vendredi, février 28, 2025
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L’an 1 à la Primature : «Bah Oury a déçu. Mais la Guinée, elle, n’oubliera jamais», Souleymane S. Konaté

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Le 27 février 2024, un an après sa nomination au poste de Premier ministre sous la transition dirigée par le Général Mamadi Doumbouya, Bah Oury, figure historique de l’opposition, continue de susciter de nombreux débats en Guinée. Alors que sa désignation avait donné naissance à un mince espoir d’un retour à la stabilité et au dialogue inclusif, les bilans et les réactions politiques semblent aujourd’hui partagés.

Lors de sa nomination, Bah Oury avait pris des engagements forts : restaurer l’ordre constitutionnel, relancer le dialogue politique et poser les bases d’élections crédibles. De nombreux observateurs, y compris des acteurs politiques comme l’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie (ANAD), nourrissaient des attentes concernant une gouvernance inclusive, capable de rassembler les forces vives de la nation. Cependant, après un an de gestion, certains estiment que les résultats concrets sont restés en deçà des attentes. « Si nous revenons un an en arrière, Bah Oury s’était engagé à apporter des changements réels. Aujourd’hui, nous constatons que le dialogue promis est devenu un simple monologue, un discours qui semble répondre uniquement aux attentes du pouvoir actuel », commente Souleymane Souza Konaté, Conseiller en communication de Cellou Dalein Diallo.

L’une des critiques majeures portées à Bah Oury est celle d’avoir adopté une posture moins conciliatrice et plus partisane. De nombreux analystes estiment que, plutôt que de jouer pleinement son rôle de médiateur, il se retrouve souvent aligné sur les décisions de la junte. « Bah Oury était perçu comme un homme capable de rassembler, mais aujourd’hui, il semble avoir pris des positions qui ne correspondent plus aux idéaux qu’il défendait », poursuit Konaté.

D’autres aspects de la gestion de Bah Oury, notamment dans les domaines de l’économie et des infrastructures, ont également attiré l’attention. La Guinée, selon plusieurs rapports, continue de faire face à des défis importants. Près de 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et les promesses concernant le développement de secteurs clés comme l’agriculture et l’électricité n’ont pas encore porté leurs fruits. « Des milliards ont été investis dans des projets qui, au final, ne semblent pas avoir eu l’impact escompté. La situation sur le terrain reste inchangée pour beaucoup de Guinéens », affirme Konaté. Le secteur de l’agriculture, par exemple, a vu des investissements colossaux 1 900 milliards GNF  mais les terres restent en friche, et les agriculteurs se retrouvent toujours dans des conditions précaires.

L’une des préoccupations majeures reste également la fuite de la jeunesse guinéenne. En 2024, selon M. Konaté, plus de 32 000 jeunes ont quitté le pays à la recherche de meilleures opportunités ailleurs. La Guinée est ainsi devenue la première nation africaine demandeuse d’asile en France, tandis que d’autres Guinéens se retrouvent menacés d’expulsion dans des pays comme les États-Unis. Cette situation est souvent perçue comme le symptôme d’une jeunesse désillusionnée face à un avenir qui semble incertain dans le pays. « La fuite des jeunes est un indicateur de la situation du pays. C’est une réalité qui ne peut être ignorée. Beaucoup de Guinéens cherchent ailleurs des opportunités qu’ils estiment inexistantes ici », souligne Konaté.

Alors que certains affirment que la transition sous Bah Oury reste marquée par un manque de réalisations visibles, d’autres défendent le rôle de l’ex-Premier ministre comme un acteur clé dans un contexte politique complexe. Le pouvoir, en particulier, continue de défendre des résultats macroéconomiques, bien que leur impact semble difficile à apprécier à court terme pour la majorité des citoyens. « Il est vrai que des actions ont été entreprises, mais la véritable question demeure : ces actions ont-elles changé la réalité de la majorité des Guinéens ? », s’interroge Konaté.

Pourtant, dans un environnement politique où les attentes étaient élevées, l’alignement de Bah Oury avec la junte, ses prises de position et son rôle dans le gouvernement de transition soulèvent des interrogations sur son héritage à long terme. Ce qui était censé être une gouvernance de réconciliation semble aujourd’hui être perçu par certains comme un soutien tacite au statu quo.

Un an après sa nomination, les opinions restent partagées sur l’impact de Bah Oury à la primature. Le Premier ministre, dont les promesses d’un retour à l’ordre constitutionnel et d’un dialogue inclusif avaient suscité de l’espoir, fait face à un bilan difficile à évaluer dans son ensemble. « Le temps nous dira si les actions menées sous sa direction auront véritablement apporté le changement escompté. Pour l’heure, il semble que l’attente ait été plus grande que les résultats concrets », conclut Konaté.

L’avenir politique de Bah Oury, tout comme celui de la Guinée, dépendra des prochaines étapes de cette transition qui continue de susciter de vives attentes parmi les citoyens et les acteurs politiques du pays.

Laguinee.info

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