La transition guinéenne prend des allures de précampagne électorale, et Dr Faya Millimouno n’entend pas rester silencieux. Le président du Bloc Libéral (BL) a dénoncé ce lundi une vaste opération de communication menée par le gouvernement en faveur de Mamadi Doumbouya, pointant du doigt des ministres transformés en VRP politiques au lieu de gérer les affaires de l’État.
Des ministres en tournée, l’administration en roue libre
Tout est parti d’une déclaration du ministre des Transports, Ousmane Gaoual Diallo, annonçant que le président de la transition serait le candidat du gouvernement à la prochaine présidentielle. Un aveu qui fait bondir Millimouno : « Ces responsables sont payés par le contribuable pour gérer les affaires de l’État, pas pour faire campagne», a-t-il déclaré chez nos confrères de Mosaiqueguinee.com.
Pendant que les ministres sillonnent le pays, l’administration tourne au ralenti, et toujours aucun calendrier électoral en vue.
La transition, censée durer deux ans après le coup d’État de 2021, s’enlise. Aucune Constitution adoptée, aucune date d’élection fixée, mais un pouvoir qui semble s’installer dans la durée.
Une justice aux abonnés absents?
Autre pierre dans le jardin du régime : l’inaction de la justice face à ce que Millimouno qualifie de « campagne anticipée ». Pour lui, l’impunité règne en maître. « Si la justice fonctionnait, les procureurs s’auto-saisiraient. Mais personne ne prendra de mesures contre les commis de l’État », lâche-t-il, amer.
Le leader du Bloc Libéral appelle Mamadi Doumbouya à stopper cette « récréation coûteuse » pour le pays. Mais le capitaine-président, jusque-là, garde le silence.
Un climat politique de plus en plus verrouillé
Pendant que la propagande pro-Doumbouya bat son plein, l’opposition s’éteint sous la pression. Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et d’autres figures politiques sont en exil, tandis que l’espace politique se referme. Dr Millimouno, lui, refuse de baisser la garde et en profite pour lancer une pique à Ousmane Gaoual Diallo, ex-opposant devenu ministre : « Ousmane Gaoual est un jeune frère avec qui j’ai mené des combats. Je pensais qu’il défendait des valeurs, mais il est en train de s’égarer. »
Face à cette montée en puissance du régime, une question reste en suspens : la transition est-elle encore une transition ou un passage en douceur vers un pouvoir consolidé ?
Laguinee.info