Le 12 mai 2025, à Paris, s’est éteinte l’une des plus grandes figures du système de santé guinéen. Le Professeure Fatoumata Binta Bambadjon Diallo, gynécologue-obstétricienne, enseignante émérite, ancienne Directrice Générale du CHU Ignace Deen, a rendu l’âme des suites de maladie. Une disparition qui résonne comme un choc, tant elle laisse derrière elle un héritage immense, une empreinte indélébile et une tristesse partagée.
« Depuis l’annonce de son décès, une profonde tristesse a envahi tout le secteur de la santé. L’émotion est grande quand on mesure l’importance de la personnalité qu’elle incarnait, non seulement pour notre pays, mais aussi pour l’ensemble des systèmes de santé », confie le Dr Abdoulaye Kaba, président de la Coalition Nationale des Professionnels de Santé (CONAPROS) et ancien étudiant de la défunte.
Une vie au service de la santé et de la transmission
Le professeur Binta Bambadjon Diallo n’était pas qu’une praticienne, elle était une bâtisseuse. Partie du rang de sage-femme, elle a gravi tous les échelons jusqu’à devenir professeure agrégée du CAMES. Elle a formé, inspiré et soutenu des générations de professionnels de santé en Guinée et au-delà.
« Mon hommage s’articulera autour de trois points : D’abord, la relation interpersonnelle entre le professeur Binta et moi, que j’appelais affectueusement ma maman. Ensuite, ce qu’elle représentait pour le pays en termes d’engagement professionnel et social. Enfin, son parcours exceptionnel en tant qu’actrice majeure de notre système de santé », précise Dr Kaba, avec émotion chez avenirguinee.org.
Ses collègues la respectaient, ses étudiants l’admiraient, et ceux qu’elle soignait lui vouaient une reconnaissance éternelle. Son engagement dépassait les salles de cours et les blocs opératoires : elle portait la parole de la santé publique partout où elle pouvait faire entendre la nécessité d’un système plus humain et plus accessible.
Un mentor, une mère, un repère
Dr Kaba ne cache pas son attachement personnel : « Elle n’était pas simplement une intellectuelle, elle dépassait ce statut. Elle représentait tout pour la Guinée. Personnellement, je suis fier de ce qu’elle a transmis à la jeunesse guinéenne. Elle n’a rien gardé pour elle. Elle était une mère pour tous les professionnels de santé. »
Un pilier pour les nouvelles générations
Loin de se limiter à ses fonctions institutionnelles, le Professeure Diallo a aussi accompagné des initiatives citoyennes et associatives. Elle fut notamment une actrice clé du développement de la structure Tabala, initiée par Dr Kaba.
« Dès la création de Tabala, elle a été là. Elle s’est investie, elle m’a soutenu, elle a contribué à faire de cette organisation ce qu’elle est aujourd’hui. Elle était une marraine, une source d’inspiration. »
Ses distinctions, nombreuses et méritées, parlent d’elles-mêmes : médaillée du Travail en Guinée, chevalier de l’Ordre du Mérite, officier des Palmes académiques du CAMES. Mais ce qui l’a rendue inoubliable, c’est surtout ce qu’elle a donné, sans compter.
Un vide immense, une mémoire vivante
Pour Dr Kaba, il ne fait aucun doute que la perte est considérable :
« Construire une carrière est une chose, l’entretenir en est une autre. Elle a su faire les deux, avec des relations qui allaient bien au-delà des frontières de notre pays. »
Et de conclure, la gorge serrée :
« Elle laisse un vide énorme dans le milieu de la santé guinéenne. Il est difficile de remplacer une telle femme. Elle était la mère de tous les professionnels de santé. »
Le professeur Binta Bambadjon Diallo s’en va, mais son nom vivra dans les amphithéâtres qu’elle a animés, dans les maternités qu’elle a défendues, dans les carrières qu’elle a façonnées, et dans les cœurs qu’elle a touchés.