Quand la pédagogie ne suffit plus, place à l’injonction. À Kankan, où le recensement biométrique patine comme un taxi dans la gadoue, le ministre Mory Condé a sorti l’artillerie lourde ce lundi 28 avril : désormais, pas de récépissé, pas de voyage. Une méthode simple, directe, presque biblique.

Devant un parterre d’administrateurs territoriaux, de chefs de quartiers et de représentants communautaires, le ministre de l’Urbanisme (mais aussi de l’Habitat, de l’Aménagement du territoire et, surtout, de la récupération des domaines spoliés  rien que ça) a distribué les rôles avec une précision d’orfèvre. Les transporteurs sont promus en première ligne de cette bataille administrative. Dès le 10 mai, les chauffeurs devront jouer les agents de l’État : pas de récépissé de recensement, pas de montée dans le véhicule. Le permis de voyager devient ainsi un privilège à points… biométriques.

« Vous qui êtes dans les gares, lorsque les gens viennent, dites-leur d’aller se faire recenser », a-t-il martelé. Et si la pédagogie ne suffit pas, la barrière fera le reste. C’est la nouvelle frontière nationale : les gares routières.

Mais Mory Condé ne s’est pas arrêté là. Pour mobiliser les âmes aussi bien que les corps, il a convoqué un autre bataillon : les imams. Le secrétaire préfectoral aux affaires religieuses a reçu l’ordre divin ministériel d’ordonner, lui aussi, une croisade biométrique depuis les minbars. Objectif : que le recensement devienne un sujet aussi incontournable que la prière du vendredi. Entre deux invocations, quelques rappels sur l’importance de se faire enregistrer, histoire de sauver… l’État civil.

Dix jours de sursis ont été accordés aux retardataires. Après quoi, le pays pourrait bien découvrir un nouveau sport national : la chasse au récépissé, entre sermons et terminus.

À Kankan, le recensement devient donc une affaire de foi… et de transport.

Laguinee.info