À Kankan, les élèves et apprenant de la société du Centre des métiers industriels de Guinée, (CMI Guinée) ont déclenché une grève ce jeudi 24 avril 2025 au siège de l’entreprise au quartier cimenterie dans la commune urbaine.
Visage tendu, ils ont manifesté leur ras-bol face à ce qu’ils qualifient d’arnaque et de condition de travail inhumain de la part de la dite société.
Dans leur plate-forme revendicative, le motif principal porte sur le non-respect du contenu du contrat établi entre les deux parties.
« Ça fait plus de 5 mois que je suis là, au départ, il nous avait promis que toutes les machines sont disponibles, ils m’ont convaincu, j’ai adhéré. Mais après mon inscription, j’ai su que tout ce qui a été dit était faux. Ici, il y a plus de 10 grèves ici, tous les jours, il y a grève. Au début, il t’envoies dans une salle de théories, toi-même tu diras que non tu es employé dans une société déjà. Mais quand tu sors c’est fini. Et pourtant nous sommes des pères de familles. Ils te diront au départ que c’est 3 mois de formation que vous allez faire, mais certains font 8 mois ici. C’est une société de l’arnaque, elle abuse de la confiance des gens. Il faut que le gouvernement, particulièrement le Président Mamadi Doumbouya s’implique, ces gens n’accordent aucun respect à Kankan. Ils ont un autre service à Conakry qui est bien entretenu mais Kankan qu’ils négligent. Nous payons 10 millions et plus pour ne rien », a-t-il confié.
Amadou sagno, l’un des grévistes est un migrant rapatrié de l’Algérie.
« J’étais en Algérie, on nous a dit que le gouvernement demande à ce que nous rentrons tous au pays. Au nombre de 28, nous sommes rentrés. Le peu d’argent que nous avons payé pour la formation, c’est avec cet argent qu’ils veulent blaguer. Ils prennent les anciennes machines des autres régions pour envoyer ici, les bonnes sont dans les autres régions. Nous sommes-là, depuis des mois dans cette situation. On ne travaille pas. Ce que nous sollicitons auprès des autorités, c’est pas une violence. Appelez le patron de la société, si les machines vont venir où pas pour qu’on puisse savoir cela. Si elles viennent et qu’ils disent qu’on leur doit, nous allons payer, s’ils nous doivent aussi ils n’ont qu’à nous payer, le nombre de travail qu’on a fait nous connaissons cela. Nous avons fait 1 mois nous ne travaillons pas et nous n’avons pas de parents ici, nous payons le loyer à 150.000, moi mon transport c’est à 25 mille chaque jour. Si tu additionnes cela pendant trois mois ça peut couvrir les frais d’une autre formation. Les responsables n’ont qu’à avoir pitié de nous et voir la situation de Kankan. On nous dit venir au pays, mais dans notre propre pays des pratiques comme ça se passe encore, ça décourage », a-t-il souligné.
Aboubacar Sidiki Konaté, un autre gréviste se dit déçu.
« On vous appelle ce matin à cause des difficultés que nous rencontrons au CMI Guinée à Kankan ici. Moi, je suis là depuis décembre 2024, je suis avec la pelle et le chargeur, j’ai fais l’auto école aussi. Je suis là, j’ai payé tout mon argent, ils nous ont dit que c’est une formation qui sera bien faite, tout ce qui doit être fait que nous allons le faire. Ils nous ont même dit qu’ici notre rêve peut devenir une réalité c’est à cause de cela je suis venu ici, je viens de N’zérékoré. Je pouvais faire chez moi là-bas mais les gens m’ont dit que le centre de Kankan est bon, c’est pourquoi je suis venu, c’est comme ça que nous sommes tous venus ici. Nous sommes ici comme des vagabonds, dès que tu sors de la salle théorique tu deviens vagabonds automatiquement, tu ne pourras rien faire en pratique maintenant. Il n’y a même pas de formateur, il n’y a qu’un seul formateur. Si ce dernier n’est pas là, on ne travaille pas. Nous sommes tous devenus des mécaniciens à cause des machines qui sont là, nous avons revendiqué à maintes reprises pour qu’ils nous envoient des machines ils refusent. Hier, nous sommes partis porter plainte à la mairie, les responsables nous ont dit qu’ils viendront, mais ils ne sont pas encore venus, ils ont même commencé à convaincre certains de nos amis, mais nous nous restons catégoriques sur notre décision puisque nous faisons cela pour l’intérêt de tout le monde. Nous sommes-là, nous n’avons pas de machines. Moi, j’ai payé 9 millions pour les 2 formations, l’inscription c’est à 400 mille, l’auto école c’est à 800 mille, le prix de la chaussure c’est 250 mille, si on additionne tout cela ça peut aller jusqu’à 10 millions, d’autres même on payer 12 millions. Il y a d’autres qui payent le loyer et nous payons tout cet argent là et nous recevons pas la formation. Je me disais qu’avec ce genre de centre en Guinée, ça pourrait aider beaucoup de jeunes mais c’est le contraire qui se produit. Quand le DG est venu ici lors de notre grève, il nous a dit que dès qu’un apprenti commence la formation, c’est le même jour qu’il va commencer à faire le diplôme mais ça fait des mois qu’il ne pense même pas à faire cela nous avons pris la photo mais jusqu’à présent il n’y a rien. Il nous a dit que tous ce qu’il dira si il ne fait pas de ne pas le croire, nous aussi nous n’avons plus confiance en lui. Ça fait un mois on ne travaille pas, les gens sont venus des quatre coins de la Guinée et nous ne sommes pas chez nos parents. Ce que je pourrais dire au président de la république, nous avons pensé que cet projet allait devenir espoir pour tous les jeunes parce que le président même est devenu un espoir pour le peuple de Guinée. Notre objectif était de venir faire la formation et aller travailler dans les mines parce qu’avec le projet Simandou nous pouvons aussi gagner quelque chose dans ce projet. Le président doit nous aider vraiment », a-t-il sollicité.
Toutes nos tentatives d’entrer en contact avec les responsables de de la société sont restés vaines.
De Kankan, Karifa Kansan Doumbouya pour laguinee.info