La décision du président américain Donald Trump de bloquer plus de 300 millions de dollars d’aide destinée au Sénégal par l’intermédiaire de l’USAID fait grincer des dents à Dakar. Au-delà du choc économique, cette annonce ravive un vieux débat sur les véritables intentions des aides internationales.

Marius Sagna, député sénégalais, n’a pas tardé à réagir avec des propos incisifs. Pour lui, l’USAID, loin d’être une simple organisation humanitaire, joue un rôle clé dans la stratégie de domination américaine :

« L’USAID a été créée en 1961 pour renforcer les intérêts politiques, économiques et commerciaux des États-Unis. La sagesse populaire sénégalaise dit que celui qui te prête des yeux dirige ton regard où il veut. »

M.Sagna rappelle l’objectif initial de l’agence : détourner les pays bénéficiaires des idéologies communistes dans le contexte de la Guerre froide. Après la chute de l’URSS, selon lui, l’USAID aurait simplement réorienté sa mission pour servir les intérêts impérialistes américains.

Une aide empoisonnée ?

Le député ne s’arrête pas là. Il cite Robert McNamara, ancien président de la Banque mondiale et ex-Secrétaire américain à la Défense :

« Ce sont les nouveaux leaders. […] Devenir les amis de ces hommes-là n’a pas de prix. »

Pour lui, cette phrase illustre à merveille la stratégie américaine : utiliser l’aide pour s’immiscer dans les cercles de pouvoir des pays bénéficiaires, créant ainsi une dépendance durable. Il va jusqu’à qualifier l’aide de « Dead Aid », un poison qui rendrait les États incapables de se développer de manière autonome.

Un appel à la rupture

Le député sénégalais appelle à un sursaut national :

« Un pays qui veut ‘décoloniser l’esprit’ de son peuple doit sinon interdire du moins contrôler strictement l’USAID et toutes les ONG, fondations, centres culturels… étrangers ou ayant des liens avec eux. »

Pour Marius Sagna, un autre monde est non seulement possible, mais nécessaire : un monde débarrassé de tout impérialisme.

Un défi pour le Sénégal

Cette déclaration soulève une question cruciale pour le Sénégal : comment garantir sa souveraineté tout en répondant aux besoins économiques et sociaux de sa population ? La suspension des 300 millions de dollars d’aide de l’USAID pourrait fragiliser certains secteurs stratégiques, mais elle offre aussi une opportunité unique de repenser les relations internationales du pays.

Un bras de fer s’annonce. Reste à voir si Dakar saura relever le défi de l’autonomie face à Washington.

Laguinee.info