Un incident inédit a eu lieu ce matin à l’hôpital régional de Boké, suscitant une vive émotion et de nombreuses interrogations. Une dame, expulsée de l’établissement moins de 24 heures après une intervention chirurgicale, s’est effondrée dans la rue sous les yeux de sa fille, Kadiatou Conté. Le drame, qui s’est rapidement propagé dans la ville et au-delà, met en lumière des pratiques hospitalières qui interrogent.

Kadiatou Conté, originaire de Katougouma, une localité minière située à une vingtaine de kilomètres de Boké, a accompagné sa mère à l’hôpital pour une opération. Mais ce qui devait être une simple convalescence a tourné au cauchemar.

“Ils nous ont mises dehors alors qu’elle ne pouvait pas marcher”

Dans un témoignage bouleversant, la jeune femme raconte les faits :

« Hier matin, ils nous ont demandé de sortir. C’était le lendemain de l’opération de ma mère. J’ai dit aux agents que ce n’était pas possible, qu’elle était encore trop faible. Mais ils ont insisté : il n’y avait plus de lit disponible pour d’autres patients. »

Devant l’insistance du personnel, Kadiatou tente de plaider la cause de sa mère, expliquant qu’elle ne pouvait même pas se tenir debout. Rien n’y fait.

« Nous avons dû quitter la salle. Ma mère elle-même leur a dit qu’elle ne pouvait pas marcher. Mais ils nous ont mis dehors. »

Alors qu’elles se retrouvent livrées à elles-mêmes dans la cour de l’hôpital, une infirmière rappelle la famille pour retirer la perfusion encore accrochée au bras de la patiente. Après cette ultime intervention, Kadiatou, chargée des bagages, tente d’accompagner sa mère hors de l’hôpital. C’est là que tout bascule.

« Dans la rue, ma maman est tombée. J’ai crié, des passants sont venus nous aider. »

L’hôpital leur demande de trouver un véhicule pour ramener la patiente… à l’hôpital

Face à cette scène choquante, Kadiatou retourne à l’hôpital pour alerter le personnel médical. Mais la réponse qu’elle reçoit est sidérante.

« Ils m’ont dit d’emprunter une voiture pour amener maman à l’hôpital. »

C’est à ce moment que des membres des autorités locales, alertés par la foule, interviennent et demandent des explications.

« Ils m’ont interrogée et j’ai expliqué ce qui s’était passé. Voilà comment ça s’est passé. »

Un incident qui pose question

Ce drame relance une fois de plus le débat sur les conditions d’hospitalisation et de prise en charge des patients en Guinée. Comment une patiente en convalescence peut-elle être expulsée sans ménagement au point de s’effondrer en pleine rue ? Pourquoi les autorités sanitaires n’ont-elles pas anticipé une solution de prise en charge pour éviter un tel scénario ?

L’émotion suscitée par cet incident risque d’appeler à des réponses. Reste à savoir si elles viendront.