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Répartition des kitsd’enrôlement: « On s’achemine vers une mascarade électorale… la plus totale », Ibrahima Mbemba Bah, Bloc Libéral

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Alors que la Guinée s’apprête à écrire une nouvelle page électorale, certains, à l’instar du Bloc Libéral de Dr Faya Millimouno, lors de sa récente conférence de presse, dénoncent déjà une fraude à ciel ouvert. Selon le parti, la répartition actuelle des kits d’enrôlement biométrique ne relève pas d’une simple maladresse administrative, mais d’un calcul politique froid : favoriser certaines régions pour verrouiller l’issue du scrutin. Une manœuvre sournoise qui, si elle se confirme, ferait de la carte d’électeur un outil de domination plutôt qu’un droit citoyen. Pour comprendre les dessous de cette accusation grave, Laguinee.info a rencontré Monsieur Bah, chargé de communication du Bloc Libéral. Entretien sans langue de bois.

Laguinee.info: Vous avez récemment dénoncé un déséquilibre dans la répartition des kits d’enrôlement biométrique sur le territoire guinéen lors d’une conférence de presse organisée par le leader de votre parti le Bloc Libéral.

Pourriez-vous tout d’abord nous dire ce qui vous a alerté sur cette situation ?

 

M’bemba Bah: On a dit que la région administrative de Kankan comporte 1517 kits, soit 30% des kits électoraux. Et que Conakry est à 789 kits, soit un total de 15% des kits. Et que la région administrative de Mamou comporte 215 kits.

Selon vous comment la répartition se fait ?

La répartition se fait en fonction de la concentration démographique. C’est ce que vous devez comprendre. La répartition des kits électoraux se fait en fonction des concentrations démographiques. Donc, ça veut dire quoi ? Plus il y a de personnes dans une localité, plus il y a de population, plus cette localité doit avoir de kits. Mais ce n’est pas ce que nous constatons. Vous prenez la capitale Conakry, qu’on a créée, qui est la plus grande agglomération du pays, qui est la capitale de notre pays, qui a moins de kits électoraux qu’une région administrative comme Kankan. Nous, on ne comprend pas ça. On ne parle pas de toute la Haute-Guinée, on parle de la région administrative de Kankan, qui comprend Mandiana, qui comprend Kankan-San, qui comprend Kérouané, Kouroussa. Mais malheureusement, on n’a pas ça. On n’a pas ces kits-là. On trouve qu’il y a un déséquilibre.

Est-ce un document interne ? Un rapport public ? Ou des informations que vous avez recoupées à partir de vos relais sur le terrain ?

Nous avons des représentants au sein même du ministère de l’Administration du Territoire qui nous ont fourni ces documents-là. Et donc, nous n’allons pas dévoiler ces sources-là publiquement pour protéger ces personnes-là. Mais nous disposons aussi des représentants sur l’ensemble du territoire national en tant que parti politique. Donc, ils nous ont remonté certaines informations par rapport à l’enrôlement, par rapport au kit dans leur quartier, dans leur région, dans leur localité. Donc, c’est après compilation de tous ces éléments que nous avons fait sortir ce document publiquement devant la presse pour attirer l’attention d’opinion nationale et internationale par rapport à ce qui est en train de se faire. Et donc, il y a un fichier électoral qui est en train d’être construit de la manière la plus… disons, disproportionnée que possible.

Certains estiment que la répartition pourrait être fondée sur des considérations logistiques, comme la densité ou l’accessibilité des zones. Pourquoi y voyez-vous plutôt une intention politique ?

Nous estimons que c’est des visées à caractère politique qui consistent à faire en sorte qu’une ou deux régions soient capables demain de pouvoir élire un chef d’État. Et c’est ce que nous dénonçons dans cette absence d’équité dans la répartition d’équité électorale. C’est tout ce que nous dénonçons au sein de notre parti.

Vous avez aussi critiqué l’absence d’appel d’offres dans l’acquisition des kits. Quelles démarches avez-vous entreprises pour vérifier cette information ?

Nous avons utilisé plusieurs voies pour avoir ces éléments-là. Nous avons des représentants au sein même du ministère de l’Administration du Territoire qui nous ont fourni ces documents-là. Mais nous disposons aussi des représentants sur l’ensemble du territoire national en tant que parti.

En tant que parti politique, envisagez-vous de saisir une autorité comme la Cour des comptes ou un autre organe de contrôle ?

Nous n’allons pas saisir la justice par rapport à ça, parce que nous voulons attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale par rapport à ce qui est en train de se faire aux différents acteurs politiques, pour que les gens prennent conscience qu’on n’est pas en train de faire un fichier électoral transparent. Si nous avons dénoncé celui de 2020 et celui de 2010, celui qui est en train d’être fait aussi n’est pas aussi clair comme nous le pensons ou comme nous le voulons. Voilà, donc le ministère de l’Administration du Territoire ne nous a pas répondu. On ne nous a pas répondu, donc nous savions aussi que ces gens ne sont pas prêts à nous répondre. On ne va pas saisir la justice par rapport à ça non plus.

Pouvez-vous nous donner un exemple précis d’une localité concernée par cette panne ou ce dysfonctionnement ?

Il y a plusieurs localités dont les kits électoraux ne fonctionnent pas parce que ça fonctionne à travers l’énergie solaire. Je vous emmène dans des localités à Macenta comme Koyamah, vous avez des localités de la Haute-Guinée qui ne fonctionnent pas non plus parce que ça passe avec l’énergie solaire. On a même vu des endroits où il y avait des attroupements, il a fallu qu’on trouve des groupes électrogènes. Pour qu’on puisse alimenter les machines. Dans Pita aussi, ça s’est passé comme ça. Il y a eu des endroits où on a envoyé cinq machines et sur les cinq machines, il n’y en avait que trois qui fonctionnaient. Donc, il y a des couacs, il y a des problèmes dans le fonctionnement. Il y a aussi le fait que les gens n’arrivent pas à se faire enrôler parce qu’ils n’ont pas les papiers recommandés pour se faire enrôler.

Avez-vous l’intention de contester les résultats du recensement si les irrégularités que vous dénoncez persistent ?

Non. Nous ne demandons pas à ce que le recensement soit suspendu. Nous demandons seulement que les anomalies soient corrigées, c’est-à-dire là où il y a moins de kits, qu’on amène plus de kits. Là où les gens ont des difficultés à se faire enrôler parce qu’il n’y a pas d’énergie solaire suffisante pour alimenter les trucs, il faut envoyer des groupes électrogènes. Là où on demande, par exemple, des extraits de naissance transcrits, jugement supplétif transcrit ou extrait de naissance, il faut accepter que les cadres d’anté passe et que la justice aussi accepte de délivrer des actes de naissance ainsi que des différentes mairies pour que les gens puissent se faire enrôler suffisamment. Maintenant, il faut prolonger l’enrôlement aussi de deux mois de plus parce que si on arrête en 45 jours, il y a beaucoup de personnes qui ne se feront pas recenser.

Vous avez affirmé que cette répartition pourrait fausser le corps électoral. Craignez-vous que cela ouvre la voie à une manipulation des résultats ?

Évidemment, si ça continue comme ça, le fichier électoral, nous n’allons même pas seulement contester les élections, mais c’est tout le fichier électoral que nous allons rejeter parce que ça veut dire qu’on s’achemine vers une mascarade électorale qui est la plus totale, la plus grande que notre pays aura connue et nous ne souhaitons pas ça. Nous avons l’impression que la Guinée n’est pas en train de prendre les leçons des erreurs du passé, elle est en train de plutôt recommencer les mêmes choses et on va inexorablement dans une continuité et c’est vraiment dommage pour notre pays par rapport à ces questions-là.

Entretien réalisé par IAC,  pour Laguinee.info 

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