jeudi, février 27, 2025
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Guinée : L’État mis en cause dans la tragédie du stade de Nzérékoré

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Le 1er décembre 2024, une bousculade meurtrière survenue lors de la finale d’un tournoi de football à Nzérékoré, dans le sud-est de la Guinée, a causé des dizaines de morts, avec un bilan officiel de 56 victimes. Cependant, le collectif des organisations de défense des droits de l’homme de la région, dans un rapport publié le 14 février 2025, chiffre le nombre de victimes à au moins 140 et met en cause directement l’État dans cette tragédie.

Le rapport de 44 pages pointe la responsabilité de l’État à tous les niveaux, de l’organisation à la gestion de l’événement. Selon les défenseurs des droits humains, l’État a largement contribué à l’ampleur du drame en permettant un afflux massif de spectateurs bien au-delà de la capacité du stade. Des véhicules ont été mis à disposition gratuitement pour transporter des jeunes, souvent mineurs, provenant de Nzérékoré et des villages environnants. Les rumeurs faisant état de la présence attendue de figures publiques telles que l’artiste Grand P et le président Mamadi Doumbouya ont enflé la foule, entraînant plus de 10 000 personnes dans un espace trop exigu pour les accueillir. Pourtant, aucune mesure de sécurité n’a été mise en place pour gérer cette affluence.

Me Christophe Labilé Koné, président d’Avocats sans Frontières Guinée, dénonce l’absence de précautions de la part des autorités locales : « On a fait venir des gens pour remplir le stade et donner une image de soutien massif au président, mais aucune mesure de sécurité n’a été prise. L’État porte une part de responsabilité dans ce drame. »

Le collectif des ONG déplore aussi l’opacité des enquêtes lancées par le gouvernement. Malgré la création d’une commission d’enquête, aucune information n’a été divulguée au public, et les autorités, de la présidence à la police, se renvoient la responsabilité du drame. Le rapport fait état d’un climat d’impunité, dans lequel gouverneur, préfet, gendarmerie, et procureur se rejettent la faute sans fournir de réponses concrètes.

De plus, des autorités morales et religieuses auraient incité les familles des victimes à ne pas se manifester, recommandant plutôt de « se remettre à Dieu », afin de minimiser l’ampleur de la tragédie et d’éviter une remise en cause des autorités.

Ce silence et ce manque de transparence alimentent les soupçons sur la volonté du gouvernement de dissimuler la vérité et de protéger les responsables politiques de cet échec. La tragédie de Nzérékoré met ainsi en lumière des défaillances graves dans la gestion de grandes manifestations publiques et dans la responsabilité de l’État vis-à-vis de ses citoyens. Les familles des victimes, tout comme l’opinion publique, attendent toujours des réponses claires et des actions concrètes.

 

Laguinee.info

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