Conakry, encore une scène de théâtre politique grandeur nature. Ce dimanche, un groupe de jeunes se réclamant du mouvement de soutien « Mein Faami » – traduisez en langue Pular par « On a compris »,  a décidé d’orner la route Le Prince des effigies du président de la transition, Mamadi Doumbouya. Tout semblait se dérouler comme prévu, entre colle et slogans, jusqu’au carrefour de Dar-es-Salam.

Là, surprise ! Un autre groupe de jeunes, manifestement pas du tout convaincu par la nécessité d’admirer Mamadi Doumbouya à chaque lampadaire, est sorti du quartier pour leur opposer une résistance musclée. En quelques minutes, les affiches fraîchement collées se sont transformées en confettis politiques.

Le plan initial des Mein Faami était ambitieux : dérouler le tapis d’effigies de Hamdallaye jusqu’à Kagbélein, en passant par la tumultueuse route Le Prince. Mais c’était sans compter la colère de certains riverains, visiblement allergiques à ce genre d’opération de marketing politique. Résultat : des affrontements, une circulation chaotique, des lacrymogènes contre des jets de pierre, et un dimanche encore plus mouvementé qu’un épisode de série politique africaine.

Depuis quelques mois, les mouvements de soutien à une éventuelle candidature du général Mamadi Doumbouya poussent comme des champignons en Guinée. Chacun veut son tee-shirt, son slogan et sa minute de gloire sous les projecteurs. Mais à force d’envahir l’espace public avec leurs affiches et leurs discours, ils se heurtent à une évidence : tout le monde n’a pas « compris » la même chose.

En attendant, la route Le Prince, fidèle à sa réputation, demeure un champ de bataille où la politique s’exprime autant sur des banderoles que dans les rues… à coups de pierres et de grenades lacrymogènes.

Laguinee.info