En Guinée, décrocher son téléphone est devenu un acte de foi. Appels interrompus, internet en mode tortue, vidéos qui moulinent dans le vide… Et pendant ce temps, les factures, elles, ne connaissent aucune panne. Face à cette cacophonie numérique, l’Union des Consommateurs de Guinée (UCG) monte au créneau et exprime « de vives préoccupations concernant la dégradation de la qualité du réseau de télécommunications dans le pays. »
Une phrase sèche, un constat implacable. La situation est jugée « alarmante », au point de susciter « un sentiment d’impuissance parmi les utilisateurs. » Une impuissance qui, à force d’être répétée, vire à la colère sourde. Dans les bureaux, les maisons, les marchés, les cafés, chacun a son anecdote de réseau capricieux et plus personne ne rit.
L’UCG ne se contente pas de dénoncer : elle propose. Elle appelle à la tenue d’une réunion entre l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) et les opérateurs de télécommunications, afin de faire la lumière sur les causes profondes de cette dégradation. Mais pas seulement. Il ne s’agit pas de parler entre technocrates dans des salles climatisées : l’UCG réclame une « campagne de sensibilisation sur le terrain », pour informer les consommateurs des problèmes rencontrés et des efforts déployés par l’ARPT pour y remédier.
Et au passage, poser une question de fond : les usagers sont-ils seulement conscients des coûts cachés de leur consommation ? Car derrière un forfait mensuel, se dissimulent souvent des dépenses additionnelles causées par « l’utilisation prolongée des plateformes YouTube et TikTok, ou les mises à jour automatiques« , rappelle l’UCG. L’association pointe du doigt l’ignorance technologique d’une grande partie de la population, qui paie plus sans le savoir.
Dans ce contexte, les missions à l’international des cadres du secteur, aussi bénéfiques soient-elles, semblent déconnectées des réalités du terrain. « Au-delà des déplacements et des missions des cadres à l’international, qui, nous en sommes convaincus, apportent des bénéfices au pays et au secteur, ne serait-il pas également pertinent de lancer des campagnes de sensibilisation à grande échelle ? », interroge l’UCG, avec un brin d’ironie.
Au fond, l’Union des Consommateurs de Guinée ne se pose pas en procureur, mais en médiateur exigeant. Elle souligne « l’importance d’une coopération proactive entre les régulateurs, les opérateurs et les utilisateurs » pour sortir de cette crise. Une manière élégante de dire que chacun doit jouer sa partition et vite.
Car pendant que les institutions tergiversent, les consommateurs paient. Et s’exaspèrent. L’UCG promet de revenir sur le sujet très prochainement. En attendant, le pays reste suspendu à des barres de réseau… qui ne tiennent plus qu’à un fil.
Laguinee.info