Ce lundi, l’ambiance habituellement bruyante autour de la cimenterie SGCG SYLI CIMENT-SA a laissé place à un autre type de fracas. Plus de 150 ouvriers ont quitté leurs postes pour descendre dans la rue, dénonçant des conditions de travail qu’ils qualifient d’inacceptables et exigeant des droits fondamentaux bafoués depuis trop longtemps.
Des travailleurs sans contrat ni répit
Imaginez travailler 7 jours sur 7, sans contrat, pour un salaire dérisoire de 50 000 francs guinéens par jour, tout en n’ayant ni pause digne de ce nom, ni accès à des toilettes. C’est la réalité des ouvriers de cette entreprise, dont certains cumulent plus de 18 mois d’ancienneté sans jamais avoir signé de contrat. « C’est un mépris total du droit du travail », s’indigne Sylla Ousmane Amin, secrétaire général du syndicat.
Les revendications des ouvriers ne relèvent pas du luxe, mais du strict minimum : formalisation des contrats, augmentation des salaires, respect des jours de repos et congés, et mise en place d’infrastructures sanitaires. Autant de demandes restées lettre morte malgré plusieurs préavis de grève.
Un protocole d’accord, mais des promesses en l’air
En novembre dernier, un protocole d’accord avait pourtant été signé sous l’égide de l’Inspection générale du travail. Mais à ce jour, seule la mise en place de délégués syndicaux a été respectée. « Ces délégués n’ont même pas de bureau, encore moins les moyens de travailler », déplore M. Sylla, dénonçant une stratégie de dilatoire de la direction.
Des conditions de travail indignes
Outre l’absence de contrats, les ouvriers fustigent des conditions de travail précaires. Les femmes, même enceintes, ne sont pas épargnées, exposées aux mêmes risques que leurs collègues masculins. « Nous n’avons pas de toilettes, nos pauses sont de 30 minutes à peine. C’est une honte qu’une entreprise étrangère traite ainsi les Guinéens », lance un ouvrier, furieux.
Le spectre du licenciement
Face à la grève, la direction aurait menacé de licencier les manifestants, arguant de l’absence de contrat formel. Une menace que le syndicat balaie en rappelant que, selon le droit guinéen, un contrat verbal équivaut à un contrat à durée indéterminée. « Si la direction pense pouvoir nous renvoyer comme des malpropres, elle devra d’abord respecter la loi », affirme avec détermination Sylla Ousmane Amin.
Un dialogue indispensable pour éviter l’implosion
Pour l’heure, la direction de SGCG SYLI CIMENT-SA n’a pas réagi officiellement. Mais les ouvriers, eux, ne comptent pas céder. Ils réclament non seulement une amélioration immédiate de leurs conditions de travail, mais aussi un respect élémentaire de leur dignité.
Cette manifestation met en lumière un problème plus large : la précarité et le mépris dont sont victimes de nombreux travailleurs en Guinée. Reste à savoir si cette fois, leurs cris de détresse trouveront une oreille attentive.
IAC, pour Laguinee.info