Un des militaires en détention pour les tirs au camp « Alpha Yaya Diallo » le 20 mars 2020, soit à deux jours des élections législatives et du référendum de la même année, a contacté ce jeudi 29 avril 2021 un reporter de Laguinee.info. Il l’a fait depuis sa cellule à Siguiri, une préfecture du nord de la Guinée. A l’en croire, il y serait régulièrement torturé. Il affirme que plusieurs de ses codétenus auraient succombé pour cause de mauvais traitements physiques.
Lieutenant de grade, Kaba Bilavogui dit qu’il était en service au Bataillon Autonome des Troupes Aéroportuaires (BATA) du camp Alpha Yaya Diallo de Conakry. D’après lui, sa vie a basculé dans un calvaire total le 20 mars 2020.
« Le 20 mars 2020, il y a eu des tirs au camp. A l’immédiat mon commandant de compagnie m’a appelé. Je suis rentré au camp et aussitôt nous avons formé des groupes de patrouille. Je suis rentré chez moi pour me reposer. Mon commandant m’a appelé pour me dire qu’on avait besoin de moi. Quand je suis rentré au camp, on m’a attaché et conduit au camp Samory, puis au camp Makambo où j’ai été mis dans une cellule », relate-t-il.
Son emprisonnement dans une cellule du camp « Makambo », poursuit-il, n’a été que le début d’une longue phase de torture pour lui et plusieurs autres accusés des mêmes faits.
« Nous étions une cinquantaine seulement des officiers, sous officiers et hommes de rangs Peulhs, Forestiers et Soussous. Le 21 avril 2020 un groupe cagoulé est venu nous photographier avec des ardoises sur lesquelles c’était écrit « atteinte à la sûreté de l’Etat et tentative de coup d’Etat ». La BRB (Brigade de Répression contre le Banditisme) est venue à 2 heures du matin nous attacher et nous envoyer à la maison centrale. Après le mandat de dépôt, on nous a transférés à Kindia. De Kindia à Kankan, de Kankan à Siguiri. Je suis en prison à Siguiri sans procès », témoigne-t-il.
Après plus d’un an en prison, l’interlocuteur dit qu’il ne sait toujours pas à quand l’ouverture de son procès. Quant au nombre des militaires en détention dans le cadre des tirs au camp « Alpha Yaya Diallo », il l’estime à 600 individus.
« On nous dit que nos dossiers sont au tribunal militaire et que ça ne travaille pas. Nous sommes torturés et certains sont exécutés. Nous sommes malades et il n’y pas traitement pour nous. Nous sommes en tout 600 militaires», indique-t-il.
Dans le souci de recouper ces informations, nous avons essayé de joindre Aladji Cellou Camara de la DIRPA. Mais nos appels sont restés sans suite.
Oury Maci Bah pour Laguinee.info
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