Candidature de Doumbouya : «

Alors que les appels à la candidature du général Mamadi Doumbouya se multiplient, une voix s’élève avec fracas contre ce qui ressemble de plus en plus à une campagne aux frais du contribuable. Le RPG Arc-en-ciel, ancien parti au pouvoir, dénonce une utilisation massive des fonds publics à des fins politiques. Et derrière ces soutiens zélés du chef de l’État, le parti voit moins des patriotes convaincus que des opportunistes en quête d’enrichissement personnel.

L’ancien député Mohamed Lamine Kamissoko ne mâche pas ses mots :

« Est-ce qu’un directeur d’entreprise privée prend son argent pour venir vous rencontrer ? Est-ce qu’un commerçant multimilliardaire prend son argent pour venir vous voir ? Non ! Tous ceux qui viennent vous voir sont des agents de l’administration publique, qui prennent l’argent de la Guinée pour vous solliciter et vous demander ceci ou cela. S’ils vous donnent de l’argent, prenez-le et mangez. C’est l’argent du peuple. C’est tout le monde qui doit le manger. »

Une déclaration au vitriol, qui met en lumière un système où l’argent de l’État semble devenu le carburant d’une machine électorale en pleine accélération.

Un engagement trahi ?

Au-delà de l’argent, c’est aussi une question d’éthique et de crédibilité qui est posée. Mohamed Lamine Kamissoko rappelle les engagements fermes du général Doumbouya au lendemain du coup d’État :

« Il a dit devant tout le monde : ‘Je ne serai pas candidat, personne de mon entourage ne sera président ni candidat. Je jure, je jure, et en cas de parjure, que je subisse la rigueur de la loi. Je n’ai pas de parti politique, je ne suis pas candidat.’ Pourquoi voulez-vous le forcer ? »

Promesse de militaire ou serment politique ? La question mérite d’être posée alors que les appels à sa candidature se font de plus en plus insistants, relayés par des figures qui n’ont jamais caché leur proximité avec le pouvoir, ni leur appétit pour les privilèges.

Un scénario déjà vu ?

Pour Kamissoko, cette frénésie rappelle dangereusement les dérives du passé, notamment sous le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD). Une mise en garde à peine voilée à l’adresse du général Doumbouya :

« C’est comme ça que vous avez enfoncé Dadis dans des problèmes. Tous ceux qui gravitent autour de lui aujourd’hui étaient aussi autour de Conté, de Dadis et d’Alpha Condé. Ils lui font croire qu’ils sont avec lui, mais il n’a qu’à ouvrir les yeux. C’est faux ! S’il comprend, c’est bon. S’il ne comprend pas, le peuple appréciera. »

Autrement dit, les courtisans d’hier sont les fossoyeurs d’aujourd’hui. Et dans cette Guinée politique où les alliances se font et se défont au gré des vents du pouvoir, la prudence reste de mise.

Le RPG Arc-en-ciel en ordre de bataille

Face à ce qu’il considère comme une dérive autoritaire et un détournement des ressources publiques, le RPG Arc-en-ciel appelle ses militants à resserrer les rangs. Kamissoko exhorte ses partisans à rester vigilants et à se mobiliser :

« Militants, resserrez vos rangs. Dites à vos responsables d’animer le parti à la base. Ainsi, aucun intrus n’aura la possibilité de s’infiltrer parmi vous. »

L’heure est donc à la remobilisation pour l’ex-parti au pouvoir, qui tente de retrouver une voix et une place dans un paysage politique en pleine recomposition. Reste à savoir si ses mises en garde seront entendues et si, à l’heure du bilan, le général Mamadi Doumbouya choisira de tenir parole… ou d’embrasser le destin que certains semblent déjà lui écrire.

Laguinee.info