Quelques heures après l’annonce du dépôt d’une plainte contre les organisateurs du tournoi ayant conduit au drame de Nzérékoré, un remaniement administratif a secoué la ville. Le président de la délégation spéciale de la commune, Fassou Goumou, a été limogé, tandis que le préfet, colonel Alseny Camara, et le gouverneur, contrôleur général de police Lamine Keïta, ont été mutés. Une décision qui suscite de nombreuses interrogations, notamment du côté des défenseurs des droits humains.
Me Aimé Christophe Labilé Koné, président de l’Ong Avocats sans frontières, s’étonne de la “coïncidence” entre ces changements et le dépôt de la plainte. Pour lui, tout laisse penser à des sanctions administratives déguisées. “Il y a eu permutation entre le gouverneur de Mamou et celui de Nzérékoré, entre le préfet de Nzérékoré et celui de Boké. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi ne pas avoir pris ces mesures dès le lendemain du 1er décembre 2024 ?” rapportent nos confrères de guinee60.com
Le drame de Nzérékoré, encore enveloppé de zones d’ombre, a suscité une vague d’indignation. L’attente d’une justice transparente pèse sur les épaules des autorités. Or, pour Me Koné, si l’État avait véritablement voulu faire la lumière sur cette affaire, il aurait suspendu ces responsables dès les premiers jours et les aurait mis à la disposition de la justice.
Au-delà du simple limogeage ou de la mutation, l’avocat rappelle que ces décisions ne doivent pas être perçues comme une tentative de contourner la vérité. “Dans un pays normal, lorsqu’un tel drame se produit, le subordonné démissionne de lui-même sans attendre d’être poussé vers la sortie. Mais chez nous, la culture de la démission n’existe pas”, regrette-t-il.
Me Koné met en garde contre toute tentative d’entrave à la justice. “S’ils pensent qu’ils pourraient brouiller les pistes, ils se trompent. Où qu’ils soient sur le territoire guinéen, ils restent visés, et nos actions pourront les atteindre.” Un avertissement clair qui laisse entendre que, malgré les jeux de chaises musicales, la quête de vérité ne faiblira pas.
Derrière ces mutations et limogeages, une question demeure : sont-ils de simples décisions administratives ou le début d’une reconnaissance tacite de responsabilités dans ce drame ? Seul l’avenir nous le dira.
Laguinee.info
