « détermination » n’est pas choisi au hasard. Car l’ouvrage raconte, à travers le personnage de Lossi, une série de luttes vécues : des abus silencieux, des barrières invisibles dans une société patriarcale, mais aussi l’espoir et les ressources que chaque femme porte en elle.

« J’ai dénoncé dans le livre les violences basées sur le genre. C’est un message à l’endroit des autorités, des leaders et surtout des jeunes filles elles-mêmes. Elles doivent savoir qu’il est possible de se relever malgré les obstacles. »

Une sœur, un modèle, une boussole

Son frère, Isaac Tonguino, présent dans l’assemblée, visiblement ému. Il a pris la parole avec humour et franchise :

« Il y a longtemps que j’ai arrêté de la féliciter, car chaque jour elle incarne la détermination. On a grandi ensemble avec une éducation exigeante, et aujourd’hui, c’est une fierté de voir ce qu’elle accomplit. Elle est une source de motivation pour nous tous. »

Un témoignage qui souligne la solidité du parcours de l’auteure et l’impact réel qu’elle a sur ceux qui l’entourent.

Des collègues devenues sœurs de combat

Mariame Oury Sall, amie et collaboratrice de Lydie dans plusieurs projets sociaux, confie une anecdote poignante : « À un moment où je pensais tout arrêter, elle m’a tendu la main. Ce jour-là, elle m’a parlé avec sincérité, sans jugement. Depuis, j’ai décidé que je ne l’abandonnerais jamais. Elle est une lumière pour moi et pour beaucoup d’autres. C’est une bénédiction de travailler à ses côtés. »

Cette lumière, Lydie la porte en elle, mais elle sait surtout la transmettre aux autres, à travers ses projets, ses mots, et maintenant son livre.

Un livre qui interpelle, qui touche et qui secoue

Mohamed Doumbouya, écrivain et fondateur de l’Atelier Solidaire, avoue ne pas être un adepte des récits autobiographiques. Pourtant, il est conquis :

« Je n’aime pas les autobiographies, mais celle-ci m’a captivé. Chaque mot a du sens. Toutes les jeunes filles de ce pays devraient lire ce livre. C’est un livre vrai, honnête, qui peut réveiller quelque chose en chacune d’elles. »

Un avis largement partagé par les nombreux invités, certains parlant même d’un « livre outil », à utiliser dans les écoles, les associations, les groupes de parole.

Un soutien sans faille venu de l’ombre : son époux

L’intervention la plus applaudie viendra sans doute de son mari, M.Félémou, resté discret tout au long de la cérémonie, jusqu’à ce qu’il prenne la parole pour livrer un message fort :

« Lorsque vous vivez avec une personne de lumière, sa lumière finit par vous couvrir. À toutes les jeunes filles, je dis : entourez-vous de personnes qui croient en vous, qui vous aiment et qui vous aident à développer vos compétences. C’est essentiel pour avancer. Et aux hommes, je dis ceci : apprenez à soutenir vos épouses, car leur succès est aussi le vôtre. »

Un prix symbolique pour un message essentiel

Proposé à 150 000 francs guinéens, L’univers de Lossi se veut accessible à tous. Car pour l’auteure, le plus important est que le message circule, que les mots vivent et changent des vies. Dans une Guinée encore marquée par les violences faites aux femmes, ce livre résonne comme une prière et une injonction : ne pas se taire, ne plus courber l’échine.

« Si une seule jeune fille trouve dans ce livre la force de dire non, alors mon combat aura un sens. », conclut l’auteure.

 

Aboubacar Ben Sylla, pour Laguinee.info

- Advertisement -
spot_img
spot_img

ECHO DE NOS RÉGIONS