L’affaire fait grand bruit entre Conakry et Dakar. Mouhamed Fofana, homme politique guinéen et candidat malheureux à la présidentielle de 2020, est au cœur d’un scandale rocambolesque. Il est poursuivi par la justice sénégalaise pour le vol présumé de 33 valises à l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD), un larcin pour le moins inattendu dans les rangs des élites politiques africaines.
Selon le journal L’Observateur cité par le journaliste Binany Bâ, les faits se seraient produits le 18 mars dernier. Deux jours après avoir déclaré la perte de ses propres bagages, Mouhamed Fofana se présente à nouveau à l’aéroport, prétendument pour une nouvelle réservation. Mais cette fois-ci, il serait passé à l’action : profitant de l’arrivée d’un vol et de la confusion habituelle sur le tapis roulant, il aurait subtilisé plusieurs valises. Les caméras de surveillance de l’AIBD captent alors des images incriminantes, qui permettent son identification rapide par la police.
La suite de l’enquête mène à sa chambre d’hôtel à Dalifort, où les enquêteurs découvrent une première valise contenant des bijoux, des montres et des vêtements. Mais ce n’est que le début. La perquisition s’étend jusqu’à Bignona, dans le sud du Sénégal, où l’homme tient une boutique de vêtements et de cosmétiques. Sur place, la police met la main sur 19 valises appartenant à des passagers ayant signalé des pertes. Et ce n’est pas tout : 14 autres valises sont retrouvées dans ses affaires personnelles. Total : 33 valises volées, d’après les comptes du journal sénégalais.
Malgré l’accumulation des preuves, Mouhamed Fofana nie catégoriquement les faits. Lors de son procès devant le Tribunal de grande instance de Mbour, il affirme être étranger à l’affaire. Certes, il reconnaît sa présence à l’aéroport, mais il conteste être l’individu figurant sur les vidéos de surveillance. Il avance que les 14 valises en sa possession étaient vides et destinées à transporter du matériel de campagne électorale vers la Guinée.
Plus surprenant encore, il évoque un complot politique visant à salir sa réputation, et dénonce une machination orchestrée contre lui. Une défense que le procureur balaie d’un revers de la main. Pour le ministère public, les faits sont établis : il requiert cinq ans de prison ferme contre l’homme politique.
L’affaire, qui suscite curiosité et indignation, sera tranchée le 22 avril prochain, date prévue pour le délibéré. En attendant, une des victimes demande réparation : 1 million de francs CFA à titre de dommages et intérêts.
Laguinee.info