Lors de l’assemblée générale hebdomadaire de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), tenue ce samedi après plusieurs mois d’interruption, le président du parti, El Hadj Cellou Dalein Diallo, a pris la parole par visioconférence.
S’adressant à ses militants et sympathisants, il a salué leur engagement indéfectible avant de dresser un réquisitoire sévère contre la gestion de la transition par les autorités militaires, dénonçant notamment de graves violations des droits humains et un recul des principes démocratiques.
« Votre présence aujourd’hui est une preuve éloquente de votre fidélité »
Dès l’entame de son intervention, l’opposant exilé n’a pas manqué de remercier les siens :
« Votre présence aujourd’hui est une preuve éloquente de votre fidélité, de votre engagement dans la lutte que nous sommes en train de mener pour accéder au pouvoir. Parce que c’est la meilleure manière de disposer des instruments pour changer la Guinée. »
Il a poursuivi en appelant à maintenir la mobilisation, non seulement pour accéder au pouvoir, mais aussi pour défendre des principes essentiels :
« Mais en attendant, [il faut] exiger que soient respectés les règles établies, les droits humains et les libertés fondamentales, les règles et les principes de la démocratie et de l’État de droit. »
Une lutte contre l’injustice et les dérives de la transition
Fidèle à sa ligne de critique constante du pouvoir militaire, Cellou Dalein Diallo a dénoncé une transition qui s’est progressivement éloignée de ses engagements initiaux.
« Notre lutte, c’est contre toutes les pratiques contraires à ces valeurs et pratiques. Nous voulons que les Guinéens exercent pleinement leur droit de liberté. », a-t-il insisté.
Il a rappelé le discours tenu par les militaires au lendemain de la prise du pouvoir en septembre 2021 :
« N’ont-ils pas dit qu’ils allaient mettre fin à l’instrumentalisation de la justice au détriment des droits et libertés des citoyens ? Qu’ils allaient organiser avec diligence le retour à l’ordre constitutionnel en remettant le pouvoir à celui que le peuple aura choisi ? »
Et d’ajouter, avec amertume :
« N’ont-ils pas dit que dans la nouvelle République, ils seraient guidés par la boussole, la justice et le droit ? » Une vision, selon lui, désormais trahie par la réalité sur le terrain.
Une transition en décalage avec ses propres principes
Trois ans et demi après la prise du pouvoir par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), le leader de l’UFDG estime que le bilan est accablant.
« Aujourd’hui, après trois ans et demi au pouvoir, lorsque vous faites le bilan, quelle est la réalité ? Elle est toute différente des engagements pris au lendemain de la prise du pouvoir. », affirme-t-il.
Il cite la Charte de la transition, qui dans ses articles 8 et 19, interdit toute forme de dérogation aux droits humains, même en situation exceptionnelle. « Aucune circonstance d’exception ne peut justifier la violation des droits humains. », rappelle-t-il.
La répression sanglante des manifestations
Très préoccupé par les violences politiques, Cellou Dalein Diallo s’est particulièrement indigné de la répression qui touche les militants de l’opposition, notamment lors des manifestations.
« Le premier droit de l’homme, c’est le droit à la vie. Combien de gens ont été battus parce qu’ils exerçaient leur droit fondamental de manifester dans les rues et sur les places publiques ? », s’est-il interrogé.
Il poursuit, visiblement ému : « Combien de jeunes ont été abattus sur l’axe sans jamais avoir droit à la justice ? Aucune enquête n’a été diligentée pour établir les responsabilités devant les tribunaux, conformément à la loi. »
Pour le président de l’UFDG, ces pratiques sont la preuve manifeste d’un pouvoir qui a abandonné toute volonté de gouverner par le droit.
Appel à la vigilance et à la mobilisation
Face à ce qu’il qualifie de dérives autoritaires, Cellou Dalein Diallo appelle ses militants à ne pas fléchir.
« Notre combat reste pacifique, mais ferme. Nous ne devons pas céder à la peur ni à la résignation. », a-t-il lancé.
Il conclut en insistant sur la nécessité de restaurer une démocratie véritable, fondée sur le respect de la justice, des libertés et de la souveraineté populaire : « Continuons ensemble cette lutte noble pour une Guinée juste, équitable et démocratique. »
IAC, pour Laguinee.info