Une nouvelle approche s’impose…Les conférences nationales initiées en Afrique au début des années 1990, à la suite de la chute du mur de Berlin et de l’effondrement des pays communistes de l’ancien bloc de l’Est, ont inauguré la vague de démocratisation. Le processus de démocratisation avait déjà été enclenché plus tôt dans un certain nombre de pays africains mais la plupart des pays africains l’ont lancé au début des années 1990 selon deux modalités différentes.
D’une part, Les conférences nationales, faut-il le rappeler, sont une invention, une contribution africaine à la théorie de la démocratisation. Ces assises politiques imposées par les mouvements d’opposition aux pouvoirs établis, composés essentiellement d’organisations de la société civile, se sont soldées par des résultats variables. Le modèle béninois de transition a influencé le dynamisme politique des pays francophones du début des années 1990. Sept (7) pays ont adhéré à cette nouvelle forme de démocratisation avec des fortunes diverses.
La conférence nationale a été souveraine dans la plupart des pays qui l’ont expérimenté, à l’exception du Gabon. L’alternance est survenue au Congo (Brazzaville) et au Niger malgré quelques péripéties. Au Togo, l’issue de la conférence a été militarisées; l’armée est intervenue dans le processus aux côtés du président pour contester certaines décisions de la conférence nationale et lui imposer sa volonté en définitive, tandis qu’à la RD Congo les manipulations politiques et institutionnelles l’ont fait perdurer et ont fini par en ruiner la crédibilité.
L’autre voie de démocratisation, moins originale, a consisté à anticiper la revendication de la tenue d’une conférence nationale souveraine (stratégie offensive) ou à réformer le système constitutionnel et politique sous les pressions nationales et internationales « stratégie défensive ». Une telle conférence a été mise en œuvre en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Cameroun, à Madagascar, en Tanzanie, en Ouganda, au Nigeria, au Ghana, au Malawi, etc. La stratégie offensive, consistant pour le président de la République à prendre l’initiative de la démocratisation, a été expérimentée en Zambie, au Cap-Vert, à Sao Tomé-et-Principe, etc.
Quelle que soit la voie empruntée, le processus de démocratisation a permis dans tous les pays l’instauration du multipartisme, du pluralisme politique, économique et syndical, l’organisation d’élections disputées, la rédaction de nouvelles constitutions et leur adoption par référendum ; bref, l’organisation de la vie démocratique.
L’effervescence qui a accompagné ce processus était telle que certains observateurs n’ont pas hésité à annoncer le caractère irréversible de la démocratie pluraliste au plan universel, et en particulier en Afrique.
La remarquable convergence de tous les systèmes de gouvernement du début des années 1990 en faveur de la démocratie libérale et sa généralisation avaient en effet fini par faire penser que le continent africain était entré irréversiblement dans la galaxie des pays démocratiques. Il n’est pas un pays africain qui ne se réclame de la démocratie, à l’exception de la Libye qui lui a délibérément tourné le dos. Mais les développements politiques ultérieurs et l’épreuve de la réalité, une décennie après leur avènement, sont venus rappeler aux plus enthousiastes que ces transitions démocratiques sont encore conditionnelles et donc susceptibles d’évolutions réversibles, voire régressives.
Après cette longue histoire du processus d’instauration de la démocratie dans le continent africain, il est important de rappeler que la France a joué un rôle de premier plan considérée comme étant initiateur par la célèbre conférence de Baule ;
La seizième conférence des chefs d’Etats d’Afrique et da la France s’est tenue le 20 Juin 1990 dans la commune française de la baule-Escoublac (Loire-Atlantique) avec la participation de trente-sept (37) Pays africains. Le président François Mitterrand fait un discours historique en appelant les pays africains à l’instauration de la démocratie et du multipartisme dans leur pays respectif tout en conditionnant l’aide au développement au degré du respect des règles démocratiques ; c’est l’origine du vent de la démocratie en Afrique.
Ce discours plein d’enseignement a envoyé les pays du sud à l’organisation de la conférence Cotonou,
Le processus entre dans une seconde phase : celle de la consolidation. La présente étude n’a pas la prétention de proposer un bilan exhaustif de la démocratie en Afrique, mais de dégager les tendances générales qui semblent se dessiner quinze (15) ans après l’euphorie des transitions. Il s’agit d’identifier les succès les plus significatifs du processus ainsi que les résistances qu’il est donné d’observer à la lumière de l’actualité récente.
À l’afro pessimisme et à l’optimisme euphorique, je préfère une lecture critique de la réalité et une vision prospective du continent. L’avenir se conçoit, se pense dans le temps présent. C’est pourquoi il est important de savoir :
Quelle Afrique voulons-nous pour les générations futures et pour nos enfants ?
Quel type d’Africain voulons-nous produire ?
Quel sera le rôle de la France et de la francophonie dans la consolidation de la démocratie en Afrique ?
Ces réflexions nous amènent à envisager autrement la réalité qui se déploie sous nos yeux.
Il est important d’insuffler à nos Etats une forme de démocratie participative et un modèle économique inclusive qui permettront d’assoir les véritables bases d’une stabilité à la fois politique et économique entrainant le développement des secteurs dites stratégiques, notamment l’agriculture, les mines, l’énergie et surtout le secteur privé, pour pouvoir générer suffisamment d’emploi pour les jeunes, luttant ainsi contre le chômage, l’immigration illégale et entrainant le développement à la base.
Une bonne gouvernance politique et économique constitue l’essor même du développement, de l’émancipation de la couche juvénile africaine. Un programme d’enseignement de qualité et adapté aux besoins du marché de travail, un emploi décent dans un climat national apaisé feront du jeune africain un jeune modèle et compétitif aussi bien en Afrique qu’ailleurs dans le monde.
Le peuple a soif de l’instauration d’une véritable démocratie qui respect les libertés individuelles les droits de l’homme et assure l’alternance à la tête des Etats. La démocratie n’est pas parfaite certes, mais elle est meilleurs que les autres régimes (formes de gouvernance). L’Afrique pourra y arriver quand l’élite prendra conscience de l’évolution du monde et les changements intervenus ses dernières années. La population à son tour doit s’unir sur un idéal commun accès sur le partage du pouvoir et l’égalité des chances dans la gestion des biens publics.
Comme je l’ai évoqué précédemment, la France a un rôle déterminant à jouer dans l’instauration et la consolidation de la démocratie en Afrique particulièrement dans les pays francophones. C’est incompréhensible que la France soit un exemple en matière de démocratie et qu’elle accepte de coopérer et de soutenir politiquement et financièrement les régimes autoritaires et liberticides.
Une société, une civilisation, doit définir ce qu’elle estime être une vie meilleurs. Les Africains ont une longue histoire, riche et complexe. De la profondeur de cette expérience, ils peuvent définir l’équilibre à établir entre les ordres économique, culturel, spirituel, civilisationnel et écologique. Et cela sans se réinscrire dans la logique de concepts tels que le développement ou la modernité, qui sont nés dans des contextes historiques et géographiques particuliers et ne sauraient définir les contours du vivre ensemble en tout temps et en tout lieu.
Aboubacar Biro Soumah
Président du Parti pour le Progrès et le Changement
PPC