Le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire, Mory Condé, a apporté des précisions sur la décision du gouvernement de déclasser le site de Maférenyah, initialement destiné à la construction d’un aéroport international. Dans un entretien exclusif accordé à Africaguinee.com, il est revenu sur les motivations de cette décision et les autres projets d’aménagement en cours, notamment la construction de la résidence présidentielle à Tougué.

Pourquoi Maférenyah a été déclassé ?

Le domaine de 6 429 hectares de Maférenyah, attribué il y a plusieurs années à un projet d’aéroport international, a progressivement été occupé par des habitations. « Dans le cadre de l’urbanisation, on s’est rendu compte que cette zone est devenue quasiment habitée. Et auparavant, il n’y avait pas eu de dispositions spécifiques pour éviter cette urbanisation sauvage », explique Mory Condé.

Face à cette situation, le gouvernement a dû trancher : soit maintenir l’affectation initiale du site, soit l’adapter aux besoins actuels en redéfinissant son usage. La seconde option a été retenue. « Nous avons décidé de déclassifier cette zone et d’en faire désormais un usage mixte : habitations, industries et autres infrastructures en conformité avec le règlement général de l’urbanisation », précise le ministre.

L’État envisage désormais d’implanter le futur aéroport ailleurs, notamment sur des terrains disponibles entre Coyah, Dubréka et Kindia. « Nous avons des fonciers plus vastes dans ces localités pour relocaliser ce projet », assure-t-il.

Éviter un « Kaporo-bis »

Le déclassement de Maférenyah vise aussi à prévenir une nouvelle crise foncière similaire à celle de Kaporo-Rails, où des habitations illégalement construites sur des terrains domaniaux ont été détruites par l’État. « L’idée est d’éviter un « Kaporo-bis » car des citoyens, avec la complicité de certains commis de l’État, ont déjà acquis des terrains dans cette zone », souligne Mory Condé.

Pour régulariser la situation, le gouvernement mettra en place un mécanisme de légalisation des propriétés existantes. « Les citoyens qui sont illégalement installés recevront des documents fonciers sécurisés, mais devront s’acquitter des frais correspondants auprès du Trésor public », précise le ministre.

Cette démarche vise également à désengorger Conakry en favorisant le développement de villes secondaires autour de la capitale. « Cela permettra aux citoyens d’accéder à des parcelles à des prix abordables et avec une garantie foncière sécurisée », ajoute-t-il.

Des chantiers structurants pour l’administration

Le gouvernement a lancé un ambitieux programme de construction de cités administratives dans dix préfectures du pays, avec la promesse de ne pas se limiter aux traditionnelles « poses de premières pierres ».

« Vous ne me verrez jamais dans des cérémonies de lancement sans financement réel », affirme Mory Condé. Pour cette première phase, les ressources mobilisées couvrent la construction des cités administratives dans dix localités : N’Zérékoré, Faranah, Guéckédou, Siguiri, Kankan, Labé, Coyah, Dubréka, Forécariah et Boké.

L’objectif est de garantir des infrastructures modernes et fonctionnelles aux gouverneurs et préfets afin d’améliorer l’administration publique locale. « Ces chantiers seront achevés dans les 12 mois », assure le ministre.

Une résidence présidentielle à Tougué

Enfin, Mory Condé est revenu sur la construction d’une résidence présidentielle à Tougué, un projet né d’une initiative locale. « Les citoyens de Tougué ont pris l’initiative d’aménager des terrains et ont offert une parcelle au chef de l’État », explique-t-il.

Touché par ce geste, le président Mamadi Doumbouya a décidé d’y faire construire une résidence officielle, symbolisant ainsi son attachement à la région.

Avec ces projets, le gouvernement entend structurer l’urbanisation du pays, tout en corrigeant certaines injustices foncières du passé. Le défi reste néanmoins de concrétiser ces ambitions sur le terrain.

Laguinee.info