samedi, octobre 5, 2024
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Artisanat guinéen : le métier de potier, un secteur d’activité qui bât de l’aile à Conakry

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Une activité traditionnelle africaine relevant de l’artisanat, la  poterie est pratiquée en Guinée depuis des siècles. Malgré de multiples mutations liées notamment à la modernité, ce savoir-faire subsiste toujours et occupe encore une place de choix dans l’artisanat guinéen. Cependant, ce secteur d’activité bât de l’aile de nos jours et occupe de moins en moins la nouvelle génération. C’est en tout cas le constat que dresse un reporter de Laguinee.info qui est allé à la rencontre d’un artisan de ce métier multiséculaire.

Utilisé pour la conservation des aliments, de l’eau, pour la conservation des médicaments traditionnels, pour des besoins comme des pratiques rituelles ou encore pour d’autres sacrifices, le canari joue un rôle capital dans la vie des peuples africains et ceux de la Guinée en particulier. Jamais il n’y a de communauté en Guinée qui n’ait pas connu de canaris. Selon Issiaga Soumah, vendeur à Dixinn Gare, dans la Commune de Dixinn ici à Conakry, l’utilisation de ces produits artisanaux restent encore une priorité pour certains citoyens: « Malgré tout, je reçois certains clients qui achètent pour leurs besoins. Certains l’achètent pour mettre de l’eau de boisson, certains achètent pour mettre des médicaments à l’intérieur alors que d’autres l’achètent pour brûler les Thiourayes dans leurs maisons. En tout cas pour ceux qui pensent que les canaris ont disparu, non ils n’ont pas disparu. Ils sont toujours usités et convoités », déclare-t-il.

Ce diplômé en Miage à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry ensuite recyclé en Économie et Gestion de l’Ecole Nationale de Secrétariat Administratif Guinéen (ENSAG) a décidé de se lancer dans le commerce de canaris depuis maintenant plusieurs années. Il dit n’avoir jamais fabriqué, mais a eu la possibilité de fréquenter les lieux de fabrication. D’après son constat, ces canaris sont fabriqués à base d’argile. Ils sont fabriqués à Mamou (Porédaka), à Dabola et à Kankan. Il explique comment il a progressé dans son business: « au début je ne voyageais pas pour aller acheter. J’achetais avec ceux qui partaient à l’intérieur du pays. Du coup moi aussi j’ai décidé d’aller faire ma commande chez les fabricants et revenir revendre ici à Conakry. J’ai trouvé que c’est ce qui m’arrange. Depuis lors jusqu’à maintenant je voyage à chaque fois que ma marchandise est finie », confie le commerçant.

Aux yeux de certains, les canaris sont entourés de beaucoup de mythes relatifs à certaines utilisations qui en sont faites. D’aucuns associent à l’instrument, des pratiques de sorcellerie. Mais pour notre interlocuteur, il s’agit d’une fausse imagination. Pour lui, les vertus du canari sont nombreuses: « Il purifie non seulement l’eau de boisson et la rend fraîche. Une fois que tu mets de l’eau dans un canari elle devient pure, agréable à boire. Et voici une autre importance capitale du canari, quand tu mets l’eau dans un canari si quelqu’un met du poison dans l’eau, seul le canari  peut changer la couleur de cette eau en la rendant toute noire. Si tu veux, tu peux essayer un jour. Tu mets le poison dans l’eau qui se trouve dans un canari et tu remets cette même eau dans un simple récipient. L’eau  de canari deviendra tout noire et l’eau du récipient ne changera pas de couleur. Donc il t’avertit si quelque chose à été mélangé avec l’eau. C’est ça la valeur africaine aussi tu vois dans un canari l’eau une fois empoisonnée devient noire. Mais si c’est dans un récipient simple ou bien dans un frigo même si on empoisonne l’eau, elle ne va pas changer. Une autre raison qui fait que certaines personnes ne boivent que l’eau de canari, tant que tu bois de l’eau de canari tu ne sera jamais obèse comme l’eau sortie d’un frigo qui ballonne le ventre. Ensuite l’eau de canari traite beaucoup des maladies. Sans parler de  l’utilité pour des pratiques rituelles. Donc le canari a une importance capitale dans la vie des citoyens. Il y a même certains à Conakry ici, ils ne boivent jamais de l’eau si ce n’est l’eau de canari », raconte-t-il.

Mais en dépit de l’importance pourtant avérée du canari, il faut tout-de-même indiquer que les artisans rencontrent de nombreuses difficultés. Parmi les difficultés, on peut relever celles relatives à l’éloignement du site de protection et surtout les problèmes liés au transport: « À cause de la dégradation poussée des routes, la moitié des canaris se cassent en cours de route avant qu’ils n’arrivent. Les camions durent sur la route. Ils peuvent le faire une semaine avant d’être à Conakry. Avant s’ils quittaient Mamou à 18 heures, ils pouvaient arriver à 4 heures ou à 5 heures du matin. Maintenant de Mamou à Conakry ils peuvent faire jusqu’à 4 jours à cause du mauvais état des routes. C’est pourquoi vous voyez actuellement qu’il  n’y a pas assez de canaris ici. Le transport aussi a augmenté. Et actuellement nous sommes dans une crise sanitaire, tout le monde est dans une  crise économique, si nos clients viennent actuellement, ils nous demandent de faire un rabais pour eux alors que si nous diminuons nous perdons et je suis obligé de les vendre pour garder la clientèle.

Nous perdons non seulement certains canaris sur la route en plus le prix des transports a augmenté. Je suis là malgré tout. Seul va m’aider dans cette activité. Je ne gagne presque rien maintenant. Il y a plus de pertes que de bénéfices », regrette le vendeur.

Il termine par encourager les Guinéens à valoriser, à consommer nos produits locaux car ces produits que certains minimisent maintenant à cause de la mondialisation ont une importance capitale pour les citoyens.

Ibrahima Foulamory Bah pour Laguinee.info

Tel : (+224) 628 80 15 62

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