À Dakar, le silence feutré des institutions vient de voler en éclats. Mardi, dans un geste aussi symbolique que fracassant, le député Guy Marius Sagna, figure de proue du parti au pouvoir Pastef, a demandé l’ouverture d’une procédure de mise en accusation contre l’ancien président Macky Sall. L’accusation est lourde : haute trahison.

Le nom de Macky Sall, déjà terni par les révélations du FMI et les chiffres glaçants de la Cour des comptes, refait surface avec fracas. Dans son rapport, la Cour a mis à nu une dette de plus de 2 517 milliards de francs CFA, contractée hors des circuits légaux. Pour Guy Marius Sagna, il ne s’agit ni d’erreur, ni d’approximation, mais d’un système savamment entretenu de gestion opaque et de manipulations comptables.

« Trop, c’est trop », semble dire le député qui réclame que Macky Sall réponde de ses actes devant la Haute Cour de Justice. Une première dans l’histoire politique récente du pays.

Mais la riposte ne s’est pas fait attendre. Le groupe d’opposition Takku Wallu Sénégal crie au procès politique et dénonce une « forfaiture ». Ses membres promettent de défendre l’honneur de l’ex-président, qu’ils présentent comme une victime d’acharnement post-pouvoir.

Pourtant, les dés semblent déjà jetés. Avec 130 sièges sur 165, le Pastef dispose d’une majorité qui rend quasiment mécanique le franchissement de la barre des 99 voix nécessaires pour déclencher la procédure. Il ne manque plus que l’inscription à l’ordre du jour.

En toile de fond, un pays qui observe, divisé entre soif de justice et crainte de règlement de comptes. Et une question : Macky Sall échappera-t-il à la justice, ou son tour est-il venu de rendre des comptes ?

Laguinee.info