La question de l’indépendance de la justice est un sujet récurrent en Guinée, où les magistrats sont souvent accusés d’être sous l’influence du pouvoir politique. Lors d’une conférence organisée par le collectif des avocats d’Aliou Bah, Me Almamy Samory, l’un des avocats de la défense, a pris la parole pour dénoncer cette réalité et appeler les juges à faire preuve de fermeté face aux tentatives d’instrumentalisation de la justice.

Une instrumentalisation omniprésente?

Selon Me Almamy Samory, la volonté de manipuler le système judiciaire n’est pas propre à la Guinée. Il souligne qu’aucun pays n’échappe à cette réalité. « On ne peut pas interdire à une autorité de vouloir instrumentaliser la justice. Parce qu’il y a toujours cette tentative d’instrumentalisation dans tous les pays du monde », a-t-il expliqué.

Cependant, il insiste sur le fait que ce ne sont pas les tentatives d’influence qui posent problème en soi, mais plutôt la réaction des magistrats face à ces pressions. Autrement dit, ce qui met en péril l’indépendance de la justice, ce n’est pas l’existence d’une volonté politique de la contrôler, mais bien l’incapacité des juges à y résister.

Le rôle crucial des magistrats

Pour Me Samory, la responsabilité première incombe donc aux magistrats eux-mêmes. « Mais, il appartient à qui de résister à ces tentatives d’instrumentalisation ? C’est la justice », a-t-il affirmé. Par cette déclaration, il rappelle que les juges ne doivent pas céder aux influences extérieures et qu’ils ont le devoir de protéger l’intégrité du système judiciaire.

Il a également insisté sur la nécessité pour les magistrats de faire preuve d’une indépendance totale, quitte à se mettre en porte-à-faux avec certaines autorités. « Les seules personnes qui doivent être ingrates, ce sont des magistrats », a-t-il déclaré. Cette « ingratitude » dont il parle fait référence à la capacité des juges à ne pas se laisser influencer par ceux qui les ont nommés ou par des pressions politiques et économiques.

Un appel au sursaut judiciaire

Dans un contexte où plusieurs affaires judiciaires en Guinée suscitent des controverses, les propos de Me Almamy Samory résonnent comme un avertissement. Les avocats du collectif défendant Aliou Bah dénoncent ce qu’ils perçoivent comme des atteintes à l’indépendance de la justice et appellent les magistrats à ne pas devenir des instruments du pouvoir.

Cet appel met en lumière une problématique majeure : l’État de droit ne peut être garanti que si les juges exercent leur mission avec impartialité et courage. À travers ses déclarations, Me Samory pose donc une question fondamentale : les magistrats guinéens auront-ils la force de résister aux pressions ou accepteront-ils de voir la justice devenir un simple outil au service des intérêts politiques ?

L’avenir de la justice guinéenne repose en grande partie sur la réponse à cette question.

IAC, pour Laguinee.info